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Le jour de la visite du secrétaire général de l'OTAN, comme par hasard...

État espagnol. Un militaire haut gradé candidat pour Podemos

Pablo Iglesias a annoncé mercredi dernier que l’ex-chef de l’État-Major de Défense (JEMD) sous le gouvernement de José Luis Zapatero, José Julio Rodriguez, sera candidat de Podemos à Saragosse. Cette annonce intervient le même jour que la visite du secrétaire général de l’OTAN à Saragosse, alors que l’on réalisait des exercices militaires. José Julio Rodriguez est actuellement général de division de l’Armée de l’Air. Diego Lotito et Sara Povo

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Cette « bombe » a été lancée par Iglesias le jour de la visite du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, mais aussi le jour où il y avait une manifestation organisée contre sa venue et contre les exercices militaires qui ont lieu dans le cadre de l’opération Trident Juncture 2015.

Le « futur ministre de la défense » de Podemos


Toute la presse du pays a repris la nouvelle annoncée en fanfare par Pablo Iglesias. Le général Rodriguez, non seulement occupera la deuxième place sur la liste des députés pour Saragosse, mais il serait aussi ministre de la défense dans le cas où Podemos gagnerait les élections générales de décembre. Mais qui est la nouvelle recrue du parti d’Iglesias ?

Entre juillet 2008 et décembre 2011, José Julio Rodriguez, en tant que chef de l’Etat-major, était la quatrième personne la plus importante dans la pyramide du commandement militaire de l’Etat Espagnol, après le Roi, le président du gouvernement et le ministre de la défense.

Rodriguez est un pilote de guerre qui a eu pour tâche de renforcer les « missions de paix » de l’armée espagnole. Pendant son mandat, cela s’est traduit, entre autre, par la direction des frappes aériennes, par l’envoi de troupes et par l’occupation de la Lybie.

Proche des idées de la disparue Union Militaire Démocratique (UMD), le général « podemiste » est un fidèle défenseur du Régime de 1978, ce qui n’est pas étonnant de la part d’un bon militaire espagnol. D’ailleurs, il a été distingué par le Forum Milice et Démocratie pour son engagement à défendre « la constitution et la démocratie ».

Un homme de l’OTAN et de l’impérialisme espagnol


Il y a quelques jours, Sergio Pascual, secrétaire de l’organisation, dans une interview où il poussait encore une fois vers la droite le curseur programmatique de Podemos, a affirmé qu’en cas de victoire, son parti respecterait « jusqu’à la dernière virgule » les accords de l’Etat Espagnol avec l’OTAN.

Mais, apparemment, pour Podemos cela ne suffisait pas pour plaire aux secteurs les plus conservateurs et à l’impérialisme. Il fallait qu’un « homme des armes » soit le garant de son compromis avec l’Alliance Atlantique et l’ordre établi. Pour cela, quoi de mieux qu’un général ?

Interrogé par la presse sur le rôle de l’Espagne au sein de l’OTAN, Rodriguez a déclaré qu’en cas de victoire de Podemos, tous les accords seraient respectés. Et pour qu’il n’y ait pas de doutes, il a ajoutéque le programme de Podemos parie sur le « renforcement de la défense » au niveau européen car il croit que le futur c’est la mise en route d’un projet de « défense intégrale » commun pour toute l’Europe. Un projet au sein duquel il est nécessaire de défendre « la position stratégique » de l’Espagne en Europe.

Rodriguez a toujours été un fidèle défenseur de l’OTAN, créée en 1949 et dirigée depuis par l’impérialisme nord-américain et dont l’Etat Espagnol est membre depuis 1982, par décision du gouvernement socialiste de Felipe Gonzalez. Lors d’un séminaire à l’occasion du soixantième anniversaire de l’Alliance Atlantique, en juillet 2009, Rodriguez affirmait « qu’aujourd’hui il s’agit d’une alliance irremplaçable » pour la sécurité et la défense occidentale.

« Aucune autre organisation avec des compétences en matière de sécurité et de défense n’a été capable de développer des capacités comparables dans la direction d’opérations militaires multinationales » affirmait alors le chef de l’Etat-Major de la Défense. Parallèlement, il pointait la nécessité de « transformer les forces armées » des Etats membres pour qu’elles deviennent les « instruments dynamiques, flexibles et au déploiement rapide, dont l’Alliance a besoin actuellement ». Autrement dit : que les armées des membres de l’OTAN, dirigées par les principaux Etats impérialistes occidentaux, deviennent des forces dynamiques d’intervention et d’occupation d’autres territoires.

