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Répression coloniale

Guadeloupe : l’Etat réprime et tente de diviser le mouvement, solidarité avec la mobilisation !

Après une semaine, la mobilisation se poursuit en Guadeloupe malgré la répression de l’État français. Ce lundi, Castex a annoncé une volonté d’intensifier la répression mais aussi une mascarade d’« instance de dialogue » avec les soignants refusant d’être vaccinés. Une tentative grossière de diviser le mouvement et de contourner l’ensemble de ces revendications.

Youri Merad

22 novembre 2021

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Crédits photo : AFP

Le mouvement continue en Guadeloupe après une semaine

Le mouvement de grève illimitée initié en Guadeloupe depuis le secteur de la santé et des pompiers contre l’obligation vaccinale dure depuis maintenant plus d’une semaine. Un vent de contestation qui s’est rapidement étendu à l’ensemble du territoire, avec des revendications offensives sur des questions sanitaires et sociales défendues lors de manifestations massives et sur de nombreux barrages routiers à travers l’île.

Un communiqué publié ce samedi par l’inter-syndicale en lutte liste pas moins de 32 revendications communes, contre la gestion autoritaire de la crise sanitaire d’abord parmi lesquels le retrait du pass sanitaire et de l’obligation vaccinale, ainsi que des revendications pour répondre à cette crise sanitaire et à la crise économique qui frappent la Guadeloupe. En particulier, les manifestants demandent «  des recrutements de soignants et de personnel, dans les hôpitaux et cliniques privées, ainsi que dans le secteur social et médico-social  » et la gratuité des tests, mais aussi des revendications contre la précarité et face au taux de chômage qui avoisine les 20% en Guadeloupe. Parmi celles-ci : «  L’augmentation généralisée des salaires, des minima sociaux, des allocations chômage et des pensions de retraite en même temps que l’augmentation des prix ; Le remplacement de tous les départs à la retraite ; L’arrêt des licenciements, dans le privé et des suppressions de postes, dans le public ; L’embauche massive de titulaires, dans toutes les fonctions publiques, à la poste, dans les écoles, à l’université...  »

L’Etat réprime pour tenter d’étouffer la colère

Après une semaine de mobilisations sur tout le territoire, l’État a mobilisé tout son arsenal pour réprimer le mouvement. Vendredi dernier, l’Etat a ainsi imposé un couvre-feu de 18h à 5h sur l’ensemble du territoire guadeloupéen pour entraver la mobilisation et légitimer les violences perpétrées sur les manifestants. Le lendemain Darmanin envoyait plus de 200 policiers en renforts des forces de répression déjà sur place et 50 agents du RAID et du GIGN.

Des forces des répressions coloniales qui sont venus intimider et terroriser les habitants et les manifestants comme on peut le voir dans de nombreuses vidéos circulant sur les réseaux sociaux.

Des manifestants ont également été roués de coups pendant le couvre-feu dans le cadre d’une réelle chasse à l’homme ayant conduit à près d’une centaine d’interpellations. 33 des personnes interpellées passent d’ailleurs en comparution immédiate ce lundi...

Les forces de répression se sont également attelés à détruire les barrages érigés chaque jour à coups véhicules blindés et de grenades lacrymos.

Une répression féroce qui n’a pourtant pas entamé la combativité des manifestants, qui poursuivent l’appel à la grève générale cette semaine et s’organisent pour multiplier la constitution de blocages routiers.

Le gouvernement déterminé à en finir avec le mouvement

Face à la détermination des manifestants et pour justifier sa répression coloniale, le gouvernement a multiplié les interventions médiatiques pour tenter de décrédibiliser le mouvement. Ce dimanche sur sur Europe 1, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal qualifiait la situation d’«  intolérable et inacceptable  » et essayait de diaboliser le mouvement à l’aide de la rhétorique d’une minorité qui voudrait empêcher les gens de se vacciner : «  Cette petite minorité qui bloquait par les mots, par les paroles, aujourd’hui, elle s’est radicalisée et elle essaie de les bloquer, de les intimider par la violence  ». Or, si le mouvement n’est pas encore généralisé totalement, force est de constater que ses revendications résonnent largement avec la colère des guadeloupéens. Une colère qui n’est pas exempte de confusion, notamment sur le terrain de la vaccination, mais qui reflète le rejet de l’oppression subie par cette colonie de l’État français.

De son côté, Jean Castex s’est entretenu lundi avec les élus et parlementaires de l’île. A l’issue de la réunion de crise, le premier ministre a tenu une conférence de presse. Évidemment, Castex a commencé par « condamner avec la plus extrême fermeté ces violences », justifiant la répression en cours, tout en joignant à ces menaces la promesse d’un « dialogue ». « La priorité doit être au retour au calme mais l’exigence de fermeté doit aussi s’accompagner d’un dialogue nécessaire pour entendre et comprendre nos concitoyens » a-t-il ainsi expliqué avant d’annoncer la création d’une « instance de dialogue » pour accompagner les soignants refusant de se faire vacciner.

Face à la colère qui s’étend, le gouvernement n’a rien d’autre à promettre que plus de matraque et la possibilité de négocier les sanctions contre les soignants. Un discours scandaleux pour diviser le mouvement mais aussi le contenir sur le terrain étroit de la seule obligation vaccinale. Pourtant, le mouvement dépasse déjà largement cette question pour poser des enjeux plus profonds. A ce stade, l’enjeu central reste donc de continuer à élargir la mobilisation en refusant toute tentative de division, que ce soit par la répression des secteurs les plus radicaux ou par les promesses de négociation qui n’engagent que ceux qui y croient.

Face à cette situation, il est essentiel d’appuyer cette dynamique par la solidarité la plus large contre les attaques et la répression à l’encontre du mouvement. Les organisations du mouvement ouvrier ont un rôle central à jouer en ce sens, et doivent rapidement appeler à des mobilisations de solidarité pour montrer que nous ne laisserons pas les guadeloupéens être réprimés seuls. En outre, alors que les problématiques qui s’expriment en Guadeloupe sont les mêmes que celles qui frappent une grande partie de la population, il est central de s’appuyer sur le mouvement pour poser les bases d’une grande mobilisation contre l’autoritarisme sanitaire, pour une véritable stratégie pour en finir avec l’épidémie et contre les bas salaires et les conditions de travail indignes.


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