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Il faut bien financer les cadeaux fiscaux…

Fin des contrats aidés : L’éducation nationale et les associations payent les pots cassés

Alors qu’il accumule les cadeaux pour les capitalistes financiers, le gouvernement Macron continue de taper sur les bases de la société. Avec ce qu’il appelle pudiquement un « gel » des contrats aidés, il finance ses mesures pour les plus riches en creusant le chômage, mais surtout en mettant le coup de grâce à une Education Nationale en sous-effectif et en dynamitant le fonctionnement de nombreuses associations.

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Une coupe brutale, des effets concrets

C’est dès la mi-août que Libération s’était procuré la demande du Ministère du Travail adressée aux préfets qui les enjoignait à en finir avec les contrats aidés. Plus précisément, dans la droite ligne de son discours du 9 août à l’Assemblée, la ministre Muriel Pénicaud demandait dès le second semestre 2017, c’est-à-dire immédiatement, l’arrêt de toute prescription de Contrats d’Insertion dans l’Emploi (CIE), les contrats aidés adressés au secteur marchand. Dans le même temps les Contrats d’Accompagnement dans l’Emploi (CAE), adressés au secteur non-marchand, devaient être strictement réservés à « l’outre-mer, l’Education Nationale, le secteur sanitaire et social » … Vraiment ?

Des 110000 contrats aidés restant pour boucler 2017, 50 000 sont réservés à l’Education Nationale, qui est ainsi présentée comme « grande gagnante » de ce tour de vis austéritaire puisqu’elle ne perd que 20 000 contrats aidés par rapport à la même période de l’année dernière ! Et les effets concrets de ces mesures se font déjà sentir ; contre les pseudo-priorités du gouvernement en faveur de l’éducation, la réalité a parlé et plusieurs communes d’outre-mer ont dû reporter d’une semaine la rentrée des classes.

Mais le plus dur est à venir : Edouard Philippe a annoncé une baisse massive des contrats aidés pour 2018, et de nombreux établissements du primaire et du secondaire ne pourront plus assurer correctement les services de restauration, d’aide aux élèves, de comptabilité des absences ou encore tout simplement assurer les règles de sécurité les plus basiques en termes de nombres d’adultes par élèves. Pour répondre à la crise, le gouvernement choisit donc de supprimer des contrats, qui restent cependant des emplois précaires, mais aussi de dynamiter les ressources des associations qui assurent au quotidien les tâches les plus élémentaires d’insertion dans les quartiers défavorisés.

Les associations au pilori

Pourtant, le gouvernement se prévaut d’avoir fait de son mieux dans un contexte difficile en ayant obtenu une rallonge budgétaire de Bercy pour 13 000 emplois aidés jusque fin 2017. Mais pour bien comprendre, il faut replacer les choses dans leur contexte : la loi de finance pour 2017 prévoyait 280 000 contrats aidés, alors que l’exécutif avait signé 456 000 contrats aidés en 2016. Cette sous-budgétisation chronique et complètement détachée des besoins réels a même été soulignée par la très droitière Cour des Comptes dans un rapport publié fin juin

Le gouvernement a donc demandé une rallonge permettant de porter le nombre total de contrats aidés à 293 000 pour 2017… soit 160 000 emplois de moins que les besoins constatés en 2016. Et comme le gouvernement Hollande voulait présenter le meilleur taux de chômage possible pour les élections, il a grignoté 60% de cette enveloppe avant l’élection. Résultat, le secteur associatif passe à la casserole pour que les écoles puissent tout de même ouvrir. Voilà une politique à la saveur bien amère alors que les plus riches ont vu leurs profits potentiels exploser avec la suppression de l’ISF sur le capital financier et la « flat tax » pour les plus riches.

Divisés entre Contrats Uniques d’Insertion (CUI) et Emplois d’Avenir, les CAE seront quasiment supprimés pour l’associatif ; les associations ne pourraient désormais bénéficier de contrats aidés qu’en justifiant que leur action se place dans « un champ d’urgence sanitaire et sociale », avec une enveloppe plus que jamais sous-dimensionnée. L’hypocrisie est bien réelle, puisque c’est précisément les associations les plus investies dans ce champ qui bénéficient du plus de contrats aidés. A titre d’exemple, les banques alimentaires emploient en moyenne 50% de leur effectif en contrats aidés…
Ni précariat, ni suppression de poste !
Le gouvernement prévoit de fermer le robinet en 2018 ; Edouard Phillipe le déclarant au Parisien début août, Muriel Pénicaud arguant devant l’Assemblée que les emplois aidés sont « inefficaces, coûteux, et ne permettent pas l’insertion ». Ce point de vue lunaire n’est malheureusement pas l’avis de la DARES, service statistique du Ministère du Travail, qui soutient que « l’utilisation de contrats aidés, notamment dans le secteur non-marchand, peut soutenir l’emploi à court-terme ». Trouver un travail favoriserait donc l’insertion professionnelle… pas si incroyable. Mais la Ministre n’est pas de cet avis, et va lutter contre le chômage en garnissant les files de Pôle-Emploi et en affaiblissant le soutien scolaire qui permet de lutter contre l’inégalité d’accès aux diplômes, en accord avec le chien de garde de l’austérité que l’on nomme Cour des Comptes.

Face à un gouvernement menant une politique explicite de soutien de la rente financière sur le dos de l’économie réelle des travailleurs, nous importe de demander mieux que le maintien ou l’augmentation des indispensables emplois aidés. N’oublions pas que ce sont des contrats précaires et qui n’ouvrent à aucune garantie d’emploi stable. Voilà peut-être un champ à explorer pour consoler Muriel Pénicaud sur l’insertion professionnelle : la « CDIsation » ou la titularisation des contrats aidés comme le demande SUD Education, l’augmentation de leur nombre et la diversification de leurs missions.
Quant au financement, pourquoi ne pas chercher du côté des 70 milliards d’évasion fiscale annuelle ? Du côté de l’annulation de la dette illégitime ? Du côté des dizaines de milliards de fraude annuelle à la Sécurité Sociale ? Les ressources restent nombreuses alors même que le capital financier s’est vu exonéré d’impôt. Il semble que l’intérêt des masses travailleuses soit, à nouveau, antagonique à celui du front bourgeois en marche.

Et la résistance s’organise ; le syndicat ASSO propose une carte interactive pour recenser toutes les suppressions de postes et leurs conséquences locales ( voir ici), une Assemblée Générale des Précaires de l’Education héritée du mouvement Loi Travail continue de s’organiser et aura beaucoup à faire dès la rentrée 2018 avec un nouveau choc négatif pour les contrats aidés, enfin associations et collectifs s’organisent à l’instar du quartier Franc-Moisin à Saint-Denis et de sa puissante lettre adressée au Premier Ministre. Seule l’organisation du camp des travailleurs pourra mettre fin à la dynamique infernale de suppression des acquis sociaux enclenchée dans les années 80, et conquérir une société équilibrée où l’on ne parlera plus d’emploi mais de travail, de chômage mais de temps libéré, de Présidents mais d’Assemblées.


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