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Des affrontements ont éclaté dès l'annonce des résultats

Gabon. Ali Bongo « réélu ». Des manifestants ont pris d’assaut et incendié l’Assemblée Nationale

Ce mercredi 31 août, Ali Bongo a été réélu président du Gabon, à 6000 voix d'écart de son concurrent Jean Ping, après une élection sur laquelle planent de nombreuses zones d'ombres. Dès l'annonce des résultats, des manifestants ont pris d'assaut et incendié l'Assemblée Nationale à Libreville. Frédéric Apoyo

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Dès l’annonce des résultats, Jean Ping a protesté. Il faut dire que de nombreuses zones d’ombre entourent le scrutin qui a abouti à la réélection d’Ali Bongo pour un deuxième mandat consécutif. À titre d’exemple, dans la province du Haut-Ogoué, fief de la famille Bongo, on recense un taux de participation de 99,93%, et 95% des voix au président sortant. Quant on sait que le résultat final s’est joué à 6 000 voix près et que le taux de participation dans le reste du pays est autour de 60%, il est peu dire que ces chiffres ont pesé dans la balance. Et le message limpide : au Gabon, le pouvoir est avant tout une histoire de famille, et ce depuis maintenant 50 ans.

Celle de la famille Bongo en l’occurrence, où le fils Ali a succédé en 2009 au père, Omar, qui a tenu les rênes du pouvoir pendant plus de 41 ans. Une histoire très étroitement liée à celle de la France, par delà l’histoire coloniale entre les deux pays. Omar Bongo ayant été membre de l’armée de l’air et des services secrets français tandis qu’Ali a suivi ses études à l’université Paris 1. En contrepartie, il va sans dire que le Gabon est une terre accueillante pour les multinationales françaises, venant piller le pays sous la bénédiction d’une dynastie docile qu’elles ont elles-mêmes mis en place. Et Bongo père a été de toutes les opérations officielles ou non de l’impérialisme français, des attaques économiques contre la Guinée de Sékou Touré aux ventes d’armes en Angola en passant par la guerre du Biafra au Nigeria.

L’Assemblée Nationale incendiée. La police tire à balles réelles ?

Dès l’annonce des résultats, et comme l’instabilité politique ambiante le laissait présager, des milliers de manifestants ont pris possession de la rue pour contester ce qui apparaît clairement comme une mascarade. D’autant que sa première élection en septembre 2009 tenait elle aussi déjà du coup d’Etat, et avait déjà été largement contestée. Très vite, des affrontements ont eu lieu et l’Assemblée Nationale a été prise d’assaut, puis incendiée, à Libreville. Très rapidement, Jean Ping a exhorté la communauté internationale à « vite réagir ». En effet, ce dernier a affirmé que la garde présidentielle avait « reçu l’ordre de tirer sur les populations ». Un potentiel carnage en perspective donc, qui s’il n’a pas entamé la détermination des opposants, exige une condamnation ferme. Comme nous pouvions nous en douter, celle-ci ne viendra pas de l’exécutif français, qui s’est seulement déclaré « préoccupé » par la situation. Ou plutôt, au vu des accointances entre l’État français et ses fidèles laquais de la famille Bongo, le gouvernement s’inquiète plus particulièrement d’une instabilité politique pouvant affecter les intérêts privés des multinationales implantées dans le pays et dans la sous-région qui est déjà affectée, à l’Est, par la crise centrafricaine où intervient toujours l’armée française et, au Nord, par le phénomène Boko Haram.

Qu’on se le dise, Jean Ping est loin d’être une alternative aux Bongo étant donnés ses liens personnels tout aussi étroits avec la France. Cependant, la révolte du peuple gabonais est on ne peut plus légitime face à cette mascarade électorale qui maintient, décennie après décennie, les mêmes monarques à la tête du pays. Face à la répression sanglante qui s’abat actuellement à Libreville sur l’ensemble des travailleurs et masses populaires, il s’agit avant tout d’afficher une solidarité de classe internationaliste envers les opposants, tout en dénonçant implacablement le rôle central de notre propre impérialisme dans cette situation. Car si le peuple gabonais est opprimé comme jamais, c’est avant tout pour préserver les intérêts économiques de la bourgeoisie française et d’une élite soumise et parasite sur place.


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