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Grève générale en Italie

« Faisons payer la crise aux patrons » : journée de grève en Italie, travailleurs et étudiants mobilisés

Alors que les médias relatent la crise parlementaire en cours en Italie, une journée de grève importante a eu lieu le vendredi 29 janvier, qui a fortement impactée les domaines de la logistique et de l'éducation. Des milliers d'étudiants se sont joints aux travailleurs, avec des manifestations qui se sont tenues dans plusieurs villes.

Giacomo Turci

3 février 2021

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Cet article est initialement paru sur La Izquierda Diario qui appartient eu même réseau de quotidien international que Révolution Permanente.

Appelée par les « syndicats de base » SI Cobas et Slai Cobas et par un secteur du syndicalisme combatif, réunis en "assemblée des travailleurs combatifs", une journée de grève générale s’est tenue vendredi 29 janvier dans toute l’Italie. Aux mobilisations des travailleurs se sont ajoutées celles des étudiants dans différentes villes, comme à Milan, Turin, Plaisance, Bologne, Rome et Naples, avec des manifestations réunissant des centaines de personnes.

L’appel exigeait un certain nombre de mesures pour faire face à la crise économique et sanitaire , notamment :

  •  Un impôt sur la fortune de 10 % sur les 10 % les plus riches, pour des investissements extraordinaires dans le secteur de la santé et tous les secteurs nécessaires pour contenir le virus
  •  La mise en place d’un protocole efficace, à la différence du protocole approuvé par la bureaucratie syndicale, pour la prévention et le contrôle des infections à Covid 19 sur les lieux de travail, avec la fermeture des entreprises où le droit à la santé des travailleurs n’est pas garanti, ainsi que la création de comités de travailleurs pour surveiller le respect des règles
  •  La mise en place d’un plan d’embauche massif d’infirmières et de médecins, avec la titularisation de tous les travailleurs et l’augmentation immédiate des reconnaissance des qualifications ; la réorganisation complète du service public de santé universel et gratuit, sur tout le territoire, avec pour objectif central la prévention des maladies et la protection de la santé au travail ; l’expropriation sans compensation de toutes les cliniques privées, même au-delà de l’urgence ; l’abolition des systèmes privés de "bien-être" sanitaire et de toute autre forme de financement indirect des soins de santé privés 
  •  La réintégration des travailleurs non renouvelés, avec une augmentation de salaires et la fin des contrats précaires.

    La grève et la situation de crise politique

    La grève s’est principalement concentrée dans le secteur de la logistique, où le syndicat SI Cobas organise une grande majorité de travailleurs immigrés, mais la grève était également suivi dans certaines branches industrielles, avec les travailleurs de l’entretien des routes comme ceux de la région de Campanie. Dans les différents régions, la grève a connu une forte participation des travailleurs de TNT-Fedex, qui sont menacés par un plan de 6 000 licenciements en Europe. Il y avait également les travailleurs de la société italienne de transport postal, la SDA, qui ont fait grève pendant trois jours contre un plan de délocalisations et de licenciements.

    A la mobilisation et aux revendications des travailleurs, se sont ajoutées celles des étudiants de dizaines d’écoles de plusieurs villes. Ils ont lancé des marches qui ont regroupées plusieurs milliers de jeunes, aux côtés d’un secteur d’enseignants en grève. Les étudiants exigent de pouvoir retourner à l’école le plus rapidement possible, mais dans des conditions sanitaires viables, ce qui est impossible sans augmenter les moyens dans les établissements scolaires, garantir la gratuité des mesures permettant de lutter contre la pandémie [amortiguadores] dans les écoles, embaucher du personnel et des enseignants, dont le nombre est totalement insuffisant, en les titularisant.

    Cette journée de mobilisation s’inscrit dans une phase de crise politique parlementaire : le parti libéral de l’ancien secrétaire du Parti démocratique, Matteo Renzi, a quitté le gouvernement, mais est parvenu à renommer un nouveau gouvernement avec les mêmes partis qu’avant ( le Parti Démocrate et le Mouvement 5 étoiles), mais avec même un poids plus important de sa propre ligne, ouvertement libérale et fidèle aux « remèdes » et aux choix de la Confindustria ( qui est l’organisation des grands patrons italien) face à la crise sanitaire.

    Le succès de la journée de la lutte d’hier montre qu’il existe un grand potentiel de mobilisation des travailleurs et de la jeunesse qui ne s’est pas encore réellement exprimé. Mais ce potentiel est freiné par la politique criminelle des bureaucraties des grands syndicats CGIL-CISL-UIL, pour qui il n’y a pas d’intérêt à mobiliser leurs travailleurs et le reste de la classe ouvrière dans une lutte unie pour ne pas payer la crise.

    A rebours de cette politique ce dont nous avons besoin, c’est précisément d’un programme commun de lutte et d’une mobilisation unifiée, qui ne se limite pas aux différentes affiliations syndicales, mais qui rassemble les forces de la jeunesse active, des étudiants et du mouvement des femmes. C’est nécessaire non seulement pour défendre les emplois, les salaires et les conditions de sécurité au travail qui sont attaquées, mais aussi pour imposer des mesures décisives et efficaces contre la pandémie du covid-19. Pour cela, il faut dès maintenant se battre pour ne pas laisser dans les mains des PDG des grandes entreprises pharmaceutiques le contrôle du processus mondial de vaccination de la population ; pour que ça soient aux patrons de payer la crise, et non pas la classe ouvrière.

    Il a été traduit de l’espagnol par Marc Bleuenn.


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