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Vraiment tous pourris

Fraude sur les comptes de campagne. Marine Le Pen joue la carte de l’intox

Lors de sa dernière interview en date sur la Chaîne parlementaire jeudi 2 février, Marine Le Pen n'a pas hésité à jouer la carte de l'intox au sujet des « casseroles » que traînent son parti. Lorsque la présidente du FN est interrogée sur l'enquête judiciaire qui concerne le financement de la campagne de 2012, elle se contente de rétorquer qu'elle « n'a aucune inquiétude » et que « le modèle de financement qui a été mis en œuvre a été quatre fois soumis au contrôle de la commission des comptes de campagne ». L'affaire s'arrêterait donc ici : circulez, il n'y a rien a voir… et pourtant ! Charlotte Verdier

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Dès le début de son interview, Marine Le Pen est questionnée sur « l’affaire Fillon ». Elle explique que Fillon a « utilisé un certain nombre de manœuvres pour s’enrichir personnellement, du moins enrichir sa famille » et qu’en conséquence, « il y a une relation de confiance qui s’est rompue ». Celle qui a longtemps surfé sur le « tous pourris », pour se démarquer du reste de la classe politique, ressort une nouvelle fois sa douce musique. D’ailleurs quand le journaliste lui demande « A sa place, vous feriez quoi ? », elle insiste bien sur le fait qu’elle « ne sera jamais à sa place ».

Sauf que… sans plus attendre, les journalistes enchaînent avec l’affaire du financement de la campagne de 2012, affaire dans laquelle le FN est accusé de « recel d’abus de biens sociaux » et de « complicité d’escroquerie ». Madame Le Pen est moins loquace et stoppe net les journalistes, en affirmant seulement qu’elle n’a « aucune inquiétude » et que les financements en questions ont été validés par la commission des comptes de campagne. Or la commission de campagne a reconnu ne pas avoir eu le temps, lors de son premier examen, d’étudier en détail les comptes de campagne, c’est pourquoi un second examen a été réalisé, révélant une sur-évaluation des comptes de campagne à hauteur de 1,2 millions d’euros !

Le FN est en plus accusé d’avoir mis en place, lors de ces mêmes élections législatives de 2012, un système d’enrichissement frauduleux avec de l’argent public. Le FN avait alors obligé tous les candidats du parti à acheter un « kit de campagne » d’une valeur de 16 650 € pièces, comprenant l’ensemble du matériel électoral (affiches, tracts, site web…), et conçu par la société Riwal, dirigée par Frédéric Chatillon, un ami proche de Marine Le Pen. Si les candidats ne pouvaient débourser la somme, le micro-parti Jeanne, dirigé par d’autres amis proches de Marine Le Pen, leur proposait un prêt à 6,5 %. Le tout bien entendu remboursé in fine par l’État au titre de « frais de campagne ». Une instruction a été ouverte, les juges d’instruction soupçonnant un système d’enrichissement frauduleux avec de l’argent public, via des prestations surfacturées : en un mot, une vraie escroquerie. Le Front national, deux de ses dirigeants et la société Riwal, ont d’ailleurs été mis en cause dans cette affaire.

Marine Le Pen et son Front national n’échappent pas à la règle qu’elle semblait elle-même avoir édictée : « tous pourris » ! Mais plutôt que de répondre devant la justice, elle préfère se poser sur les plateaux télé en victime du système en affirmant que « à partir du jour à le FN est devenu le premier parti de France aux européennes, le ciel nous est tombé sur la tête », « mais on a l’habitude au FN d’être traqués, harcelés… on y fait face ».

Mais l’habitude, c’est plutôt celle de magouiller et d’escroquer que le FN a su développer. En témoignent les dernières affaires, et notamment celle liée à l’emploi fictif de l’assistante parlementaire de Marine Le Pen à Bruxelles qui aurait empoché plus de 300 000 € sans arriver à fournir les preuves de sa présence réelle au Parlement. Sans oublier l’avant-dernier chapitre, lorsqu’on a appris que la famille Le Pen avait sous-estimé ses actifs et son patrimoine immobilier, représentant plus d’un million d’euros. Si dans son interview Marine Le Pen s’amusait en déclarant : « Il n’y a pas l’affaire Fillon, mais plusieurs affaires Fillon », on pourrait lui renvoyer le compliment : « Chez les Le Pen, il y a aussi beaucoup d’affaires » !


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