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Black Lives Matter

États-Unis : nouvelle nuit de colère suite au meurtre de George Floyd par la police

George Floyd, un homme noir de 46 ans, est mort étouffé, tué par un policier qui lui a écrasé le cou avec son genou. Depuis la publication d’une vidéo des faits, des manifestations ont lieu pour dénoncer les violences policières incessantes et le racisme d’État.

Inès Rossi

28 mai 2020

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Lundi soir, George Floyd, un homme noir de 46 ans, est arrêté par deux policiers à Minneapolis ; il est soupçonné d’avoir utilisé un faux billet de 20 dollars pour régler ses achats. Il est menotté, puis plaqué au sol par un policier, tandis qu’un autre empêche les passants, qui commencent à s’indigner, de s’approcher. La scène glaçante qui s’en suit est entièrement filmée par une passante : pendant de longues minutes, le policier écrase avec son genou le cou de George Floyd, qui se plaint d’avoir mal et de ne plus pouvoir respirer. Peu à peu, ses protestations se font plus faibles, et il semble perdre connaissance. Il sera transporté à l’hôpital, et décèdera peu de temps après. Pas de doutes, George Floyd est bien mort étouffé par ce policier.

Crimes racistes et violences policières : le lot quotidien de la population noire aux États-Unis

Ce crime survient quelques semaines après l’affaire du lynchage de Ahmaud Arberry, tué de sang froid par deux hommes blancs parce qu’il était noir et qu’il faisait son jogging dans leur quartier. Dans une Amérique tristement habituée aux crimes racistes et aux violences policières, la phrase “I can’t breathe” prononcée par Floyd évoque tout particulièrement la mort d’Eric Garner, un homme noir asthmatique mort en 2014 à New York, étranglé par un policier qui le soupçonnait de vendre des cigarettes à la sauvette. Ses dernières paroles, “I can’t breathe”, “je n’arrive plus à respirer”, avaient également été capturées dans une vidéo devenue virale, et étaient devenues un slogan de ralliement contre les violences policières qui étouffent littéralement la population noire aux États-Unis.

Comme l’écrit notre journal frère, Left Voice, “Les agissements de la police dans cette affaire sont en accord avec leur mission principale : préserver la propriété privée - ici, celle des épiceries - et être le relai institutionnel historique du racisme anti-noir. La police de Minneapolis a déjà commencé sa tentative de diabolisation de Floyd, en déclarant que l’homme non armé "résistait à l’arrestation" et "était peut-être sous l’emprise de drogues". Tout en étouffant Floyd, l’un des officiers a déclaré aux témoins de la scène : "Vous voyez pourquoi il ne faut pas prendre de drogues, les enfants ?". Ce à un quoi un témoin répond : "Il est pas question de drogues, là. C’est un être humain."

Dès mardi soir, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Minneapolis, pour crier leur colère, y compris jusque devant la maison du policier ayant tué George Floyd, qui était gardée par des policiers anti-émeutes. Les manifestations ont d’ailleurs été largement réprimées, à coups de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc. Curieux, quand on sait que des milices d’extrême-droite ont pu manifester armes aux poings contre le confinement, jusque devant le parlement du Michigan, avec une grande tolérance de la police qui n’a gazé personne…

Deuxième nuit de colère : la pression monte

L’annonce du licenciement des policiers impliqués ne suffit pas, pour les manifestants et la famille de la victime, qui réclament leur arrestation. Nul doute qu’un civil ayant été filmé en train de tuer un homme et identifié aurait déjà été derrière les barreaux. Après une première journée de manifestation fortement réprimée, les affrontements ont continué dans la nuit, et ont repris le lendemain et la nuit suivante.

Les manifestants ont tenté d’occuper le commissariat, mais ont été repoussés par la police. Des voitures de police ont été prises pour cibles, et un magasin à proximité du commissariat a été incendié. Des militants d’extrême-droite armés ont patrouillé, soit-disant pour protéger les commerces, mais surtout pour intimider et menacer les manifestants. Au milieu de ces scènes d’émeute urbaine, un supermarché a également été pillé. Bien évidemment, le pillage de ce supermarché a servi de prétexte à de nombreux hommes politiques de droite et d’extrême-droite pour condamner les manifestations et tenter de décrédibiliser le combat pour la justice pour George Floyd. Pour eux, les magasins valent plus que la vie des Noirs...

C’est oublier que les États-Unis se sont retrouvés plongés dans une des pires crises économiques de son histoire à cause de la pandémie, et que plus plus de 41 millions d’Américains ont pointé au chômage depuis la mise en place des mesures de confinement. Les émeutes auxquelles on assiste sont un véritable catalyseur de la misère dans laquelle les secteurs les plus vulnérables de la société américaine sont plongés. Ces émeutes ne sont que des réactions à l’impunité dont jouit la police, et une expression du désespoir et de la misère de toute une frange de la population, dans le pays le plus riche et le plus puissant au monde.

En situation de crise économique, les mouvement sociaux peuvent être d’autant plus explosifs, et Trump l’a bien compris. Nombreux témoins du meurtre, scène filmée de bout en bout, situation sociale tendue : autant d’éléments qui ont forcé Trump, résolument du côté des forces de l’ordre en temps normal, à se fendre d’un tweet sur la mort “très triste et tragique” de Floyd. Il annonce une enquête du FBI quant aux agissements des policiers.

Pas sûr que cela suffira à apaiser les manifestants. En 2014, le policier responsable de la mort d’Eric Garner n’avait pas été condamné en justice, malgré la vidéo le montrant clairement étrangler la victime. Comme l’écrivent nos camarades de Left Voice : “Le racisme est utilisé pour opprimer les classes populaires et diviser la classe travailleuse. Il n’y a pas de justice possible dans un système capitaliste impérialiste où nos vies n’ont pas la même valeur selon la couleur de notre peau.

C’est un “écrasement” similaire qui a mené à la mort d’Adama Traore aux mains des gendarmes en 2016. Solidarité internationaliste avec les manifestants à Minneapolis ! En France comme aux États-Unis, la répression n’a pas de frontières, notre colère non plus !


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