×

Tribune

« Good Time » : immersion dans les bas-fonds new-yorkais

Les deux frères Nikas braquent une banque. Suite à ce braquage Nick (Benny Safdie), qui est handicapé, se fait arrêter. Connie (Robert Pattinson) va tenter de le faire évader. Ce sera alors le début d’une longue nuit intense dans les rues de New York…

Facebook Twitter

Par Erica Farges
Blog : Le blog de Erica Farges

Originaires du Queens, les frères Safdie se sont inspiré de leur propre vécu pour réaliser Good Time. Il en ressort une grande authenticité des personnages et des lieux du film. Les personnages sont ceux que les deux frères ont côtoyé en grandissant, des gens de tous les jours qui travaillent, se débrouillent, vivent leurs vies et survivent dans la mesure du possible, inspirés des amis de leur père et de leurs propres connaissances. Il y a un tel soucis de justesse dans l’écriture et la construction des personnages, qu’un ancien détenu, Buddy Duress, qui avait déjà travaillé avec les frères Safdie dans Mad Love in New York (Heaven Knows What, 2014), a été choisi pour interpréter le rôle de Ray, l’un des criminels du film. L’acteur puise dans sa propre expérience personnelle pour composer son personnage. Benny Safdie est très convaincant dans le rôle du frère handicapé et Robert Pattinson a fait plusieurs nuits blanches afin de rentrer dans la peau de son personnage, privé de sommeil pendant tout le film. Les personnages de Good Time sont de vrais antihéros qui ne brillent ni par leur présence, ni par leur personnalité ou leurs actions, contrairement aux gangsters charismatiques souvent présents dans les films.

Les lieux de tournage sont ceux où Joshua et Benny Safdie ont joué, ont fait leurs premières expériences de vie. L’enfance des frères Safdie dans le Queens aux côtés de leur père a une très forte influence sur leur filmographie. En effet, certains aspects de Lenny and the Kids (Daddy Longlegs, 2009) s’inspirent directement du quotidien avec leur père, avec lequel les frères entretiennent une relation ambiguë, entre la haine à cause de sa négligence, voire de sa maltraitance, vis-à-vis d’eux et la complicité que les trois hommes entretiennent autour du cinéma.
L’action principale du film se déroule sur une nuit dans un New York sombre et dangereux, un New York qui est souvent considéré comme ayant été éradiqué et gentrifié par les années Giuliani, loin de l’image de carte postale habituellement associée à cette ville, entrainant un condensé d’action pulsée par les lumières nocturnes de la ville, l’urgence de la situation est palpable. La nuit dans laquelle se déroule le récit permet d’éveiller cette facette new-yorkaise enfouie et sombre avec une relation particulière à la temporalité qui est introduite par le simple titre du film. C’est surtout la relation entre Connie et son frère, Nick, qui donne la dynamique du récit, bien que Nick soit physiquement absent pendant la majorité du film.

Good Time montre des personnages prêts à tout pour sortir de leur condition d’origine, y compris à avoir recours au crime et à l’arnaque, à un instant précis qui aurait très bien pu ne jamais avoir eu lieu tant le destin des protagonistes semble déjà scellé. Le fait de voir ces personnages irrémédiablement coincés dans un cercle vicieux bouleverse et perturbe, malgré leurs actions néfastes et leur banalité.

Erica Farges


Facebook Twitter
Servir la révolution par les moyens de l'art. Il était une fois la FIARI

Servir la révolution par les moyens de l’art. Il était une fois la FIARI

Diplôme d'Etat imposé pour les « danses populaires » : les professionnels du secteur se mobilisent

Diplôme d’Etat imposé pour les « danses populaires » : les professionnels du secteur se mobilisent

Flic, schmitt ou condé ? Ne pas se tromper

Flic, schmitt ou condé ? Ne pas se tromper

« Pauvres créatures » : un conte philosophique ambigu sur l'émancipation féministe

« Pauvres créatures » : un conte philosophique ambigu sur l’émancipation féministe

La poupée et la bête : tragédie et amour dans le dernier film de Bertrand Bonello

La poupée et la bête : tragédie et amour dans le dernier film de Bertrand Bonello

« Le monde réel est Harkonnen » : Dune 2, blockbuster anticolonial ?

« Le monde réel est Harkonnen » : Dune 2, blockbuster anticolonial ?


CCCP : rock alternatif et « fin des idéologies » en Italie

CCCP : rock alternatif et « fin des idéologies » en Italie

A la Berlinale, le soutien de cinéastes à la Palestine s'exprime malgré la répression d'État

A la Berlinale, le soutien de cinéastes à la Palestine s’exprime malgré la répression d’État