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« Pour les salaires »

Grève historique à Tisséo : le métro toulousain totalement bloqué pour la première fois depuis 1992

Ce mardi 11 avril, les salariés des transports toulousains se sont mis massivement en grève à l’appel de l’intersyndicale locale. Une journée de mobilisation historique à Tisséo pour les salaires qui a bloqué l’ensemble du trafic sur le métro toulousain pour la première fois depuis 1992.

Alberta Nur

11 avril 2023

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Grève historique à Tisséo : le métro toulousain totalement bloqué pour la première fois depuis 1992

Crédit photo : Révolution Permanente

Pour la première fois depuis sa création, le métro de la ville rose était à l’arrêt ce mardi. « En neuf ans de boîte, je n’avais jamais vu ça » explique Jonathan, conducteur Tisseo du dépôt de Colomiers. « L’intersyndicale s’était réunie pour appeler à une journée de mobilisation pour nos salaires dans le contexte inflationniste. C’est une journée mémorable et de bon augure pour la suite » poursuit le travailleur.

« Aujourd’hui on bloque tout et on montre notre force »

Après s’être mobilisés lors de journées nationales de grève contre la réforme des retraites, les salariés de Tisséo se sont massivement déclarés grévistes ce mardi 11 pour s’opposer à l’attaque de la direction contre leurs salaires. Dans le cadre des NAO, la direction entend en effet supprimer la clause de sauvegarde, qui indexe les salaires de l’entreprise sur l’inflation. « Ils veulent supprimer cet acquis de l’entreprise, alors que tout augmente et qu’on galère à payer nos factures » explique un salarié. Une attaque en règle contre les travailleurs, qui verront leurs salaires réels baisser si cette clause est supprimée.

Suite à un appel de l’intersyndicale Sud, CFDT, CGT et FNCR, la réponse est inédite. Les taux de grèves dépassent (par endroit très largement) les 70% de salariés, et cela à tous les niveaux, y compris dans les secteurs de l’encadrement. Une mobilisation qui entraîne l’arrêt total du trafic sur le réseau toulousain, ce qui n’était jamais arrivé depuis la création des lignes. En effet, si dans les dernières mobilisations, la direction avait réussi à faire tourner le métro automatique à l’aide de quelques cadres, ce mardi 11 avril c’est l’ensemble des lignes qui sont à l’arrêt.

Pour faire entendre leur colère, plus de 500 grévistes se réunissent en fin de matinée devant le siège de la direction, à Mesplier. « C’est plus possible de continuer comme ça, aujourd’hui on bloque tout, on montre notre force » s’exclame un gréviste. Dans le contexte de lutte contre la réforme des retraites, ils sont nombreux à faire le lien entre les deux combats. C’est le cas de Nicolas du centre de Colomiers qui explique. « J’ai fait quasiment toutes les manifs pour les retraites mais y a le coût de la vie aussi, c’est un ensemble ». Quelques minutes plus tard, le directeur d’exploitation passe par là. Il est copieusement hué.

C’est que le mépris de la direction ne passe plus. « Ils gagnent 15000 euros par mois et c’est nous qui devons faire des efforts » s’insurge un salarié. « Les gens ne se rendent pas compte, nous à Tisséo on travaille en décalé, le weekend, la nuit, tôt le matin, donc ça a des impacts sur notre vie de famille et notre santé » s’émeut une de ses collègues. « Les salaires, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Pendant la COVID, tout le monde a continué à travailler, et on a pas eu de primes. » résume Stéphane Chapuis, secrétaire général CGT.

« Wischnewski démission ! » une colère sourde contre la direction

Après les prises de parole, les salariés décident d’aller voir directement le directeur pour le mettre devant ses responsabilités. L’ambiance s’échauffe. Des grévistes crient « on va te faire un 1789 ». Un salarié prend un mégaphone. Il promet : « Macron junior de Tisséo ! Le roi va tomber ! ». Face au refus du directeur, Wischnewski, de sortir rencontrer les salariés, les grévistes décident de rentrer dans le siège.

Un envahissement qui ne semble pas encourager la direction à vouloir changer de braquet. Face aux centaines de salariés venus à sa rencontre, le directeur d’exploitation finit par sortir de son bureau. « Vous êtes la honte du service public » s’insurge-t-il. Un crachat à la figure de tous les grévistes, pour qui la suppression de cette clause est une attaque contre leurs conditions de vie. « On a des familles Wischnewski ! » répond une gréviste.

Face à une direction ne semble rien vouloir lâcher, cette première journée de mobilisation en annonce d’autres pour les grévistes. « Si on lui laisse nous prendre ça, ensuite il va tout nous prendre, les primes, le 13ème mois donc on ne peut pas laisser passer » défend une gréviste. « Là on a montré notre force, mais on va revenir » promet un autre. La prochaine journée de mobilisation se tiendra le mardi 18 avril prochain. Affaire à suivre.


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