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Suspension pour un temps indéfini des mouvements sociaux ?

Etat d’exception permanent. Une trêve sociale à sens unique ?

Après les attentats meurtriers à Paris, dans la nuit de vendredi à samedi, et l’état d’urgence instauré quasi immédiatement, le gouvernement cherche à instrumentaliser l’émotion absolument compréhensible des travailleurs et des classes populaires au service d’une offensive sécuritaire, liberticide, et guerrière, une sorte de « Patriot Act » à la française. Il s’agirait ainsi au nom de « l’union nationale » contre le « terrorisme », du recueillement et du deuil, d’instaurer une « trêve sociale » indéfinie où grèves et mobilisations contre les politiques de casses de nos acquis sociaux seraient mal venues et de fait interdites. Une « trêve sociale » à sens unique ? {{}} Damien Bernard

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L’état d’exception, une façon de museler toute contestation sociale

Après ce qui s’est passé autour d’Air France, symbole d’une colère ouvrière longuement retenue qui commençait à refaire surface, le moment est bienvenu pour le gouvernement d’ordonner, par l’instauration de l’état d’urgence et l’instrumentalisation de la nécessité du « deuil », l’interdiction de tout rassemblement ou manifestation.

Cela d’autant plus que d’autres mouvements menaçaient de rebondir, comme celui des hospitaliers parisiens de l’AP-HP, des enseignants du 93, ou alors de démarrer dans le cas des contrôleurs aériens et des agents des Finances Publiques. De fait, la mise en application de l’état d’urgence par décret suite aux attentats implique l’interdiction des manifestations prévues. Avec l’annonce que le Parlement serait saisi dès mercredi d’un projet de loi « prolongeant l’état d’urgence pour trois mois », cette « trêve sociale », le gouvernement, la souhaite « permanente ».

Avec cet état d’exception « normalisé », le gouvernement se donne ainsi les pleins pouvoirs pour interdire toute mobilisation, rassemblement, attroupement, manifestation publique ou activité culturelle, qui irait à l’encontre de son ordre et de celui du patronat, celui impose l’austérité des services publics, notamment dans les hôpitaux et l’enseignement, mais aussi les licenciements et la répression patronale et judiciaire contre les salariés d’Air France.

A sens unique ?

Alors que le gouvernement souhaite ordonner sa « trêve sociale » au nom de « l’union nationale » contre le « terrorisme » et de sa politique guerrière, ni les licenciements à Air France, ni le Plan Hirsch, ni les réformes dans l’éducation nationale et aux finances, et encore moins les attaques qui se préparent contre les 35 heures, les fonctionnaires et la généralisation de la précarité, ne sont annulés ou même suspendus. Pas de raison, donc, que la nécessité de riposte, elle, soit mise en veille.

Dans cette « guerre sociale » que nous mènent le patronat et le gouvernement, il n’y pas de répit. Pourquoi alors, reporter nos grèves contre les licenciements et la dictature patronale, nos mouvements de solidarité avec les migrants alors que gouvernement, droite et extrême droite se jettent comme des charognards sur la possibilité d’amalgamer migrants et terroristes ?

Dans ce contexte, nous devons lutter pour que les mobilisations prévues avant que ne surviennent les attentats se tiennent. C’est également la condition pour que se construisent les batailles à mener contre l’état d’urgence « permanent » et les mesures liberticides que souhaite instaurer le gouvernement. En prenant appui sur l’exemple donné par le maintien de la manifestation contre les violences faites aux femmes, le samedi 21 novembre, il nous faudra batailler contre toute pause dans la lutte des classes et l’expression des mouvements sociaux. C’est aussi bien le cas pour les salarié-e-s d’Air France, celles et ceux de l’AP-HP, que pour la mobilisation en soutien aux migrant-e-s appelée le 22 novembre ainsi que pour la grande manifestation contre la COP 21 prévue le 29 novembre.


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