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Sélection universitaire

« Étudier est un droit » : plus de 300 personnes au meeting des sans-facs à Nanterre

« Etudier est un droit, pas un privilège ! » Ce mardi avait lieu un meeting de soutien aux sans-facs à Nanterre qui a réuni 300 personnes. Après quatre semaines d’occupation des locaux de la présidence, les étudiants sans-facs exigent l’inscription pour tous et toutes.

Adèle Chotsky

24 novembre 2021

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Une tribune large de soutien aux sans-facs et contre la sélection à l’université s’est exprimée hier soir à la fac de Nanterre. Organisé par les signataires d’une tribune publiée dans Libération, le meeting a vu intervenir notamment les universitaires Frédéric Lordon, Willy Pelletier, les représentants d’organisations politiques Eric Coquerel (LFI), Olivier Besancenot (NPA), Elsa Faucillon (PCF), des représentants d’associations comme Saphia Aït Ouarabi (SOS Racisme) ou encore des syndicalistes de la CGT TUI.

Tous les intervenants ont réaffirmé leur soutien aux sans-facs et dénoncé les mesures et la logique de tri social à l’université. Ce sont 61 étudiants et étudiantes que la présidence de la fac de Nanterre refuse toujours d’inscrire, et ce alors que ces étudiants et leurs soutiens syndicalistes étudiants occupent depuis 26 jours les locaux de la présidence.

Plus largement, ce sont des centaines d’étudiants qui se retrouvent aujourd’hui sans aucune inscription. Depuis la réforme de l’enseignement supérieur mise en place en 2018, les universités peuvent refuser des candidatures via le logiciel Parcoursup et ce alors que le nombre d’étudiants ne cesse d’augmenter. De plus ces dernières années ont vu aussi l’accentuation de la sélection en master, nombreux sont les étudiants à finir leur licence mais à se voir refuser le droit à continuer leurs études.

Cette situation arrive dans un contexte de précarisation extrême du milieu étudiant : dans les universités, la crise sanitaire a montré de manière éclatante le manque de moyens structurels alloués à l’enseignement supérieur, elle a aussi été un facteur qui a aggravé la sélection. La jeunesse a subi de plein fouet les conséquences de la crise, avec nombre d’étudiants qui se sont retrouvés à faire la queue par milliers pour obtenir des aides alimentaires d’urgence.

À Nanterre, les sans-facs et leurs soutiens revendiquent le droit à étudier pour toutes et tous. Ils et elles refusent d’être laissé.es sur le carreau, sans études, sans perspective et sans emploi, plongé.es dans la misère. Ceux qui se retrouvent laissés aux portes des universités, ce sont les enfants des classes populaires, les enfants d’ouvriers et d’immigrés, qui n’ont pas les « bons » lycées sur leur dossier. Xavier Mathieu, ancien ouvrier de Continental, a ainsi raconté son expérience de père de famille qui a travaillé à l’usine pendant 30 ans, avec « le rêve en commun de voir un jour nos enfants étudier à l’université, alors qu’aujourd’hui on les empêche d’y entrer ».

C’est également ce qu’a souligné Saphia Aït Ouarabi (SOS Racisme) : « Qui sont les sans facs ? Ce sont les étudiants étrangers, les étudiants issus de l’immigration, de parents ouvriers ». Elle a aussi dénoncé le communiqué de la présidence de l’Université, qui se cache derrière le manque de moyens pour justifier la non inscription des sans-facs : « Les sans facs ont toujours dénoncé le sous-investissement public des universités ! Mais il ne doit pas se faire sur notre dos. De l’argent, il y en a, demandez aux fraudeurs des Pandora Papers. ».

C’est dans ce sens qu’est aussi allé Olivier Besancenot dans son intervention : « Oui, il faut plus de moyens financiers et humains. Si la direction de la fac croit deux secondes à ce qu’elle raconte, qu’elle se mobilise, qu’elle occupe elle-même le rectorat ! »

Il a ajouté que cette mobilisation était « la face visible de l’iceberg », à l’heure où des centaines de milliers de sans-facs sont confrontés à Parcoursup. « Il y aura dix mille promesses électorales, mais la seule manière d’obtenir quelque chose sera de se mobiliser. La jeunesse de ce pays, ici, elle relève la tête pour leur dire que la peur doit changer de camp. »

Willy Pelletier, sociologue, a aussi pris la parole, soulignant également que les sans facs, par leur mobilisation, montraient « qu’il vaut mieux agir qu’élire ». « Ces gens, dans les palais et les buildings, ne nous impressionnent pas ! Ils ne connaissent aucun ouvrier, employé, aucun étudiant enfant d’ouvrier qui doit travailler pour payer ses études ».

Le meeting a aussi été l’occasion pour l’Assemblée Générale des sans facs de prendre la parole, en visio depuis l’occupation. La présidence de l’université prend pour prétexte le fait que des propositions d’inscriptions auraient été faites et refusées par certains étudiants sans-facs : ces propositions, soit sont en fait très loin de la région parisienne, soit n’ont rien à voir avec le projet de ces étudiants. « Leur mépris renforce notre détermination, nous refusons d’être une génération post-corona sacrifiée », ont affirmé les représentantes des sans-facs à la fin de leur intervention.

Plusieurs des intervenants ont insisté sur le fait que la lutte des sans-facs dépasse les frontières de Nanterre et de l’université. « Il faut affirmer la généralité de cette lutte », a lancé Frédéric Lordon, avant de souligner « les liens qui lient les sans-facs à tous les autres « sans » : sans ressources, sans perspectives, sans droits, sans papiers. Tous les sans doivent retrouver ce qui leur revient. Si le capitalisme néolibéral est le régime de la dépossession, nous sommes ici pour affirmer notre droit à la récupération, à la reconquête et même à la conquête générale ».

Un aspect sur lequel est également revenu la CGT-TUI dont des représentants ont pris la parole : car les sans-facs qui se battent aujourd’hui pour une place à la fac sont aussi ceux qui demain se battront pour un emploi. Ils ont mis en parallèle les vigiles envoyés aux sans-facs pour mettre fin à l’occupation et ceux qui les reçoivent, eux aussi, lorsqu’ils vont voir le RH, lorsqu’ils tentent de faire entendre leurs revendications dans leur entreprise.

Soutien aux étudiantes et étudiants de Nanterre dans leur lutte contre la sélection ! Il faut des moyens pour l’université, l’abrogation de toutes les réformes de sélection. Pour une université véritablement ouverte à toutes et tous !


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