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« Premiers de cordée »

France 2030 : Macron annonce de nouveaux cadeaux au patronat et des attaques d’ampleur contre notre classe

Derrière la rhétorique de la relance, Macron annonçait ce mardi un plan d’investissement dans la continuité de sa politique de l’offre, à base de nouveaux cadeaux au patronat et promet de nouvelles attaques d’ampleur contre le monde du travail. Un moyen de renforcer ses engagements au patronat tout en se positionnant sur le terrain électoral en vue de 2022.

Hélène Angelou

13 octobre 2021

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Crédits photo : AFP

Après en avoir présenté les grandes lignes à l’occasion de la clôture de l’événement BPI France Inno génération devant un parterre de chefs d’entreprise, Macron détaillait ce mardi 12 octobre son plan d’investissement « France 2030 ». Un plan à hauteur de 30 milliards d’euros étalés sur une période de 5 ans qui prend la suite du « quoi qu’il en coûte » puis du plan de relance, et présenté à ce titre comme « le nouvel étage de la fusée ». Un étage très politique puisque le plan sera de fait subordonné à sa réélection, et que c’est ainsi un véritable projet de communication pour 2022 que s’est offert le candidat Macron.

Tout au long de son discours, Macron aainsi cherché à retrouver l’image de réformateur qui l’avait porté en 2017. En introduction, évoquant le défi « climatique », les inégalités, mais également le « défi démographique », Macron a alterné entre les thèmes sociaux, écolos mais aussi les clins d’œil à l’extrême-droite, affirmant que la démographie créait beaucoup « de tensions aussi entre différentes régions du monde par les migrations. » Il en a profité pour revenir sur un bilan idyllique de la crise sanitaire, occultant sa gestion catastrophique et pro-patornale. « Personne ne pensait qu’on pourrait manquer de masques » a-t-il ainsi expliqué tranquillement avant de noter « on a tenu parce que la nation a décidé d’investir pour être solidaire. »

Macron a ensuite déroulé un plan qui associe cadeaux au patronat et promesses d’attaques contre le monde du travail.

Des milliards pour le patronat sous couvert de plan écologique

Le plan présenté par Macron s’est inscrit dans la lignée des cadeaux réalisés tout au long de la crise sanitaire : des milliards pour le patronat. « La politique sociale et la politique de la demande la plus efficace, c’est une politique de l’offre. La meilleure politique de pouvoir d’achat, c’est la création d’emplois, la préservation de l’emploi et la défense de l’entreprise. Et ça marche ! » a ainsi expliqué Macron lors de son discours. Au total ce sont 30 milliards d’euros qui vont être distribués par l’État.

Des cadeaux que Macron a inscrit dans le cadre d’un discours évoquant la défense de la « souveraineté » française par la réindustrialisation alliant « la France des start up et la France industrielle ». Le nouveau modèle entend ainsi dialoguer avec qui les critiques développées durant la crise du Covid concernant les limites de l’industrie française, mais aussi être au service du développement de « secteurs d’avenir » en lien avec le « défi climatique », dont la solution devra venir du patronat, encouragé par l’État.

Parmi les objectifs concernant l’énergie et la décarbonation, financés à hauteur de 8 milliards d’euros : « faire émerger en France, d’ici à 2030, des réacteurs nucléaires de petite taille innovants », « devenir le leader de l’hydrogène vert en 2030 » ou encore « décarboner l’industrie » en réduisant de 35% les émissions du secteur d’ici 2030. Des objectifs généraux, qui tiennent en partie du greenwashing, de la déclaration d’intentions, mais qui risquent par ailleurs d’être payés par les travailleurs comme cela a été le cas lors du projet de reconversion « verte » de Grandpuits.

En complément de ces éléments, Macron a développé 7 autres objectifs, plus ou moins vagues et plus ou moins financés par l’Etat. Ainsi, le Président a annoncé 4 milliards d’investissements sur le volet transports, pour aider le patronat milliardaire de l’automobile, qui pourrait supprimer 45.000 emplois dans les trois ans, à augmenter sa production de véhicules hybrides, et le patronat de l’aéronatique à produire un « avion bas carbone ». Il a également évoqué 2 milliards pour une « alimentation saine et durable » avant de multiplier les objectifs flous - « prendre toute notre part à la nouvelle aventure spatiale », « placer la France à nouveau en tête de la production des contenus culturels et créatifs », « investir dans le champ des fonds marins », ou encore « produire 20 biomédicaments contre les cancers et maladies chroniques » et innover dans la santé.

Un discours de campagne mêlant réponse aux préoccupations écologiques et sanitaires, mais avec une constante : ce sera au patronat de prendre en main ces transformations. Ainsi, les annonces d’investissement de 7 milliards d’euros dans les entreprises pharmaceutiques privées sont à mettre au regard du projet de loi de finances qui comprend par exemple la baisse du budget de la santé mais aussi des hausses du budget de l’Éducation nationale ou de la Recherche extrêmement limitées par rapport aux besoins. Dans la veine de ce plan France 2030 de classe, Macron n’a d’ailleurs pas hésité à annoncer de nouvelles attaques contre le monde du travail.

La promesse d’attaques d’ampleur sur le terrain social

Derrière ses annonces, il était question pour Macron de dessiner les grandes lignes de sa politique pour 2022, dans la continuité de son mandat. Et c’est notamment les réformes structurelles sur le terrain social, souhaitées de longue date par la bourgeoisie que le président a décliné à la suite de ses milliards pour les patrons. Des réformes qui constituent des attaques de grande ampleur contre notre classe.

La question du temps de travail a notamment été soulevée par Macron. « Quand on se compare, nous sommes un pays qui travaille moins que les autres en quantité. Ça reste vrai. Et donc nous avons une quantité de travail allouée qui n’est pas au bon niveau, à la fois dans le cycle de vie et en horaires cumulées » a-t-il prétendu. Un mensonge total, mais qui permet d’évoquer sa volonté de faire travailler plus, probablement en référence à un allongement de la durée légale du temps de travail hebdomadaire ou du report de l’âge de départ à la retraite, une mesure déjà agitée à plusieurs reprises dans les derniers mois de son mandat.

Dans le même sens, évoquant notre « modèle social », Macron a agité sa volonté d’ « améliorer l’efficacité de la dépense publique ». Une rhétorique dont on connaît les traductions concrètes : réduction du montant des aides, durcissement des conditions d’octroi des allocations, flicage des allocataires. Une façon d’annoncer sans le dire de nouvelles attaques à venir, quelques semaines après l’entrée en vigueur de la contre-réforme de l’assurance-chômage.

Parc ce plan d’investissement électoral, dont une très petite partie seulement est prévue pour 2022, Macron a donc cherché à surfer sur la question de la relance. Son plan synthétise la vision du chef de l’Etat : des milliards d’euros de cadeaux au patronat et une accélération des attaques sociales contre les travailleurs. Un moyen de se positionner pour 2022 avec de nouveaux gages financiers pour les entreprises, une bonne dose de greenwashing et de nouvelles attaques contre le monde du travail. Des attaques face auxquelles il faut se préparer à riposter.


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