Interrogé dans le même séminaire sur la situation de l’Espagne au sein de l’Alliance Atlantique, Rodriguez a répondu qu’elle « se trouve très à l’aise dans l’OTAN » et a rappelé que l’entrée du pays dans cette organisation a été « fondamentale » du point de vue des forces armées.

« Cela suppose une valeur ajoutée pour sa contribution à la défense de notre territoire, mais aussi parce que cela nous a permis d’acquérir de la culture, de la doctrine et des procédures dans notre formation » a indiqué Rodriguez. Il a également revendiqué les « opérations à l’étranger » de l’armée espagnole qui ont permis que « le prestige de l’Espagne ait été renforcé en tant que nation ».

Le contenu de la politique défendue par Pablo Iglesias pour impulser la « modernisation de la démocratisation » de l’armée, s’il arrive au pouvoir, commence à être plus clair : renforcer et perfectionner la machine de guerre des forces armées impérialistes espagnoles pour qu’elles soient une meilleure force d’occupation et d’oppression sur d’autres peuples. Le tout pour renforcer « le prestige de l’Espagne en tant que nation ».

Podemos, de l’autre côté de la barricade


La date choisie par Pablo Iglesias pour présenter le nouveau candidat n’a pas été choisie au hasard, comme en général toutes les opérations médiatiques auxquelles Podemos nous a habitués. Il l’a fait le même jour que la visite du secrétaire général de l’OTAN à Saragosse (où sera candidat Rodriguez) et deux jours après la ratification de son compromis avec les traités signés par l’Etat Espagnol, avec les Etats-Unis et l’OTAN, y compris concernant les bases militaires.

Stoltenberg a visité la capitale aragonaise pour superviser l’exercice militaire Trident Juncture 2015, la plus grande démonstration de force de la dernière décennie de cette organisation politico-militaire composée de 28 pays, dont le principal scénario opérationnel est le camp de manœuvres de San Gregorio (Saragosse).

La Plateforme Anti-OTAN de Saragosse, composée par des organisations d’extrême gauche, (syndicales, politiques, de quartiers, d’étudiants, de mouvements sociaux, etc.) s’est mobilisée contre la présence du chef de l’OTAN. Son slogan était : « Stoltenberg go home ! ».

Trident Juncture 2015 est le plus grand exercice militaire de toute l’histoire de l’alliance impérialiste et le plus grand exercice de l’OTAN depuis la fin de la guerre froide. Le principal objectif de l’exercice est de perfectionner la capacité des troupes pour se déployer rapidement sur des territoires qui menacent les intérêts de l’Alliance. C’est-à-dire, un dispositif militaire capable d’occuper d’autres pays, face à une menace contre les intérêts coloniaux, géostratégiques, commerciaux ou énergétiques des pays de l’alliance impérialiste.

C’est dans ce cadre que Pablo Iglesias a choisi la date pour faire savoir qu’un homme de l’OTAN allait être candidat à la députation pour Saragosse.

Ce n’est pas une nouveauté de dire que Podemos a modéré son programme et son discours, progressivement, depuis sa fulgurante apparition dans les élections européennes de 2014. Mais « modéré » est un adjectif trop faible pour exprimer la métamorphose politique de ce parti.

Ses dernières déclarations politiques, sa position sur la question nationale catalane et maintenant l’incroyable présentation d’un militaire de carrière et défenseur de l’impérialisme espagnol et européen, en tant que candidat, rendent compte d’une cristallisation accélérée de Podemos en tant que variante « de régénération » bourgeoise du régime et de l’état impérialiste espagnol.

La lutte ne se réduit pas à la « caste » - soit dit en passant, même cela a disparu de son discours - et contre les représentants politiques corrompus du capital, mais contre le capitalisme impérialiste espagnol lui-même, ses multinationales, ses forces armées et ses alliances colonialistes, comme l’OTAN. Contre les troupes espagnoles à l’étranger, celles qui occupent les enclaves coloniales de Ceúta et Melilla, celles qui soutiennent des régimes réactionnaires comme celui du Maroc, celles qui exploitent et saignent les peuples d’Amérique latine et d’Afrique. La seule option de « changement » est celle qui s’engage à défendre les intérêts des travailleurs et des peuples opprimés du monde.


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