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Printemps de lutte, hiver précaire !

Etudier à Caen en 2016 : avoir faim, froid et être exposé à la précarité !

La rentrée 2016 s’annonçait difficile pour les étudiants : hausse des loyers, du coût des transports. La précarité étudiante est une réalité qui ne cesse d’être pointée de toute part. A Caen, ville universitaire, les étudiants n’y échappent pas et leurs conditions d’étude à l’université et de vie se détériorent de façon accélérée. Cécile Manchette

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En octobre, le système de chauffage de la faculté de droit de Caen lâchait les étudiants, les obligeant à venir encore plus emmitoufler que de coutumes. A cela a succédé, début décembre, une étude venant révéler que les étudiants du campus universitaire, en plus de mourir de froid, peinent également à se nourrir. Bien que nombre d’entre eux cumulent d’ors et déjà études et travail, cela ne suffit pas pour joindre les deux bouts. Comment combattre cette précarité étudiante toujours plus importante ? Certainement pas, comme le promettent ceux qui nous gouvernent et qui veulent nous gouverner en 2017, en préconisant « l’autonomie » des universités. Celle qui entraîne des processus de fusion (la « réunification » à venir entre les universités de Caen, Rouen et le Havre), la hausse des frais d’inscription, ou encore la sélection universitaire. Au printemps 2016, ces mêmes étudiants à Caen luttaient, déterminés, contre la loi travail sur leur université et étaient réprimés par la direction de leur établissement. Aujourd’hui, la lutte sur leur université doit continuer, contre le sort qui leur est réservé : précarité étudiante, précarité au travail et assiette vide.

La période hivernale s’annonce rude pour les étudiants à Caen. Ils seraient environ 30 000 à suivre des études dans l’agglomération. 30 000 à étudier et vivre, bon gré mal gré. Pour nombre d’entre eux, les rentrées se suivent et sont de plus en plus difficiles : les études et les syndicats montrent que les prix des logements sont à la hausse, le prix des transports aussi (l’abonnement "Twisto" dont les syndicats réclament régulièrement la baisse du prix). Nombreux sont les étudiants qui arrivent à l’université sans soutien financier de leurs parents et doivent cumuler un « job étudiant » et leurs études au détriment, souvent, de leur réussite universitaire. Au détriment aussi de leur santé : des étudiants qui se soignent mal, quand ils peuvent le faire, et qui, comme le révèle une étude, « sautent des repas » faute de moyens. En effet, avec une hausse du coût de la vie, les fins de mois s’avèrent difficiles et le « budget alimentation » est souvent le premier à passer à la trappe. Les fins de mois (et de placard) constitués de pâtes sont une réalité étudiante que beaucoup connaissent. Pour certains aujourd’hui les stocks s’épuisent toujours plus vite…

Dans un article deTendance Ouest, une étudiante relate qu’un étudiant sur cinq se prive d’un repas par jour. Une situation qui a poussé l’université de Caen à vouloir ouvrir les Restos du Cœur sur le campus car aujourd’hui ni le CROUS, ni l’Agoraé (une épicerie solidaire) n’arrivent à répondre aux besoins des étudiants. Signe d’une aggravation de la précarité étudiante ? Certainement. Quand on sait aujourd’hui que les étudiants sont aussi amenés à dormir dans leur voiture ou dans la rue faute de pouvoir payer un loyer. Quand on sait aussi qu’ils sont plus nombreux qu’hier à formuler des demandes de bourses. Quand on sait les conditions de travail qu’ils subissent à côté de leurs études : contrats précaires, exploitation, salaires misérables, horaires intenables et incompatibles avec leurs études.

Quelles solutions pour ces étudiants ? Au printemps 2016, l’université de Caen a été de celle qui s’est lancée dans la lutte contre la Loi Travail. Des étudiants se sont rassemblés en assemblée générale, sont allés aux coordinations nationales étudiantes, se sont « levés » contre une loi qui ne leur promettait que plus de précarité, plus de galères, moins de libertés. Ils ont aussi fait face, comme beaucoup d’étudiants et de lycéens, à la répression qui s’est abattue sur eux jusque dans leurs amphithéâtres. L’État n’aime pas beaucoup quand la jeunesse se réveille et cherche à s’organiser, à reprendre le contrôle sur son lieu d’étude. Un lieu, un campus universitaire, qui appartient de fait aux étudiants, aux professeurs, au personnel qui y travaillent et y étudient.

Après le printemps 2016, la rentrée universitaire et l’hiver à Caen, comme partout et peut être plus qu’ailleurs en France, est difficile : la précarité s’installe durablement et les attaques contre l’université publique se poursuivent dans la ligne des contre-réformes de ces dernières décennies. Des attaques (sélection universitaire, processus de fusions) s’inscrivant dans un projet global de privatisation des universités, pour les faire ressembler de plus en plus à des entreprises, et qui ne vont pas améliorer les conditions d’études et de vie des étudiants. Tout cela signifie, loin sans faut, plus de frais, moins de places dans les amphithéâtres et les salles de cours, une sélection accrue. Toujours plus de jeunes excluent du circuit scolaire et universitaire. Toujours plus de jeunes jetés sur un marché de l’emploi lui même de plus en plus difficile et féroce. C’est pourquoi, les étudiants, ceux et celles de Caen, doivent continuer pour certains, et commencer pour d’autres, à s’organiser sur leur université pour préparer la lutte contre les attaques à venir. Que défendre face aux programmes des candidats à la présidentielle qui préconisent plus de concurrence, plus de privatisation, moins d’accès gratuit aux soins et aux études ? Qui cherchent à nous « remettre dans le rang » ? A condamner certains d’entre nous à être privé de nourriture ? Une université libre et gratuite pour tous et toutes, un véritable programme contre la précarité et la surexploitation, pour qu’à la rigueur de l’hiver 2016 succède d’autres printemps !


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