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Mouvement ouvrier

Fin du bioplastique à Grandpuits : « Total a menti et menace de supprimer au moins 88 postes »

Ce mercredi 7 juin, lors d’un CSE exceptionnel, TotalEnergies a annoncé l’abandon d’une partie de son projet de reconversion des activités de la raffinerie de Grandpuits. Derrière le greenwashing, cette attaque menace 88 emplois.

Lorélia Fréjo

9 juin 2023

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Fin du bioplastique à Grandpuits : « Total a menti et menace de supprimer au moins 88 postes »

Credit photo : O phil des contrastes. Piquet de grève des raffineurs de Grandpuits. 2021

En décembre 2020, TotalEnergies annonçait vouloir arrêter les activités de raffinages du site de Grandpuits (Seine et Marne), mettant en scène une communication verte autour de la reconversion écologique de l’usine. Après une grève de 2 mois pour l’emploi mais aussi pour un réel projet de transition, en alliance avec des associations et militants écologistes, la fermeture de la raffinerie s’était soldée en mars 2021, par la suppression de 700 postes sur la raffinerie de Grandpuits.

Le plan (Galaxie) prévoyait alors la construction d’une usine de production de bioplastique (PLA) d’ici 2024. Mais TotalEnergies a annoncé hier, lors d’un CSE exceptionnel et dans un communiqué, « prendre acte de la décision de son partenaire Corbion de mettre fin au projet de production de bioplastiques en raison de la hausse des coûts ». L’entreprise Corbion leader néerlandais du marché de l’acide lactique, et du polyester renouvelable, était censé fournir les matériaux nécessaires au fonctionnement de l’usine de PLA.

Cet abandon menace a minima 88 postes, selon Adrien Cornet, représentant syndical CGT à l’usine Grandpuits. Pour lui, si l’entreprise explique qu’elle maintiendra les 250 postes du site négociés en 2020, il est évident qu’il y aura des plans de départs volontaires et des suppressions de postes. En effet, si TotalEnergies a annoncé se lancer dans les carburants « durables », et construire un bio-méthaniseur (transformation de déchet organique en gaz), pour compenser la fin du projet de biopétrole, cela ne sera pas suffisant pour sauvegarder le nombre d’emplois menacés. Pour le syndicaliste, si le géant pétrolier se cache derrière les arguments de Corbion sur la hausse des coûts, cette décision poursuit les objectifs de la destruction du site de Grandpuits. En effet, comme l’explique également Adrien : « On voit bien que toutes les promesses de Total étaient du vent. Depuis le début, on sait que le projet de reconversion n’allait pas aboutir, et que Total cherche seulement à délocaliser les activités de l’entreprise dans des pays où les normes sociales environnementales sont plus basses ».

Une situation que dénonce Adrien. « Total fait des milliards de bénéfices, difficile de croire qu’elle ne peut pas faire face aux augmentations de coût liés à l’inflation » s’insurge-t-il. Finis les grands projets soi-disant écologiques, la fin du projet de PLA menace l’ensemble de la reconversion du site et montre les ambitions réelles de Total : réduire les coûts et augmenter la rentabilité de son activité. En effet, de nombreuses études sur le bioplastique montrent qu’il ne s’agit pas d’un matériau écologique, du fait qu’il est produit à partir d’énormes quantité de maïs et qu’il ne peut être composté que de manière industrielle, à des températures au-dessus de 60°C. Par ailleurs, si Total abandonne le raffinage à Grandpuits, elle continue de développer des activités écocides à l’échelle mondiale, comme le projet pétrolier EACOP qui menace 2000 km2 de faune, 35 cours d’eau, 2 lacs et pas moins de 100 000 personnes, qui risquent d’être chassées de leurs terres.

Il ne faut donc pas se tromper, cette nouvelle attaque de TotalEnergies contre les salariés de Grandpuits, est tout sauf une bonne nouvelle pour l’écologie. Pour gagner contre l’entreprise, il faudra se battre aux côtés des raffineurs, pour une véritable transition écologique entre les mains des travailleurs, et non des entreprises écocides, qui font des bénéfices sur la destruction de la planète.


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