Les compteurs explosent

En moins d’un mois, le nombre de signalements d’objets suspects a été multiplié par quatre au sein du réseau des transports en communs parisiens de la RATP. Cela s’explique largement par les messages incessants diffusés aux voyageurs dans les couloirs des métros et dans les bus, et plus largement par le climat de peur latent depuis la déclaration de l’état d’urgence, en vigueur au moins jusqu’à fin février, et que le gouvernement envisage de prolonger à 6 mois. Et si, jusqu’ici, cela n’avait pas ralenti significativement le trafic – les syndicats dénoncent « des pressions de la direction » pour « faire rouler les trains malgré un signalement de colis abandonné » – il n’en sera pas de même jeudi, puisque la grève devrait être bien suivie.

Non content de multiplier les mesures liberticides et les actions répressives, le gouvernement incite les usagers à dénoncer tout objet ou comportement suspects, la dérive du tout-sécuritaire justifiant le tournant répressif entamé par le gouvernement. Et, juste retour de bâton, les compteurs explosent, les signalements se multiplient, la police est débordée.

Surcharge de travail et mise en danger des salariés… et des usagers

« Les directives pour protéger les zones dans lesquelles se trouve un colis suspect ne sont pas respectées » note Jacques Eliez, secrétaire général de la CGT RATP, « certaines valises laissées sur les quais sont ouvertes sans prévenir la police ». La direction se défend en assurant suivre scrupuleusement les directives de la Police nationale.
Ainsi, la course à la sécurité ne semble être effective que pour peser sur les esprits, quand dans les faits, les agents de la RATP doivent en subir les conséquences et faire l’impossible : s’occuper des colis suspects pour assurer le maintien du trafic. Ils se trouvent ainsi contraints par leur direction à faire le travail de la Police et des services de déminage, sans aucun équipement adapté, évidemment. La RATP ne semble en aucun cas réellement préoccupée par la sécurité de ses agents.

La paranoïa orchestrée par le gouvernement nuit gravement aux conditions de travail des agents de la RATP. Cette grève contre les conséquences de l’Etat d’urgence sur les lieux de travail est un premier avertissement face aux dérives dangereuses d’un gouvernement plus préoccupé par sa propre sécurité et les résultats des élections régionales que par la sécurité des salariés et des usagers.