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Gouvernement et médias s'inquiètent « qu'ils reviennent ».

Évacuation de Stalingrad. Après Calais, les migrants sont chassés de Paris

Ces images nous hanteront certainement encore longtemps. Celles de ces villages de tente sous les rails des métros parisiens, celles de ces revendications de liberté brandies dans les manifestations, celles de ces « bousculades » dont parlent les médias devant les bus, celles de ces lignes de CRS aussi. Malgré les espoirs du gouvernement de rendre invisibles et dispersés ces plus de 3800 migrants évacués du campement de Stalingrad, la crise des migrants est loin d'être terminée.

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C’est le nombre de migrants qui ont été évacués des campements de la place Stalingrad et du quai de Jemappes ce vendredi matin. Pour les médias, à nouveau comme lors du démantèlement de Calais, l’opération s’est déroulée « dans le calme », malgré les « bousculades » des migrants, trop pressés de rentrer dans les bus. La maire de Paris, Anne Hidalgo, répète à nouveau qu’il s’agit d’une « mise à l’abri » humanitaire, et promet l’ouverture d’un centre d’hébergement sur Paris de 400 places. Les familles sont censées être placées dans des hôtels, tandis que les hommes isolés doivent partir dans des centres d’accueil et d’hébergement. Ceux-ci déjà complets, un millier de migrants ont été placés dans des gymnases.

A nouveau, comme à Calais, les médias interrogent des migrants qui remercient la France et sont pressés de monter dans le bus. Depuis plusieurs semaines maintenant, cette mise en forme médiatique serait risible, si elle ne cachait pas une réalité brutale. Des familles placées dans des hôtels insalubres. Des mineurs dont on juge « au faciès » s’ils sont vraiment mineurs. Et des nuits dans des gymnases improvisés en dortoir. Alors certes, bien des migrants sont soulagés de trouver un endroit fermé où dormir, alors que le froid commence à s’installer à Paris et où certains ont encore l’espoir de voir ainsi leur condition s’améliorer, ou leur demande d’asile étudiée. Mais donner simplement le droit à des centaines de personnes de ne pas mourir de froid dehors peut-il réellement être considéré, comme cherche à le faire croire le gouvernement, comme une preuve de grande humanité ?...

Des soutiens, présents sur place toute la journée, relatent d’ailleurs le mépris et l’humiliation avec laquelle les migrants ont été traités durant cette phase d’évacuation. Les images de pelleteuses, rasant le campement à peine évacué, en sont une des preuves. Le bouclage resserré du quartier en est une autre, ainsi que sa justification, donnée par le Monde : « Les autorités craignaient un afflux de populations sans abri qui ne vivaient pas là mais auraient souhaité profiter de lits au chaud. ». A nouveau on redoute « les profiteurs » plutôt que de s’occuper humainement des victimes multiples du froid et de la rue.

Et si l’évacuation se passe à ce point « dans le calme », pourquoi est-il nécessaire que celle-ci soit faite à l’abri des caméras des journalistes, qui sont reclus derrière les lignes de CRS, comme on peut le voir sur les nombreuses publications en direct sur Twitter ? Pourquoi autant de policiers, camions, boucliers et matraques ?

« Ils arriveront quand même »

En partie certainement parce que les autorités « espèrent » qu’il s’agit là de la dernière évacuation de camp, la 29e à Paris depuis juin 2015. Un « espoir » qui fait office de promesse médiatique irréalisable, quand on sait que seules 400 places seront ouvertes en centre d’hébergement sur Paris, alors que près de 80 migrants y arrivent chaque jour, d’après les statistiques.

Mais ce que la mairie de Paris espère surtout, c’est que cette évacuation et cette dispersion permettent de faire oublier le scandale humanitaire de cette crise de migrants. Faire oublier aussi ces milliers de mains qui ont cherché à s’organiser pour les aider, apportant une tente, une boîte de conserve, un abri parfois pour la nuit. Faire oublier et enterrer les cadres d’auto-organisation entre migrants qui leur ont permis de décider collectivement de leur revendication. Faire oublier, surtout, que la guerre et la misère que fuient les migrants en arrivant à Paris, ce sont nos propres gouvernements qui les ont créées. A nous de continuer à organiser la solidarité, pour la liberté de circulation et d’installation.


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