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Contre les réformes libérales

Grèce. Étudiants et profs dans les rues contre la casse de l’éducation

En Grèce, les étudiants, les lycéens et les profs sont en lutte contre la casse de l’éducation publique. Le mouvement gagne de l’ampleur et vendredi dernier, 3 000 personnes ont manifesté à Athènes. Vagelis M., membre du Mouvement de la Gauche Unifie Indépendante (EAAK) et de la Jeunesse Libération Communiste, raconte la lutte en cours pour Révolution Permanente depuis Athènes.

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En Grèce, le gouvernement Syriza-Anel, qui a entamé sa quatrième année au pouvoir, est en train d’appliquer toutes les mesures antipopulaires et anti-ouvrières votées par les gouvernements antérieurs, alignées avec les politiques imposées par l’UE et le FMI. En même temps, le gouvernement est en train de voter et appliquer de nouvelles attaques avec l’objectif de dépasser la crise profonde, en faveur du capital et au détriment du peuple grec.

En ce sens, la réforme de l’enseignement supérieur du ministre Kostas Gavroglou, votée cet été mais pas encore appliquée, suit la direction des lois adoptées antérieurement, alignées avec le processus de Bologne.

Cette loi s’inscrit en quelque sorte dans la même logique que celle sur la « sélection » en France. Elle va introduire des formations courtes, de deux ans, en parallèle à celles déjà existantes plus longues de 3, 4 et 5 ans dans l’enseignement supérieur et technique. Ainsi, les étudiants qui ne veulent pas faire de longues études, selon le ministre, vont suivre les formations courtes pour intégrer certains secteurs de travail, et dans le futur peut-être se former à nouveau dans un autre secteur. Evidemment, ces formations courtes seront destinées principalement aux étudiants dont les origines de classe ne leur permettent pas de faire de longues études.

Ce que le gouvernement essaye d’appliquer c’est ce que l’UE appelle « l’apprentissage tout au long de la vie », ce qui implique également la création de « Centres d’Apprentissage tout au long de la vie » (Centers of Lifelong Learning) ou d’autres « Centres Éducatifs » qui vont dicter des séminaires et certifier certaines « capacités » qui vont être éliminées des cursus universitaires.

Un exemple important de cela c’est la suppression du droit d’enseigner certaines matières (les langues, la philosophie, la physique, les mathématiques, entre autres) dans les écoles primaires ou dans le secondaire avec les diplômes universitaires. En effet, actuellement les diplômes universitaires donnent le droit de devenir enseignant dans certaines matières dans le primaire et le secondaire. Désormais ce ne sera plus le cas et les étudiants devront prendre des cours dans ces Centres de formation, auxquels les étudiants devront aller après leurs cours à l’université, probablement moyennant le paiement d’une certaine somme.

On doit noter que la structuration des diplômes, selon le processus de Bologne, qui divise les formations en 3 ans de licence et ensuite deux ans de master (entre autres aspects), n’a jamais été appliqué en Grèce grâce à la force du mouvement étudiant.

Un autre aspect important de la réforme concerne le financement des instituts universitaires. Les gouvernements précédents ont graduellement mais drastiquement diminué le financement de l’Etat pour les instituts universitaires, créant d’important problèmes de fonctionnement. La nouvelle loi répond à ce problème en permettant aux universités de chercher des financements à partir de « sources privées ». Évidemment, cela impliquera l’ouverture des universités à des intérêts privés, avec toutes les implications que cela a quand la recherche et l’éducation sont contrôlées par le monde des affaires.

Enfin, la loi va intégrer des aires de recherche dans des groupes de recherche, en même temps qu’intégrer des écoles techniques, à Athènes et dans d’autres villes, à des super-instituts qui vont également produire des diplômes courts comme mentionné plus haut.

Le ministre de l’éducation est aussi en train d’appliquer des réformes dans l’enseignement secondaire et primaire. La plus importante est celle sur l’évaluation des écoles, ce qui dans le futur pourrait déterminer leur financement et la responsabilité de l’action des écoles auprès du ministère. En même temps, le ministre est en train de mettre en place le système d’apprentissage que l’on retrouve dans toute l’Europe, qui crée une forme de « sélection », non seulement pour les étudiants, mais aussi pour les lycéens.

Aussi le financement des écoles et lycées, comme celui des universités, a été profondément diminué à cause des politiques d’austérité. Parallèlement, les embauches d’enseignants titulaires ont été presque nulles à cause, là aussi, des mémorandums imposés par l’UE. À cause de cela la jeune génération d’enseignants travaille en tant que profs « contractuels » ou « remplaçants » avec des postes précaires, des temps partiels et des bas salaires.

Cette génération est à l’avant-garde du mouvement des enseignants. Alors que souvent les bureaucraties syndicales ne les organisent pas, ils se sont organisés à travers la « Coordination des professeurs contractuels », organisant d’importantes mobilisations.

En réponse à cette politique du gouvernement, les étudiants, les professeurs du primaire et du secondaires (notamment les enseignants « contractuels »), mais aussi les lycéens ont organisé des manifestations tout au long de l’année scolaire qui ont pris de l’ampleur ces dernières semaines. Dans deux manifestations organisées devant le ministère de l’Education les syndicats étudiants et des enseignants, ensemble, ont occupé le ministère et organisé de grandes assemblées de coordination à l’intérieur.

La manifestation la plus récente a été celle de vendredi 31 mars dernier où plus de 3 000 étudiants et enseignants, après avoir organisé des Assemblées Générales (AG), ont marché ensemble dans le centre d’Athènes et se sont affrontés aux forces de police, alors qu’au même moment une manifestation était organisée à Thessalonique.

La manifestation a été suivie d’une assemblée de coordination dans l’université de Pédagogie, où enseignants et étudiants de toute la Grèce on coordonné leurs actions. Ils ont décidé que le mouvement devait avoir des revendications communes comme une éducation complètement publique et libre, des postes de travail stables et permanents pour tout le monde, pour des embauches en masse d’enseignants dans les écoles, lycées et universités, pour le retrait de la loi Gavroglou, pour la lutte contre la participation de la Grèce dans des guerres et invasions militaires dans les pays voisins, entre autres. Ils ont aussi décidé que le mouvement devait continuer à s’approfondir en créant un mouvement de tous les secteurs de l’éducation et en convoquant une grève dans l’éducation pour le 25 avril prochain.

Les moteurs de ces mobilisations ont été les forces de la gauche anticapitaliste aussi bien parmi les enseignants que parmi les étudiants. Parmi les étudiants c’est le cas notamment du Mouvement de la Gauche Unifiée Indépendante (EAAK), troisième force du mouvement étudiant avec une présence dans toutes les universités du pays, qui a dirigé presque toutes les AG qui ont eu lieu à Athènes et dans d’autres villes. C’est important aussi le rôle de « Interventions-Μouvements-Αssociations », où se regroupent les forces de la gauche anticapitaliste parmi les professeurs, aussi avec une présence dans tout le pays et une grande influence dans les syndicats d’enseignants, du primaire comme du secondaire, mais aussi parmi les « enseignants contractuels ».


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