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Grèce et migrants. Répression et affrontements à Lesbos

La crise migratoire en Europe trouve l’un de ses épicentres dans l’île grecque de Lesbos, où des milliers de réfugiés arrivent chaque jour pour fuir la guerre et la misère. La police et les autorités grecques utilisent la répression. Les migrants protestent et exigent une solution durable.

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Des arrivages massifs de migrants

L’île de Lesbos en Grèce, avec ses 85.000 habitants, est la troisième plus grande île grecque. Elle est située dans le nord-est de la mer Égée, près des côtes turques. Elle est aujourd’hui l’exemple le plus frappant de la crise migratoire ouverte en Europe, conséquence de la barbarie capitaliste. Après l’émotion suite à l’image du petit Aylan, la situation ne cesse d’empirer. Selon les autorités des Nations Unies (ONU), plus de 300 000 personnes sont arrivées par la Méditerranée depuis le début de l’année, et près de 3 000 sont mortes ou portées disparues. Selon ce même organisme, 30 000 migrants se trouvent actuellement sur les îles grecques, dont 20 000 à Lesbos. Du fait de sa proximité avec les terres fermes de la Turquie, cette île est la porte d’entrée de l’Europe pour ceux qui tentent de fuir la guerre et la misère en Syrie, Irak et Afghanistan.

Ce sont des familles entières, des femmes, des hommes et des enfants qui essaient de trouver une solution à la misère qui leur est imposée dans leur pays d’origine. Parmi ceux et celles qui ont la chance d’arriver sain et sauf sur l’île, certains, sauvés par les garde-côtes grecs, sont transportés vers Mytilène, chef-lieu et port principal de l’île. Mais ceux et celles qui arrivent au nord de l’île par leurs propres moyens sont obligés de traverser 60 kilomètres à travers les montagnes, ce qui équivaut à peu près à deux jours de marche lorsque les conditions climatiques ainsi que l’état de santé et fatigue des migrants le permettent.

Aider ou transporter des migrants « non-enregistrés » est passible de persécution pénale. Mais malgré les menaces des autorités, de nombreux habitants de l’île ont commencé à faire preuve de solidarité de multiples manières, en aidant les migrants notamment avec le transport et le logement, ou en leur fournissant de la nourriture et des vêtements. Cette île a une longue histoire du point de vue des mutations démographiques, notamment dans les années 1920 où des échanges migratoires entre la Grèce et la Turquie ont eu lieu et où près de 30 000 réfugiés sont arrivés.

Les migrants protestent pour exiger des solutions. L’État réprime

En juin dernier déjà, l’île de Lesbos avait été le théâtre d’affrontements entre la police locale et des migrants qui manifestaient pour exiger une solution durable de la part du gouvernement. Les migrants exigent de meilleures conditions de vie et surtout la possibilité de partir ailleurs. Ils essaient d’abord d’avoir une place à bord des navires qui partent du port de Mytilène, et maintenant aussi de la localité de Sigri, au nord de l’île, vers la Grèce continentale, pour ensuite continuer le voyage vers d’autres pays d’Europe, où ils espèrent trouver une vie meilleure.
Néanmoins, ces derniers jours, on a vu la tension monter et la répression de la part de l’État s’accentuer encore plus. Dimanche, des familles syriennes campant dans des parcs de l’île ont été attaquées avec des cocktails Molotov. Parallèlement, les forces de répression les dispersent systématiquement à la matraque et au gaz lacrymogène à chaque fois que les migrants tentent de se rassembler pour exiger des solutions, ou même encore, comme c’était le cas dimanche dernier, lorsqu’ils font la queue pour attendre d’être finalement « enregistrés » par les autorités migratoires.

Les autorités font encore plus monter la tension en différenciant les migrants venus de Syrie, qui auraient la priorité étant donné la situation dans leur pays, de ceux arrivés d’Afghanistan. Comme si la situation afghane n’était pas tout aussi catastrophique, et tout autant une conséquence de la politique guerrière des pays impérialistes qui ont détruit l’économie et appauvri énormément ces populations ! Cela crée des tensions entre les migrants venus des différents pays qu,i dans leur situation totalement désespérée, se battent pour réussir à être « enregistré » par les autorités en premier.

Le Ministre grec à la politique migratoire, Iannis Mouzalas, s’est servi de cette situation pour tenter de justifier l’envoi de renforts de police et de troupes sur l’île, qui n’ont comme objectif que de poursuivre la répression contre les migrants. La réponse des autorités à la crise migratoire peut être mesurée au nombre de policiers envoyés sur place : deux brigades anti-émeute supplémentaires et une soixantaine de policiers ordinaires de plus. L’armée a également été mobilisée pour l’occasion.

Les formations politiques de droite et d’extrême-droite, de leur côté, accusent le gouvernement Syriza-Anel d’être « trop gentil » dans la gestion de la crise migratoire, et exigent des mesures plus dures de la part des autorités locales et nationales.

Cette situation de crise a d’autant plus d’implications et d’importance dans un contexte où les élections anticipées en Grèce arrivent à grand pas. Le prochain gouvernement aura non seulement à faire face à la situation des migrants, à laquelle il ne souhaite donner aucune solution durable, mais il devra également organiser l’application du troisième mémorandum avec des conséquences néfastes pour les travailleurs et les secteurs populaires. La situation reste donc explosive avec des conséquences qu’aucun gouvernement ne peut prévoir totalement.


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