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Grande-Bretagne

Grève à massive chez British Airways : le Royaume-Uni paralysé

Le mouvement a obligé la compagnie aérienne à annuler presque tous les vols prévus. Cet événement constitue une véritable démonstration du pouvoir de la grève, et de sa portée stratégique dans la lutte des travailleurs et des travailleuses.

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Une grève historique

Ce lundi a été une journée qui restera dans les mémoires chez British Airways. La troisième plus grosse compagnie aérienne d’Europe s’est vue obligée d’annuler presque tous les vols prévus ces lundi 9 et mardi 10 septembre, en raison d’une grève massive de ses pilotes de ligne. L’arrêt de travail avait été voté par les salariés en juillet, dans le cadre d’un conflit avec l’entreprise concernant leur rémunération.

Après des tentatives de négociations de la direction en août, les pilotes ont maintenu leurs journées d’action de ce début de semaine. Le résultat est impressionnant : près de 93% des 4300 pilotes ont voté pour la grève la semaine dernière, et la compagnie a déclaré ne pas avoir « d’autre choix que d’annuler presque 100 % de [ses] vols ». Sur ces deux jours, ce sont près de 2000 vols et 300 000 passagers qui sont impactés par le mouvement social.

Si cette démonstration de force ne suffit pas, les grévistes ont déjà prévu une autre journée d’ampleur, le 27 septembre, et ont prévenu que leur vote d’un mouvement de grève étant valable jusqu’en janvier, ils étaient prêts à continuer la lutte.

La grève, arme la plus puissante des travailleurs

Bien sur, les pilotes de ligne bénéficient d’un salaire et de conditions de vie qui les éloignent de la situation des travailleurs les plus précaires, toutefois cette expérience permet de montrer la force incroyable de la grève lorsqu’il s’agit de créer un rapport de force avec le patronat.

En effet, cette journée permet de se rendre compte de qui dépend réellement le fonctionnement d’une entreprise. Il apparaît évident que les actionnaires de British Airways pourraient tous tomber malades le même jour, les avions continueraient de voler pour autant. La grève massive des pilotes permet de réaliser que ce sont bien les travailleurs et les travailleuses, ceux qui vendent leurs bras et leur temps, qui font fonctionner l’entreprise. Si aujourd’hui ce sont les pilotes qui paralysent la compagnie, nous pouvons imaginer qu’un arrêt du travail de tous les contrôleurs, aiguilleurs, ou stewards/hôtesses de l’air conduirait à un bien plus grand résultat. Et quel résultat !

L’inactivité de la compagnie n’est pas qu’une simple épine dans le pied du patronat, qui devrait gérer le mécontentement des usagers et de simples problèmes d’organisation. Cette inactivité correspond à une perte incroyable de profit pour les actionnaires habitués à se verser des dividendes monstrueux. En effet, Balpa, le syndicat des pilotes de British Airways, estimait que la grève coutera chaque jour près de 44 millions d’euros à la compagnie aérienne !

Ces chiffres colossaux permettent de mieux comprendre pourquoi la direction de l’entreprise s’est empressée de déclarer : « Après de nombreux mois passés à essayer de résoudre le conflit sur les salaires, nous sommes extrêmement désolés que cela ait abouti à cela. Nous restons prêts à reprendre les discussions avec Balpa ».

Le rapport de force impressionnant obtenu par les 93% de grévistes, oblige la direction à négocier en étant dans une position d’extrême faiblesse. C’est bien grâce à cette démonstration de force, qui donne le pouvoir aux travailleurs, que les pilotes peuvent se permettre de ne pas se contenter de miettes mais d’exiger la satisfaction de leurs revendications dans leur totalité. Ainsi, ils ont refusé en août une augmentation de salaire de 11,5% en trois ans, parce qu’ils la jugeaient insuffisante. Leur coup de force de ce lundi leur permettra sans doute d’obtenir encore plus d’une direction confrontée à des pertes immenses.

Il est regrettable que ce mouvement ne s’étende pas à l’ensemble des travailleurs et des travailleuses de la compagnie et ne représente que les intérêts des pilotes de ligne. Toutefois, ce coup d’éclat peut et doit servir d’exemple à toute notre classe. Il doit nous permettre de prendre ou reprendre conscience que ce sont les salariés à la base, ceux qui triment, qui suent et qui se saignent, ceux qui ne possèdent rien d’autre que leurs bras et leur énergie, qui sont essentiels à la production et qu’ils sont une force qui terrifie tous les patrons, actionnaires et autres profiteurs.


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