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Mobilisation

Grève nationale : « Soutenir les sages-femmes, c’est soutenir toutes les femmes ! »

Ce mercredi 24 février, les sages-femmes de toute la France étaient en grève pour demander plus d’effectifs dans les établissements, une valorisation de leur salaire, et plus de reconnaissance de leur statut et leur profession. Elles appellent à manifester le 8 mars.

Olga Hagen

24 février 2021

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Photo : RP / Rassemblement des sages-femmes à Bordeaux 

Ce mercredi, les sages-femmes étaient en grève pour exiger plus d’effectifs dans les établissements, une valorisation de leur salaire, et plus de reconnaissance de leur profession. Elles s’étaient déjà mobilisé récemment les 26 janvier et 10 février. Ce 24 janvier différents rassemblements ont eu lieu : en majorité devant les centres hospitaliers et ont réuni des dizaines de personnes dans plusieurs villes, comme à Toulouse et à Paris.

A Bordeaux, elles étaient une cinquantaine. Sur leur banderole on pouvait lire « #Sagesfemmescoderouge ». Les grévistes portaient des brassards rouges. Ces derniers sont le symbole du « Code rouge » qui signifie dans le milieu médical le besoin d’une césarienne en extrême urgence… Un symbole fort qui exprime tout à fait l’urgence de la situation.

Sous-payées, méprisées, et trop peu nombreuses : les sage-femmes sont en colère

Le Ségur de la Santé mis en place par Olivier Véran a déclenché la colère des sage-femmes. Mis en place au début de l’été dernier celui-ci prévoyait la revalorisation des salaires des personnels médicaux et hospitaliers plus généralement. Cependant, les sages-femmes n’ont touché que 183€ d’augmentation, comme les infirmières, secrétaires médicales, personnel para-médical et non-médical. Cela témoigne d’un statut hybride : d’après la loi, les sages-femmes sont bien une profession médicale mais en pratique, il n’en est rien, et l’exemple des accords du Ségur de la santé le montre bien.

Leur salaire, par ailleurs, reste très faible, et d’autant plus au regard du reste de la profession. « Une sage-femme en fin de carrière gagne 3 000 euros, c’est le salaire des jeunes diplômés dentistes » explique Elisa Etienne sage-femme auprès de FranceInter. Or, elles ont la vie de personnes entre leurs mains, et loin de se limiter à l’accouchement, leurs compétences sont extrêmement variées et tendent même à s’élargir : elles vont du suivi gynécologique de la puberté à l’après-ménopause à la contraception, la pédiatrie, l’échographie, l’accompagnement jusqu’à l’accouchement, l’IVG médicamenteuse, la rééducation du périné, la préparation à la naissance et la parentalité, le suivi médical…

Tant de compétences qui, en plus de ne pas être valorisées au niveau du salaire, sont méconnues de la population. Nombre de femmes ne savent pas qu’une sage-femme peut assurer un suivi contraceptif par exemple, et se dirigent instinctivement vers un gynécologue, qui mettra souvent plusieurs mois à les recevoir. Or informer sur ces compétences est un enjeu de santé publique, qui fait aussi partie de leurs revendications. « En tant que femmes, c’est notre droit le plus strict que de savoir que l’on peut consulter une sage-femme pour un suivi gynécologique, surtout quand on sait que la plupart des IVG sont dues à un défaut de contraception  » défend Lisa, sage-femme mobilisée à Bordeaux, au micro de Révolution Permanente.

Enfin, les sages-femmes dénoncent le manque d’effectif dans les établissements, qui empêche les femmes et les couples d’être accompagnés sereinement. « Aujourd’hui, on est pas assez en service pour s’occuper des femmes.  » confie Daphné, sage-femme en hôpital public à Bordeaux. « Il manque au moins un millier de sages-femmes dans les hôpitaux publics  » en France, d’après l’Organisation nationale syndicale des sages-femmes (ONSSF).

Ce manque d’effectifs a des conséquences délétères. « Les femmes se sentent délaissées. On entend beaucoup parler de femmes qui se plaignent, à l’accouchement, de se sentir seules, maltraitées. Si on est maltraitantes, c’est qu’on est nous même maltraitées : nos conditions de travail ne sont pas correctes pour pouvoir accompagner les femmes, les couples, les enfants. On souhaiterait avoir plus de temps pour les patientes. Aujourd’hui, on demande à ce qu’il y ait 1 femme pour 1 sage-femme, et pas 3 ou 4 accouchements à gérer en même temps.  » nous explique Daphné. Beaucoup dénoncent une maltraitance non volontaire mais structurelle à l’institution, caractérisée par un manque d’effectifs et de moyens grandissant. Pour soutenir leurs revendications pour plus d’effectif, vous pouvez signer la pétition "une femme = une sage-femme" : https://www.change.org/p/olivier-v%C3%A9ran-permettons-aux-femmes-d-accoucher-humainement-une-femme-une-sage-femme?utm_source=share_petition&utm_medium=custom_url&recruited_by_id=051bc900-0b7e-11e5-b8d0-bbaa0e60c3aa

Les oubliées de la crise

Souvent oubliées, elles l’ont aussi été pendant la crise sanitaire. Elles ne sont toujours pas concernées par la vaccination, et au niveau de la dotation en masques, elles ont été complètement laissées pour compte au départ, puis ont ensuite réussi à obtenir 6 masques par jour. Tout cela a engagé une colère. Daphné nous explique : « On est obligées de rappeler le gouvernement à chaque fois pour pas qu’il nous oublie. C’est de l’énergie supplémentaire de devoir rappeler à chaque fois qu’on existe.  »

« Des sages femmes plus nombreuses + des sages-femmes (re)connues = des femmes en bonne santé »

Lisa pose la question : « On est une profession à 97-98 % de femmes et on traite uniquement des femmes : est-ce que c’est ça qui fait obstacle à un salaire décent ?  ». En effet dans les services publics et tout particulièrement dans la santé où les femmes sont très nombreuses à travailler, les conditions de travail dégradées et les salaires faibles ont comme première conséquence une prise en charge de moindre qualité pour les personnes et souvent les femmes qui ont besoin de ces mêmes services publics exangues.

« Aujourd’hui, on est dans une grève « douce » : on continue de prendre en charge les patientes comme d’habitude, les maternités ne sont pas fermées. On espère que ça va bouger comme ça, mais on y croit pas forcément, du moins personnellement j’y pas crois. Je pense qu’il va falloir une mobilisation plus dure pour être mieux entendues. Et la prochaine ça sera le 8 mars, pour essayer de rallier les femmes à notre cause, car notre cause c’est aussi la leur ! » déclare Daphné, une autre sage-femme mobilisée.

Rendez-vous le 8 mars pour les soutenir !


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