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Évacuation de l’occupation du théâtre de la Cité : direction, mairie et police main dans la main

Le théâtre de la Cité à Toulouse, s’est fait évacué ce mercredi matin, mettant fin à deux mois d’occupation. Cette évacuation par les huissiers et la police, s’est faite suite à une décision de la direction du théâtre, qui disait pourtant soutenir le mouvement à ses débuts.

Tyshka Rostov

14 mai 2021

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L’occupation du théâtre de la Cité avait commencé le 10 mars, s’inscrivant dans un mouvement d’ampleur nationale, où plus de 100 théâtres et lieux culturels ont été occupés au plus fort. Ce soulèvement de la culture et du monde du spectacle s’est fait surtout autour d’une revendication principale poussée par la base : le retrait de la réforme assurance chômage.

Ce mercredi, les quelques occupants du Théâtre de la Cité de Toulouse se sont fait réveiller à 7h du matin, puis expulser de force par un huissier et une dizaine de policiers, mettant fin aux deux mois d’occupation du lieu.

La direction complice de Moudenc et la police

La direction a pris cette décision « en accord avec la Ville de Toulouse et Toulouse Métropole (propriétaire du bâtiment), la préfecture de la Haute-Garonne et la Drac Occitanie
stratégie patronale », selon La Dépêche. Ainsi Stéphane Gil, le directeur du théâtre de la Cité, qui a « accueilli à bras ouvert » les occupants du théâtre, et qui se montrait lors des premières AG pour manifester son soutien aux occupants ; dévoile aujourd’hui son vrai visage. Un directeur évidemment complice du maire LR Moudenc, de la police, et des patrons. Cette nouvelle a été vécue comme une trahison par les occupants, puisqu’on apprend dans leur communiqué, que cette évacuation était préparée depuis un mois, dans une déclaration de trouble à l’ordre public rédigée par la direction le 8 avril. Une expulsion préméditée, alors que Stéphane Gil déclarait au même moment à la presse qu’aucune évacuation n’était prévue. « Nous dénonçons l’hypocrisie, la lâcheté, la malhonnêteté de cette direction qui a tenté dans les premières semaines de l’occupation de récupérer cette occupation pour revendiquer l’ouverture des lieux culturels, qui revendiquait pour cela et même par voie de presse, sa solidarité avec les occupants pour finir par fomenter il y a un mois une évacuation et par sa mise en œuvre, par les forces de l’ordre, sous contrôle d’huissier, sans préavis !  » dit le communiqué.

La situation se tend à l’échelle nationale entre les occupants et les directions des théâtres. A l’Odéon, le directeur a appelé toutes les occupations à cesser. Dans une interview pour Télérama il affirme « Lorsque j’ai appris que nous pourrions ouvrir, je leur ai expliqué [aux occupants] que leur présence, telle qu’elle se déroule aujourd’hui, était incompatible avec une entrée des spectateurs. » Cette déclaration révèle seulement les véritables intérêts des directeurs, qui rejoignent ceux du patronat. Ils n’ont jamais soutenu ce mouvement pour ce qu’il était vraiment : une colère dressée contre la précarité généralisée, contre les mesures restrictives du gouvernement, et contre la réforme assurance chômage.

Les directeurs de théâtres suivent une même stratégie depuis le début : tenter de récupérer le mouvement et s’en servir de haut parleur médiatique pour aller négocier la réouverture au gouvernement. Maintenant que la réouverture est annoncée, les occupations n’ont plus d’intérêt pour les directeurs, qui aujourd’hui trahissent le mouvement qu’ils prétendaient soutenir.

Après les occupations la grève ?

A Toulouse, la mauvaise nouvelle n’a pas démoralisé les ex-occupants. Ils cherchent des solutions pour continuer la lutte contre la réforme assurance-chômage, comme l’action coup de poing qui a eu lieu ce vendredi au MacDo du Capitole. Mais ces actions coup de poing ne sont plus suffisantes à elles seules. Il est temps désormais d’établir un vrai rapport de force.

Maintenant que la réouverture est annoncée, la reprise de la culture ne peut se faire comme si de rien n’était : pour le retrait total de la réforme assurance chômage, mais aussi contre la précarisation de nombreux secteurs comme celui de la culture, il est urgent que les direction syndicales appellent à un grand mouvement d’ensemble, incluant la question de la lutte contre la casse de l’emploi et le chômage. Dans cette perspective, il est nécessaire de s’appuyer sur les éléments de convergence qui ont pu se développer dans les occupations de théâtre, et au-delà, de construire un plan de bataille avec l’ensemble des travailleurs, de la jeunesse et des secteurs populaires. Parce que si réouverture il y a, elle se fera sous les couleurs du monde d’avant, où seulement une poignée a accès à la culture, pendant que ce sont des milliers de travailleurs précaires qui la font vivre tous les jours. La culture ne doit pas être une institution lucrative au service de la bourgeoisie, mais doit vivre à travers les travailleurs, les étudiants, les jeunes, et toutes les petites mains qui font tourner la culture tous les jours.


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