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Nous ne payerons pas leur crise

Fonderie MBH. La région veut temporiser en proposant un consortium public-privé

Le 25 mai a eu lieu une audience au tribunal de commerce de Dijon afin de statuer sur une proposition de reprise de la fonderie par un investisseur privé. Après un refus du tribunal et avec le soutien de l'Etat, la région propose un consortium public-privé. Pour les salariés déterminés à se battre pour le maintien de l'emploi, la lutte continue.

Prune Fabre

31 mai 2021

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Source photo : (JEAN-PHILIPPE KSIAZEK/AFP)

Comme nous l’expliquions dans un précédent article, la fonderie MBF Aluminium située près de Dijon est menacée de fermeture, elle est en redressement judiciaire depuis le 4 novembre 2020. Alors que les travailleurs sont en grève depuis près de 60 jours et que l’usine est occupée, lors de l’audience du tribunal de commerce de Dijon de mardi dernier, la seule candidature pour la reprise a été refusée. Ne pouvant se résoudre à acter la fermeture du site face à la combativité des salariés, le tribunal a temporisé en accordant un sixième délai, en s’appuyant sur une solution proposée dans les 48h avant l’audience.

En effet, la région Bourgogne-Franche-Comté, avec l’accord de l’Etat, souhaiterait s’engager dans la constitution d’un consortium public-privé. Ce consortium rassemblerait une participation à hauteur de 33% de la région Bourgogne-Franche-Comté et 67 % de capitaux privés. Cette solution impliquerait des investisseurs (toujours à trouver), en collaboration avec Bercy, et même la participation des salariés. Bail Yalcin, délégué CGT de cette fonderie d’aluminium et cité par Les Échos revient sur cette proposition : « L’idée serait d’amener environ 200.000 euros et une centaine de salariés sont prêts à s’engager ». La prochaine audience où de potentiels investisseurs seront proposés aura lieu le 15 juin.

Dans cette situation, l’usine n’est toujours pas protégée de la liquidation judiciaire précipitée par Renault qui a annulé les deux tiers d’une importante commande pour la faire produire en Espagne. De plus avec cette stratégie, l’avenir des 270 salariés demeure soumise au bon vouloir des pouvoirs publics et, surtout, des investisseurs privés.

Par ailleurs, la fonderie MBF Aluminium est loin d’être un cas isolé. De nombreux autres sites rattachés notamment à Renault et Peugeot sont menacés de fermeture : les fonderies de Bretagne (340 salariés), l’usine SAM en Aveyron (365 salariés), la Fonderie du Poitou et l’ex-Française de roue (850 salariés en tout). Plus largement, d’après l’INSEE, ce sont plus 700 000 qui ont été détruits depuis le début de la crise sanitaire. Paru en décembre 2020, ce chiffre n’a depuis fait que s’accroître avec les nombreux PSE qui augmentent chaque semaine ainsi que les procédures de licenciement collectif, qui se passent souvent dans le silence, et qui se font hors PSE quand le nombre d’emplois supprimés concerne moins de 10 salariés.

C’est pour cela que la proposition de la région, appuyée par l’accord de l’Etat, n’est pas une solution viable pour les travailleurs. En effet, le financement par la région ne fournit de "sécurité" qu’aux investisseurs privés, qui seront libres de licencier. Ces plans de suppressions d’emplois, cités plus haut en sont la malheureuse preuve.

Face à ce constat, il nous faut un vrai plan de bataille, non plus à l’échelle de chaque boîte mais dans l’ensemble du pays, pour éviter les fermetures d’emplois, généralisant les démonstrations qu’ont courageusement mené les salariés de cette fonderie au cours des deux derniers mois : ce plan de bataille passera par la construction d’un rapport de forces par la grève pour refuser de « négocier le poids des chaînes ». Pour ce faire, il est indispensable de se doter d’un programme conséquent, qui vaut la peine de se battre : il y a ainsi urgence à exiger l’interdiction des licenciements ainsi que des suppressions d’emplois, mais aussi la fin des emplois précaires et toutes les baisses de salaires. Il est également indispensable face au chômage de masse d’exiger le partage du temps de travail, sans baisse de revenu. L’ensemble de ces revendications ne peut être obtenu sans une importante bataille, mobilisant l’ensemble de notre classe. Cela implique une rupture vis-à-vis de la logique de dialogue social privilégiée par les directions syndicales, afin d’imposer une réelle alternative au monde de chômage et d’extrême précarité qui nous est imposé par le gouvernement et par le grand patronat. Car n’est pas aux salariés de la fonderie MBF mais bien aux patrons de Renault de payer la crise.


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