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1400 personnes exilées

Évacuation porte d’Aubervilliers. Des familles entières délogées du camp, dont 93 enfants

Dès 6h mardi matin, la police a commencé l’évacuation du camp de la porte d’Aubervilliers où vivaient dans des conditions déplorables plus de 1400 personnes exilées, dont 93 enfants. Ce sont des familles entières qui ont été délogées du camp. Une souffrance très importante pour ces femmes, ces hommes et ces enfants qui n’ont connu que la rue depuis leur arrivée en France et dont le futur reste très flou.

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Crédit photo : Philippe LOPEZ / AFP

Encadrés par un important dispositif policier, les exilé·es entassé·es depuis plusieurs mois dans un camp de fortune au bord du périphérique au niveau de la porte d’Aubervilliers ont été évacués ce matin. Ils et elles étaient tenu·es de monter dans des bus à destination de gymnases et des centres d’accueil de la région parisienne. Certain·es, considéré·es comme toxicomanes par les autorités, ont été redirigés dans des salles de repos où une équipe médicale renforcée devrait les prendre en charge.

Ce sont des familles entières qui ont été délogées du camp, 93 enfants avaient notamment fait de cet espace leur maison. Une souffrance très importante pour ces femmes et ces hommes qui n’ont connu que la rue depuis leur arrivée en France et dont le futur reste très flou. Rien n’est clair sur l’endroit où ils seront logés dans le futur. Comme l’explique Julia de l’association Utopia, « Nous n’avons aucune garantie de la part de la préfecture que ces personnes vont pouvoir rester en hébergement ».

Le préfet de Paris, Didier Lallement, présent sur les lieux, dit souhaiter la « libération complète des espaces » et affirme vouloir garder une présence policière pour empêcher toute réinstallation. Mais cette libération forcée ne donne aucune assurance aux migrants sur leur futur. Certains s’inquiètent d’être renvoyés chez eux et la souffrance engendrée par ces déplacements de force est atroce. Des faits à la violence symbolique énorme alors qu’ils vivent dans des conditions désastreuses et que c’est à cause des lacunes de prise en charge qu’ils y sont obligés.

Cette opération, organisée conjointement par la préfecture de police de Paris et par la préfecture de la région d’Ile-de-France, prend place dans le cadre de la politique du ministère de l’Intérieur. Comme l’avait annoncé Christophe Castaner, il s’agit de démanteler l’ensemble des camps du Nord-Est parisien, de les évacuer et d’opérer un tri entre les « légaux », ayant droit en théorie à une prise en charge par l’État français, et les « illégaux » voués à être expulsés du territoire ou déportés dans leurs pays d’origine. Cette politique raciste pousse un nombre important d’exilé·es à fuir la procédure légale pour ne pas risquer de se faire expulser, et entretient de ce fait la réapparition systématique de camps dans des conditions toujours plus déplorables.

Pour empêcher que ces campements de fortune réapparaissent à la vue de tous, Castaner entend maintenir une présence policière et mettre en place des « aménagements physiques », revendiquant l’exemple du « combat de reconquête » mené sur le site du camp de Calais démantelé en 2016. Ainsi, la préfecture de police compte mettre en place « un dispositif de surveillance dynamique et permanent ». D’après des propos recueillis par Le Parisien, il s’agit pour le préfet Didier Lallement de « libérer la zone » une fois l’évacuation terminée. Pour la maire de Paris Anne Hidalgo, c’est ainsi que « la situation doit maintenant s’apaiser dans ce quartier, qui doit pouvoir retrouver une vie normale mais aussi pour les réfugiés ».

Pourtant, il est évident que la politique de démantèlement, tant qu’elle n’est pas accompagnée par une politique d’accueil inconditionnel, ne fait que déplacer le problème des camps. C’est bien suite au démantèlement du camp de Calais, organisé selon une logique répressive et dans des conditions inhumaines, que les camps de fortune se sont largement développés en région parisienne. En novembre dernier, l’évacuation de plus de 1600 personnes du camp de la porte de la Chapelle et le dispositif policier déployé par la suite dans cette zone ont contribué à la dégradation des conditions de vie des exilé·es, contraint·es de s’entasser toujours plus nombreux et nombreuses porte d’Aubervilliers, mais aussi au niveau de la porte de la Villette où il existe aujourd’hui un camp qui regroupe 400 à 500 personnes.

Le problème central du cercle vicieux des camps, qui se développent toujours plus en marge de la ville et de la société au dépens des exilé·es, n’est autre que la politique migratoire raciste que mène le gouvernement, qui voudrait que l’on ne voit dans ces personnes que des « toxicomanes » - selon le titre de l’article du Parisien - ou plus largement des « indésirables » qu’il conviendrait de déporter vers les pays qu’elles ont fui pour des raisons qui sont pourtant évidentes, largement entretenues par l’impérialisme des États tels que la France.

Dans la situation actuelle, l’État doit proposer une solution de logement inconditionnel pour toutes et tous, y compris en réquisitionnant les logements vides de Paris comme le souligne Julie Lavayssière, coordinatrice de l’antenne Paris de l’association Utopia 56. Mais, plus profondément, il est nécessaire d’en finir avec les procédures de dublinage ainsi que les obligations de quitter le territoire français et de mettre en place une politique d’accueil à la hauteur des besoins, ce qui ne sera possible qu’au moyen d’une lutte politique acharnée contre Macron et son monde.


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