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Hollande, va-t-en guerre, plus que jamais

Frappes en Syrie : une nouvelle intervention impérialiste française actée à l’Assemblée

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Yano Lesage

Mardi 15 septembre, un débat sur l’action militaire française était organisé à l’Assemblée Nationale en présence des membres du gouvernement. Un débat de façade, sans vote, dont le président François Hollande, en bon premier chef des armées, avait déjà annoncé l’issue la veille : « Nous avons annoncé des vols de reconnaissance permettant d’envisager des frappes si c’était nécessaire, et ce sera nécessaire en Syrie ». Tout était dit. Et, parmi les rangs des députés, y compris communistes, aucune voix ne s’est élevée pour contester cette énième manifestation de l’impérialisme français.

Manuel Valls a ouvert le bal. En invoquant « la légitime défense » de la France, il a annoncé que la France s’engagerait seule, en dehors de la coalition menée par Washington, dans des opérations de bombardements aériens. Elle choisira seule, également, les objectifs à frapper. Soutenant la coalition menée par Washington en Irak, l’inflexion de la politique française et son choix d’intervenir seule en Syrie reflète aussi le retournement de la politique de Washington à l’égard de Bachar El-Assad, considéré actuellement comme un allié potentiel dans la lutte contre l’Etat Islamique.

Si, pour l’instant la question d’une intervention au sol n’est pas posée, M. Valls a affirmé les réticences du gouvernement à envoyer seules des troupes en Syrie – le souvenir du bourbier afghan et irakien n’est pas loin -, il a toutefois assuré qu’une coalition terrestre de pays dans la région pour « libérer la Syrie » du groupe Etat Islamique aurait le « soutien de la France ».

Un débat sans vote qui acte l’engagement unilatéral de la France en Syrie

Le débat devait porter sur la mise en place de « vols de reconnaissance sur le territoire syrien ». Suite aux déclarations de François Hollande, lundi dernier, qui a annoncé que ces opérations étaient effectives depuis bientôt une semaine, l’intitulé a donc changé pour porter sur « l’engagement des forces aériennes au dessus du territoire syrien », prochaine étape de l’opération militaire. Pourtant, sur ce point également, François Hollande avait été clair : « des frappes » seront « nécessaires en Syrie », ne laissant pas le bénéfice du doute sur l’issue d’un débat, qui plus est, sans vote.

Quoiqu’il en soit, les députés s’en sont donc, malgré tout, donné à cœur joie pour singer un débat, sans aucune conséquence, dans ce haut-lieu de simulacre de démocratie que constitue l’Assemblée Nationale. Car en dernier ressort, le président de la si peu démocratique Vème République française, constitue le premier chef des armées et décide seul. Le débat sans vote à l’Assemblée Nationale, devenue simple chambre d’enregistrement, ne consiste qu’à enrober l’intervention militaire d’une pseudo-légitimité démocratique. Et à ce jeu de dupe, les députés, toutes couleurs politiques confondues, ont collaboré.

L’unanimité sur l’intervention, des divisions sur la forme de l’offensive impérialiste

De droite comme de gauche, l’intervention française en Syrie a été soutenue. C’est seulement les formes de ces interventions qui ont fait débat.

Du côté des Républicains, les avis étaient partagés sur la question de l’envoi des troupes au sol. Tout en critiquant les tergiversations de François Hollande, dans un premier temps opposé à toute intervention, la droite a de nouveau fait mauvaise figure en terme d’unité : d’un côté, les partisans de l’intervention terrestre, incarné par Christian Jacob, Bruno Lemaire, ou Xavier Bertrand, sur une ligne plus sarkoziste, et de l’autre, Pierre Lellouche, sur la même ligne que François Fillon et Alain Juppé.

Du côté de la gauche de la gauche, le député André Chassaigne, pourtant antérieurement opposé à toute intervention en Syrie, a seulement regretté l’engagement unilatéral de la France, et les opérations de « bombardements aériens en dehors de tout mandat de l’ONU ». « Un cavalier seul de la France en Syrie ne ferait qu’éloigner la perspective d’une grande coalition contre Daech, notamment avec les russes », a-t-il déclaré.

C’est avec ces objectifs extrêmement flous que la France s’engage aujourd’hui en Syrie, par une énième intervention dans une région âprement disputée par les grandes puissances internationales. Au cœur des enjeux géostratégiques, la Syrie constitue une nouvelle étape du redéploiement de l’impérialisme français depuis les bouleversements des Printemps arabes de 2011. Derrière l’instrumentalisation de la crise migratoire et de la menace terroriste, l’intervention française n’a, quoique le gouvernement français en dise, bien évidemment aucun objectif humanitaire, mais bien la défense de ses propres intérêts.


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