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Etats-Unis

Face à la catastrophe, Biden compte endiguer le virus « pour que nous puissions remettre les gens au travail »

Alors que Trump tente d’entraver l’investiture de Biden dans un contexte où l’épidémie atteint des chiffres records aux Etat-Unis, ce dernier déclare qu’il faut dorénavant maîtriser le virus pour « remettre les gens au travail » : Biden assume sa principale préoccupation de maintenir les profits capitalistes et en faire payer les coûts aux travailleurs.

Jahan Lutz

17 novembre 2020

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Crédits photo : AP Photo / Andrew Harnik

Catastrophe sanitaire aux États-Unis

Vendredi, en seulement 24h, plus de 181 000 nouveaux cas de covid et 1 400 décès ont été signalés aux États-Unis. Le système de santé américain défaillant est par conséquent saturé, atteignant actuellement 68 000 hospitalisations. Même dans les Etats qui avaient pourtant pris des mesures minimales, la situation empire comme à New York où les nouveaux cas ont augmenté de plus de 500 % depuis la fin de septembre, passant d’environ 1 000 nouveaux cas par jour à plus de 5 000 samedi. Au cours de la même période, le New Jersey a connu une augmentation de près de 700 %, passant d’environ 500 cas par jour à plus de 3 500, et le Connecticut est passé de moins de 200 cas par jour à près de 3 000. Ces chiffres records sont d’ores et déjà bien plus importants que ceux de la première vague depuis laquelle 11 millions de personnes ont été contaminées et 247 000 en sont morts aux Etat-Unis ; laissant présager de nouveaux rebonds dans la complication de la crise sanitaire là où les Centres de contrôle des maladies recommandent d’atteindre des capacités de 100 000 tests par jour qui ne sont assurées qu’à environ 30%.

Par la politique criminelle de Trump qui niait l’existence même du covid, les lieux publics sur l’ensemble du territoire, écoles et entreprises où se développent les principaux foyers de contamination restent ouverts sans port de masque. Et malgré le refus de Trump de préparer la transition à la Maison Blanche, Biden qui veut se donner une image plus responsable s’est déjà engagé à renforcer sa politique sanitaire « pour que nous puissions remettre les gens au travail » affirme-t-il dans une conférence donnée ce dimanche, et dans ce sens permettre une reprise des secteurs économiques à l’arrêt.

Relance économique et guerres commerciales

Il n’est donc pas surprenant que les interlocuteurs choisis par Biden soient des grands patrons dont Mary Barra, PDG de General Motors, Satya Nadella à la tête du géant informatique Microsoft, ainsi que les directions syndicales qui négocient la reprise économique dans des conditions criminelles. Soutenu par de nombreux secteurs de la bourgeoisie américaine et de son establishment, Biden déclare dans cette même conférence que « nous sommes tous d’accord pour dire que nous voulons remettre l’économie sur les rails ».

Renouer et consolider le tissu économique américain, Biden le porte fièrement par des centaines de milliards de dollars donnés aux grandes entreprises. Et ces intérêts sont dans la continuité de la guerre économique que Trump mène contre la Chine, notamment des sanctions engagées contre les géants de l’industrie technologique chinoise comme Tik-Tok ou Huawei. La crise sanitaire qui continue d’empirer et la crise économique qui s’approfondit renforcent d’autant plus cette concurrence sur les marchés internationaux. La Chine a en ce sens fait des avancées sur le terrain des marchés asiatiques par son intégration au Partenariat Régional Économique Global (RCEP), excluant les Etats-Unis de l’Accord. Il s’agit donc pour Biden de trouver d’autres alliés et ainsi affirmer le leadership de l’impérialisme américain face à la Chine.

Trump ou Biden : c’est aux travailleurs qu’on veut faire payer les conséquences de la crise

La crise sanitaire a largement précarisé les travailleurs, les couches populaires et racisées, ce sont ainsi 20,5 millions de postes qui ont été détruits au mois d’avril aux Etats-Unis, faisant passer le taux de chômage à 14,7% soit 21 millions de personnes. De nombreux travailleurs continueront de perdre leurs revenus et leur emploi par les plans de licenciement massifs du grand patronat. Mais la précarité va aussi continuer de grandir là où les quelques aides et allocations prennent fin, notamment le report du paiement des prêts étudiants et l’amélioration des prestations de chômage sur lesquelles les familles de travailleurs comptent depuis des mois. Ce seront des mesures d’austérité de plus en plus strictes qui seront mises en place, Biden continuera donc de couper dans les budgets des services de base tels que l’éducation, les transports et la santé, qui sont pourtant des secteurs essentiels face à la crise sanitaire. En d’autres termes, c’est la classe ouvrière, comme toujours, qui doit assumer le fardeau de payer pour ce virus, malgré les milliards de profits réalisés par des multinationales comme Amazon ou Microsoft par exemple.

Mais il ne suffira pas d’un autre plan d’aide qui était déjà totalement insuffisant. Les travailleurs doivent eux-mêmes exiger un programme d’urgence qui fasse payer la crise aux capitalistes, les véritables responsables, ce que revendique Left Voice, section de la FT-QI aux Etats-Unis, dont Révolution Permanente fait également partie :

« Cela comprend des soins médicaux gratuits, des congés familiaux payés pour ceux qui doivent rester à la maison avec des enfants ou d’autres proches lorsque les écoles et les établissements de soins sont fermés, un congé de maladie universel, un moratoire indéfini sur les loyers, des logements pour les sans-abri ainsi que des salaires et un emploi garantis pour tous les travailleurs pendant les périodes de fermeture. »

Ni Trump ni Biden ne peut être une alternative pour les travailleurs, eux seuls pourront imposer de telles mesures par leur auto-organisation sur les lieux de travail, dans les écoles, les entreprises, les usines, par la grève et une réorganisation démocratique de la société face à la crise sanitaire et économique.


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