A. Bronstein{}
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Près de Calais, sur les voies empruntées par les chauffeurs routiers aux abords de la « jungle », les tensions s’accroissent. Les migrants, confrontés à des conditions d’accueil déplorables et à la violence quotidienne des forces de l’ordre, sont de plus en plus déterminés à franchir la frontière pour rallier l’Angleterre. De leur côté, les routiers se montrent toujours plus violents envers ceux qui tentent de se cacher dans leurs camions.
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On le sait bien, la situation des réfugiés de la « jungle » de Calais est insupportable. Entassés dans des constructions insalubres, pourchassés par les forces de répression avec qui les affrontements s’apparentent toujours à des scènes de guerre... Les migrants qui ont fui la guerre et la misère retrouvent à peu de choses près les mêmes conditions de vie dans ce qui est désormais le plus grand bidonville d’Europe. Quel étonnement à ce que ces personnes cherchent à rallier par tous les moyens le Royaume-Uni, qui constitue bien souvent pour elles et eux leur seul espoir de vivre dans des conditions dignes ? Franchir la frontière n’est pas un jeu et les migrantes et migrants qui risquent leur vie tous les jours pour quitter la France le savent mieux que personne. D’autant plus que les risques augmentent à mesure que les températures baissent et que la répression se durcit suite à l’état d’urgence imposé par le gouvernement.
Déterminés à passer de l’autre côté de la Manche, les migrants d’aujourd’hui se sont approprié les techniques qui avaient déjà cours depuis de nombreuses années. Ils s’arrangent pour provoquer des embouteillages sur les routes qui passent aux abords de la « jungle » dans l’espoir que certains d’entre eux aient le temps de se cacher dans un camion destiné à franchir la frontière. La méthode est dangereuse, mais ils n’ont pas d’autres recours. Des centaines de personnes jouent donc régulièrement leurs vies le long des axes routiers avec pour seul espoir d’être assez agiles pour se cacher dans un poids lourd sans être remarqués. Les bénévoles des organisations qui viennent en aide aux migrants de Calais témoignent des risques auxquels ils s’exposent : nombre d’entre eux reviennent de ces expéditions le long des routes avec des membres cassés et de multiples blessures.
Alors que les migrants sont de plus en plus désespérés, la violence des chauffeurs routiers à leur encontre ne cesse de croître. Ils sont nombreux à s’être équipés de tasers, pour sedéfendre des « agressions » des migrants aux abords des frontières. Une arme à feu a même été saisie récemment dans un camion. Sur internet, les vidéos montrant des chauffeurs routiers faisant acte de violence envers des migrants - qui longent la route ou qui sont retrouvés cachés dans un camion - sont légion, et elles sont généralement postées par les chauffeurs eux-mêmes, comme un trophée de chasse. Sur Facebook par exemple, un groupe anglophone « pour la sécurité des chauffeurs routiers aux abords de la frontière française » est garni de vidéos toutes plus ignobles les unes que les autres. L’une montre un routier passant à tabac deux hommes qu’il a retrouvé cachés dans son camion. Une autre montre un conducteur de camion allemand qui fait un « canular » à deux migrantes en leur faisant croire qu’ils ont franchi la frontière anglo-saxonne alors qu’ils sont encore en France. Mais le summum est atteint avec la vidéo prise par un chauffeur hongrois, dans laquelle on voit de nombreux migrants sur la route et qu’il essaie de percuter au volant de son poids lourd, en riant.
Alors que l’état d’urgence et le contexte politique actuel rendent les frontières de plus en plus infranchissables, que l’hiver vient et va aggraver les conditions d’accueil des migrants à Calais et ailleurs, que les forces de répressions font preuve de toujours plus de violence. Les agissements de certains des chauffeurs routiers doivent être fermement dénoncés. Ce n’est que grâce à la solidarité avec ceux qui fuient la guerre et la misère et en luttant pour leurs droits et pour l’ouverture des frontières que la situation pourra s’améliorer, pour eux, mais aussi pour nous.
