En 2013, déjà, Morales avait sans gêne clamé que « le poulet possède des hormones féminines qui font que, lorsque les hommes en mangent, ils sont déstabilisés dans leur être ». Il y a moins d’une semaine, c’est le vice-président en personne, Álvaro García Linera, qui a tenu des propos déplacés invitant fortement la ministre de la Santé à se marier. Précédé peu avant du candidat du MAS (parti d’Evo Morales) à la mairie de Yacuiba, Carlos Bru, qui avait lui aussi fait des siennes par des déclarations machistes visant également Ariana Campero.
Si le président et son premier ministre se sont « excusés publiquement » de leurs propos, qui ont suscité un véritable tollé, ces discours sont néanmoins révélateurs du climat réactionnaire qui règne dans le milieu politique bolivien. Loin des promesses de transformation radicale du président Morales, dont la politique sociale s’est rapidement révélée être une imposture, ces propos mettent en évidence le caractère rétrograde du gouvernement réélu en 2014. Un gouvernement qui n’a cessé de développer les alliances de l’État avec les entreprises, favorisant les secteurs d’une nouvelle bourgeoisie qui s’est développé à l’ombre du gouvernement MASiste, ou qui a réaffirmé ses rapports étroits avec le Vatican après la visite du pape Bergoglio en juillet dernier.