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Malgré l’accord avec l’UE, Cameron perd du terrain face aux eurosceptiques

Grande-Bretagne : Brexit ou pas Brexit ?

N. Kirmizi En négociation avec la Commission européenne depuis plusieurs mois, David Cameron, Premier ministre britannique, a largement obtenu satisfaction à ses demandes, dans un accord qui devait être la condition de son soutien politique au maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union Européenne. Tandis que le référendum qui décidera de la poursuite ou non de l’appartenance de la Grande-Bretagne à l’Union Européenne, prévu en juin prochain, avance à grand pas, le gouvernement Cameron fait des bras et des mains pour être en mesure de tenir une position pro-UE tout en préservant ses chances de reconduction au pouvoir.

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Alors que l’euroscepticisme aux accents nationalistes et xénophobes gagne du terrain en Grande-Bretagne, Cameron comptait sur l’accord signé avec les institutions européennes pour conserver les faveurs d’un électorat conservateur de plus en plus sensibles au discours nationaliste et anti-européen. Malmené par les scores de l’UKIP, parti d’extrême-droite profondément antieuropéen, aux dernières élections législatives et européennes, Cameron a souhaité joué la carte de la surenchère auprès de la Commission européenne. Sa volonté d’instaurer un moratoire sur les aides et logements sociaux distribués aux ressortissants européens pendant quatre ans – mesure visant les populations d’Europe de l’Est et en particulier polonaise qui subisse la xénophobie grandissante des britanniques – a trouvé une réponse dans l’autorisation à traiter les ressortissants européens de manière distincte et en limitant le montant des aides perçues sur les sept prochaines années. L’UE a répondu à la revendication d’un « carton rouge » aux législations européennes, par sa promesse d’intégrer au prochain traité la possibilité d’un droit de véto pour les parlements nationaux sur la base de 55% des votes. L’UE a d’ailleurs réaffirmé la reconnaissance de la « coexistence des monnaies », un vœu cher au gouvernement britannique qui s’inquiète du statut de la livre sterling et des places financières britanniques. En outre, c’est sans aucune difficulté que la Commission s’est réengagée à travailler en faveur de la compétitivité de la zone européenne, mesure aussi cher à David Cameron qu’à la commission Juncker, et en parfait accord sur la teneur des politiques d’austérité et pro-patronales appliquées dans l’ensemble des pays européens.

En dépit de ce soutien des institutions européennes à des mesures xénophobes qui font le lit du nationalisme britannique, pas sûr que la manœuvre de Cameron soit couronnée de succès. Au sein des Tories, le parti conservateur, son ancien rival du prestigieux collège Eton et actuel maire de Londres, Boris Johnson, sorte de réincarnation british de Donald Trump, en a décidé autrement. Celui qui en 1997 assimilait l’appartenance à l’Union européenne au fait de pouvoir « bouffer des croissants, boire du délicieux café, apprendre des langues étrangères et en général –dixit- faire l’amour a de très belles femmes » vient tout juste de retourner sa veste et se déclarer en campagne pour le « out » et le Brexit. A cette candidature rebelle, largement dopé par les possibilités de prendre la place du 10 Downing Street aux prochaines élections, s’ajoute la « fronde » de six actuels ministres conservateurs qui feront campagne au sein du groupe « Vote Leave » lors du prochain référendum. Le camp des conservateurs est plus que jamais divisé, résultat de la pression exercée par le parti nationaliste et xénophobe de l’UKIP et les faveurs qu’il gagne auprès de l’opinion. Mais c’est aussi une manière de se défausser de toute responsabilité concernant le bilan économique désastreux, résultat de l’application forcenée des politiques d’austérité et du démantèlement des services publics mené par les conservateurs ces dernières années, en cherchant à faire passer l’Union européenne pour seule responsable. Cameron est décidément très isolé, non pas tant face à l’expression d’une xénophobie de plus en plus décomplexée, que par les positions anti-européennes et nationalistes qui gagnent la droite dite « de gouvernement », mais aussi d’une fraction du patronat britannique – à l’image du patron de Reebook.


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