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Patrons-voyous

Grève chez Carambar : les travailleurs en lutte pour défendre leurs salaires

Depuis deux mois, les salariés de l’usine Carambar conduisent un mouvement pour empêcher une baisse de 25 % de salaire, que la direction tente d’imposer à la faveur d’un PSE.

Arthur Nicola

21 janvier 2021

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Chez Carambar, les salariés se sentent trahis. Début novembre, alors que la direction de l’entreprise annonce qu’elle compte transférer l’usine historique de la marque située à Marcq-en-Baroeul (Nord), dans un autre site à Bondues à 8km pour regrouper ses activités, les salariés ne se doutaient pas que derrière cette manœuvre, la direction allait tenter de rogner sur leurs salaires tout en diminuant les effectifs. Ce n’est qu’au cours des discussions avec les syndicats que les ouvriers ont découvert le pot aux roses : ce transfert se ferait via un PSE, supprimant 9 postes au passage, et les salariés devraient changer de contrat, passant sous la direction de Lutti. En effet, les deux marques sont possédées par la même holding, Eurazeo, qui avait racheté il y a trois ans Carambar et d’autres marques associées.

André Jorisse, secrétaire du CSE et élu Force Ouvrière, ne décolère pas de la façon dont la direction a fait les choses : « On nous a vendu un déménagement de site, mais on nous a annoncé un PSE pour les 114 salariés du site, avec 9 suppressions de postes. Au début, la direction ne nous a même pas annoncé [la baisse de salaire], ce n’était pas écrit dans les documents du plan social. Et le problème, c’est qu’ils veulent nous faire signer des contrats Lutti, avec la baisse de salaire qui va avec, entre 10 % et 25 % ». Ces baisses de rémunération, que la direction justifie comme nécessaire économiquement, ont amené les salariés à faire une dizaines de journées de grève depuis décembre, ainsi que plusieurs débrayages, menant à un amenuisement important des stocks du confiseur : lors de la deuxième semaine de janvier, seule 13 % de la production prévue est sortie des lignes, au point que les stocks fondent. « On estime que des salariés qui travaillent à Marcq-en-Baroeul, qui vont devoir relancer la production là-bas, ne devraient pas fournir l’effort de changer de site et de devoir s’adapter à un nouveau lieu et de nouvelles conditions de travail, tout ça pour moins 10 à 25 % de salaire  » justifie le syndicaliste.

Dans cette situation, même la DIRECCTE (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi), l’organisme qui se charge de l’application du Code du Travail notamment, a jugé que la manière dont se passait ces transferts étaient inacceptables. Cité par Le Point, le directeur de celle-ci trouve « insoutenable le niveau du manque à gagner et a demandé à Carambar & Co de mettre en place un dispositif pour le pallier  ». Les annonces de baisse de salaires ont créé d’autant plus de colère que le rachat de Carambar s’était accompagné d’une promesse de redécollage de l’entreprise : « Il y a trois ans, le groupe Eurazeo a racheté la marque Carambar en nous disant qu’ils allaient redresser la marque, pour au final trois ans plus tard nous faire un plan social » nous explique André Jorisse. Mais une fois de plus, les « promesses » du patronat semblent de bien vains mots, à l’image des centaines de PSE qui se multiplient partout en France.


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Arthur Nicola

Journaliste pour Révolution Permanente.
Suivi des grèves, des luttes contre les licenciements et les plans sociaux et des occupations d’usine.
Twitter : @ArthurNicola_

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