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Plus de 4 milliards d’euros dépensés

Foot-Business. Un mercato fou… dans la lignée des années précédentes

Le record de vente de Paul Pogba est aujourd’hui un lointain souvenir. Pour beaucoup d’observateurs du football, le mercato estival 2017 marque un tournant au niveau de « l’inflation des prix ». Pourtant, la courbe est en augmentation constante ces dernières années.

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Crédit photo : Maxppp

Une courbe exponentielle depuis 2010

L’arrivée de Neymar au PSG pour 222 millions d’euros a, en plus de pulvériser le précédent record (Paul Pogba, de la Juventus Turin à Manchester United pour 105M€), fait couler beaucoup d’encre. En effet, de nombreux observateurs et personnalités du football se sont offusqués du prix du transfert de la star brésilienne, condamnant le fait qu’un pays (en l’occurrence, le Qatar) dérégule le marché, le tout en contournant le fameux (et décrié) « fair play financier » de l’UEFA. Depuis, deux transfert ont à leur tour dépassé la barre des 100 millions. Kylian Mbappé, (de Monaco à Paris pour un prêt avec obligation d’achat de 180M€) et Ousmane Dembélé (de Dortmund à Barcelone pour 145M€, bonus compris). Autant d’éléments qui laissent à penser qu’effectivement, le mercato estival 2017 marque un tournant dans l’explosion des prix. Pourtant, et comme le montre le graphique ci dessous (publié sur le compte twitter CIES_Football le 23 août, et ne prenant donc pas en compte les derniers transferts), force est de constater que la cuvée 2017 des transactions pharamineuses ne fait que s’inscrire dans une courbe d’inflation régulière.

Le mercato fou de 2017 s’inscrit donc dans la continuité des cuvées précédentes. Le transfert de Neymar, quant à lui, fait figure d’exception. En effet, le Qatar ne disposant pas de force armée puissante, a développé toute une stratégie de défense autour du « soft power ». En d’autres mots, l’utilisation du sport pour s’imposer comme une nation qui compte sur la carte mondiale. Après la crise du Golfe cet été, le Qatar a donc décidé de frapper fort, et a offert à sa vitrine parisienne l’arrivée de la star brésilienne. Pour le reste, les chiffres faramineux de l’été 2017 s’inscrivent directement dans la courbe ascendante des prix qui règne sur la planète football.

8 clubs à plus de 500 millions d’euros dépensés sur les 5 dernières années

Aussi incroyable que cela puisse paraître, le club du Paris Saint Germain n’est « que » le quatrième club le plus dépensier sur les 5 dernières années. Un classement dominé par Manchester City, propriété d’un prince émirati. Globalement, et comme le montre le graphique publié sur le compte twitter nikpostinger, les chiffres montrent une certaine répartition harmonieuse des dépenses entre les différents club. 8 clubs différents ont ainsi investi plus d’un demi milliard d’euros ces 5 dernières années.

Les états majors des plus grands clubs européens, qui sont montés au créneau contre le PSG, comme Barcelone, le Réal Madrid ou encore la Juventus Turin, ont donc beau jeu de crier au scandale de l’inflation des prix. La réalité, c’est que le club de la capitale hexagonale est désormais un concurrent direct, désireux de s’installer dans l’élite du football européen et mondial.

La mort du « football populaire »

Ce que le mercato 2017 a démontré avec force au travers de transferts spectaculaires et scandaleux au niveau des prix, ce sont bel et bien les dérives du foot business qui sévit depuis plusieurs dizaines d’années. Au bout de la chaîne, ce sont les « petits » qui en sont les victimes. Et quand on parle de « petits », il s’agit bien évidemment du football amateur dans sa globalité.

Les autres victimes sont bien évidemment les supporters. En effet, dans le cadre de fair play financier, les clubs se retrouvent dans l’obligation de « rentrer » autant d’argent que ce qui est dépensé. Le prix des maillots a ainsi significativement explosé ces dernières années, tout comme le prix des places dans les stades (ce qui, inévitablement, conduit à une « gentrification des stades ») et les droits TV des championnats et grandes compétitions, raflé par des chaînes privés bien entendu payantes. De fil en aiguille, tous les aspects « populaires » du sport le plus apprécié au monde sont systématiquement broyés par le système du « foot business ». Une machine bien huilée qui n’a pas fini de tourner a plein régime, et au sein de laquelle se nourrit un nombre croissant d’intermédiaires, comme les agents qui aujourd’hui touchent des sommes astronomiques en primes et pour lesquels l’inflation des prix n’est synonyme que de dividende supplémentaire, les présidents délégués chargés par les propriétaires de gérer les clubs, etc. Qu’on se le dise, si le mercato 2017 aura été celui de « tous les records », il y a fort à parier que la cuvée 2018 l’effacera des tablettes.


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