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Les Communardes d’aujourd’hui

Femmes en gilet jaune : la détermination de celles qui n’ont plus rien à perdre

Depuis le début du mouvement des gilets jaunes tout le monde a remarqué la présence des femmes au cœur de la mobilisation. Sur les ronds-points, les péages, les Champs-Elysées et dans les nombreuses manifestations, les femmes sont en première ligne.

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Photo : Arnaud Finistre pour La Croix

Emmanuel Macron a même cherché à s’y adresser spécifiquement lors de son allocution du 10 décembre : il a fait mine de saluer la « colère sincère » de « la mère de famille célibataire, veuve ou divorcée qui ne vit plus, qui n’a pas les moyens de faire garder les enfants et d’améliorer ses fins de mois ». S’il prétend avoir entendu ces « femmes de courage », l’intérêt porté à celles-ci par l’exécutif témoigne surtout du potentiel explosif du combat de ces guerrières en gilet jaune.
 
En effet, les femmes sont bien les premières concernées par le coût de la vie. Ce sont les moins payées, celles qui enchaînent les jobs précaires et les temps partiels, les premières demandeuses d’aides sociales, les premières victimes des retraites microscopiques. Par ailleurs, les ronds-points et manifestations regorgent de mères isolées, comme le montrent les témoignages recueillis par Révolution Permanente. Travailleuses sociales, aides à domicile, ouvrières, infirmières ou encore cheminotes, elles disent la difficulté à finir le mois, étant très peu protégées par les aides sociales mais également l’angoisse de ne pas offrir une vie digne à leurs enfants. Ainsi, Ghislaine Tormos, ouvrière à PSA, explique que c’est bien les femmes qui, lorsque le gosse est malade, perdent une journée de travail. C’est également elles qui font les courses et remplissent le frigo et qui voient donc le prix des produits augmenter chaque année quand les salaires stagnent. Torya, cheminote, raconte comment elle doit parfois se priver d’électricité pour pouvoir assurer l’obtention de produits de première nécessité. En grève l’année dernière contre la réforme du rail elle dénonce également la privatisation des services publics. En effet, les femmes sont, encore une fois, particulièrement visées. C’est l’exemple de la lutte contre la fermeture de la maternité du Blanc dans l’Indre qui impose aux femmes sur le point d’accoucher de faire plus d’une heure de route pour trouver un hôpital.
 
En réalité, les femmes sont celles qui vivent le plus durement la précarité économique : selon l’Insee, plus d’un tiers des familles monoparentales vivent sous le seuil de pauvreté. Par ailleurs, les familles monoparentales sont, pour leur écrasante majorité, composées de femmes seules. De plus, Alex Spire, directeur de recherche au CNRS signale qu’elles sont très peu aidées : « A part l’allocation parent isolé, elles sont mal couvertes car le système a été pensé sur le modèle d’un homme qui travaille et qui prend en charge un foyer avec une femme et des enfants ». Enfin, il est très rare qu’elles parviennent sans difficultés à toucher la pension alimentaire que devrait leur reverser leur conjoint.
 
Par conséquent, les femmes font partie de celles à qui on a tout pris et qui n’ont rien à perdre. La colère qui s’exprime ainsi depuis le 17 novembre est aussi l’irruption sur le devant de la scène de celles à qui l’on a appris à tout encaisser sans jamais rien dire. Déterminées à aller jusqu’au bout et à donner leur vie pour un avenir meilleur, les femmes en gilets jaunes vont être très difficiles à faire rentrer dans le rang. Beaucoup disent manifester pour la première fois et ont goûté au fruit de la révolte après des années de souffrances silencieuses. Ces ronds-points, blocages et manifestations rappellent ainsi les mots de Jules Vallès sur les Communardes, en 1886 : « Des femmes partout. Grand signe. Quand les femmes s’en mêlent, quand la ménagère pousse son homme, quand elle arrache le drapeau noir qui flotte sur la marmite pour le planter entre deux pavés, c’est que le soleil se lèvera sur une ville en révolte.  »


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