Un face à face qui dure depuis des mois
Le camp de Vintimille, situé à une centaine de mètres de la frontière française, était en quelque sorte un camp de transit, où les migrants attendaient le moment opportun pour rallier la France. Depuis la création du camp, les patrouilles à la frontière ont été renforcées, pour dissuader les nouveaux arrivants de passer. Ils étaient soutenus par des militants issus de différentes organisations (No Borders, Médecins Du Monde...), qui leur avaient permis d’avoir accès à l’eau et à l’électricité en la détournant. C’est justement l’un des motifs, invoqués par le tribunal d’Imperia, qui a mené à cette évacuation. Après un rapport de force opposant les migrants et les militants aux policiers et carabiniers italiens, qui dure depuis le mois de juin, la situation a atteint son paroxysme dans la journée de mercredi. La justice italienne a déclaré qu’il s’agissait d’une « occupation illégale du domaine public » impliquant un « vol d’eau et d’électricité ».
Mercredi matin, les forces de l’ordre sont arrivées sur les lieux et ont formé un cordon autour de la trentaine de migrants qui n’avaient pas fui à l’annonce de l’évacuation, et de la vingtaine de militants venus les soutenir. Cernés par la police, les carabiniers ainsi que les vagues, certains d’entre eux ont menacé de se jeter à l’eau si on ne les laissait pas partir. Dans le même temps, la frontière franco-italienne était complètement bouclée, et les tentes et les sacs se trouvant dans le camp étaient retournés par des bulldozers.
Dans l’après-midi, les médias ont annoncé que la situation s’était dénouée. Soi-disant grâce à la médiation de l’évêque de Vintimille, un accord aurait été trouvé entre les migrants et la police. La trentaine de réfugiés érythréens et soudanais qui s’est opposée aux forces de l’ordre a été emmenée au centre d’accueil de la Croix-Rouge de Vintimille, tandis que les militants ont été interpellés et seront entendus par la police.
Mais peut-on vraiment parler d’accord, alors que les personnes concernées voyaient leurs affaires détruites sous leurs yeux, étaient encerclés de toute part et n’avaient pas d’autre choix que se rendre ou sauter à l’eau ?

Une Europe aux frontières de plus en plus hermétiques
Ces événements déplorables s’inscrivent en toute logique dans la politique des Etats impérialistes européens :renforcer les frontières et contrôler chaque arrivée. Tandis que les personnalités politiques se complaisent à parler de quotas, de terre d’accueil et autres joyeusetés, des centaines de milliers de personnes, fuyant la misère et la guerre, meurent ou se retrouvent bloquées et parquées dans des camps aux frontières des pays qu’ils considèrent bien souvent comme leur seul espoir de survie.
Pourchassés par les forces de l’ordre, accueillis dans des conditions insalubres, les migrants font les frais d’une politique impérialiste et de l’Europe-forteresse que nos gouvernements se sont efforcés de construire. Masqués par de beaux discours humanistes, les politiques réactionnaires des puissances européennes s’expriment violemment depuis le début de la crise migratoire. Des morts en méditerranée à ceux de Calais. Des barbelés hongrois aux hot-spots et autres camps pour réfugiés. Des interventions en Irak aux bombardement en Syrie.