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Grève nationale des postiers au Brésil

Correspondants de Esquerda Diario (Brésil) Les travailleurs de la poste ont annoncé une grève nationale à durée indéterminée dans au moins 20 syndicats du secteur, y compris les principales concentrations de travailleurs comme à São Paulo, Rio de Janeiro ou Minas Gerais.

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L’une des principales revendications c’est l’augmentation du salaire réel, car il s’agit d’un secteur avec un décalage historique dû à l’inflation et l’un de ceux qui ont les salaires les plus bas au sein des entreprises de l’État. Ils demandent également à ce que la convention collective actuelle soit maintenue et que de nouveaux postes de travail soient créés.

En ce qui concerne la convention collective, la proposition de la boîte est d’y ajouter un article permettant d’affilier les nouveaux employés à une mutuelle différente de celle dont bénéficient actuellement les postiers, avec des cotisations mensuelles beaucoup plus élevées. De plus, la boîte offrirait au reste des travailleurs « l’option » de pouvoir adhérer à cette nouvelle mutuelle (laissant entendre ainsi que la convention collective actuelle, déjà assez précaire, pourrait être attaquée dans son ensemble). Pour les postiers, la mutuelle est quelque chose de très important car le travail est tellement lourd que les problèmes de santé sont récurrents.

Le Tribunal Suprême du Travail (TST) a fait une proposition qui consiste à donner une prime sur le salaire, à la place d’une augmentation, et à ne pas aborder la question de l’embauche de nouveaux travailleurs.

Contrairement à ce qui a pu se passer ces dernières années, les assemblées générales ont été réalisées simultanément dans chaque syndicat local. C’est extrêmement positif pour les travailleurs car lorsque les grèves sont déclenchées de manière isolée, cela donne plus de marge de manœuvre aux directions syndicales, bureaucratiques et liées au gouvernement, pour tenter de diviser les postiers.

Cette attaque émanant de la direction de la poste est en cohérence avec la politique du gouvernement Dilma qui veut faire payer la crise aux travailleurs avec des coupes budgétaires dans le secteur public et la remise en cause de droits fondamentaux, au lieu de toucher aux privilèges des politiciens et aux profits des patrons. Maintenant, la direction de la boîte dit qu’elle a besoin de s’attaquer aux acquis des travailleurs en raison d’une soi-disant baisse des profits de l’entreprise. Cependant, l’argent n’a pas manqué pour sponsoriser de grands événements, ni pour payer les salaires et primes exorbitantes des cadres dirigeants.
Cette grève se mène dans un contexte d’intense politisation et remise en cause de la part de la population face aux scandales de corruption, à l’inflation, ainsi qu’à toute sorte d’attaques faites aux conditions de vie des travailleurs. Par son importance, elle pourrait donc devenir un point d’appui à la construction d’une alternative indépendante au gouvernement aussi bien qu’à l’opposition de droite, cherchant l’unité et la convergence avec d’autres secteurs en lutte.

Avec des assemblées générales partout dans le pays, les postiers ont montré que ce potentiel existe. A São Paulo, la plus grande concentration de postiers de tout le pays (17.000 travailleurs et 40% du flux postal), l’assemblée a été massive. Selon le SINTECT-SP (syndicat de la poste), il y a eu plus de 5.000 postiers présents. La base a voté le refus de la proposition de la boîte et le départ en grève presque à l’unanimité dans un climat très combatif.

Selon Natalia Mantovan, postière dans la ville de Campinas, où la grève a également été votée, "la boîte affirme ne pas avoir de l’argent, mais en même temps elle réalise des dépenses totalement discutables qui montrent que les priorités de la direction ne sont pas celles des couches populaires, ni de ceux et celles qui font tourner l’entreprise, c’est à dire les travailleurs. Nous allons devoir entreprendre une lutte dure. Pour cela il faut s’organiser et rester mobilisés à la base, dans chaque lieu de travail, pour que les directions syndicales liées au gouvernement ne nous trahissent pas".

Elle a également affirmé que les postiers ont la détermination suffisante pour le faire et ils l’ont démontré à plusieurs reprises. Par exemple, ils ont mené une grève de 28 jours à São Paulo contre l’avis de la direction du syndicat. "Nous devons retrouver la tradition de s’organiser en comité de grève, avec des délégués élus en assemblée générale dans les lieux de travail, pour que le contrôle de la grève reste dans les mains des travailleurs eux-mêmes".
"Si on arrive à combiner la détermination des postiers avec la recherche du soutien de la population et la convergence avec d’ autres secteurs, comme par exemple les travailleurs des banques qui sont également en lutte pour les salaires, il est sûr que la grève sera victorieuse et nous allons ainsi montrer que ce n’est pas aux travailleurs de payer leur crise. »


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