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Non à l'intervention impérialiste

Haïti. Le gouvernement demande une intervention étrangère pour réprimer le soulèvement

Depuis plusieurs semaines, l'île est traversée par d’importantes manifestations qui demandent la démission du Premier Ministre Ariel Henry. Celui-ci, véritable pantin des États-Unis dans l’île, a fait appel à une intervention étrangère pour réprimer la mobilisation.

Julien Anchaing

13 octobre 2022

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Crédits photo : Richard Pierrin/AFP

Le gouvernement demande une intervention de l’ONU

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a présenté dimanche une lettre au Conseil de sécurité proposant l’activation immédiate d’une "force d’action rapide" après une demande d’aide du président haïtien Ariel Henry, décision soutenue par le Core Group (une ONG dirigée par les Etats-Unis, la France et le Canada, présente dans le pays depuis 2010). Un dispositif invoqué pour aider la Police nationale haïtienne et qui ouvre la possibilité d’appeler à une intervention militaire directe de la part d’Etats « alliés » de Haïti pour rétablir « l’ordre ».

Issue d’une demande directe de Ariel Henry, cette intervention des puissances impérialistes aurait avant tout pour objectif de protéger le gouvernement et la classe dominante avec comme principal argument la multiplication de gangs et de bandes armées. Si l’existence de ces gangs est indéniable ce que l’ONU et Ariel Henry ne disent pas, c’est qu’ils ont grandi et se sont notamment renforcés avec l’aide des forces répressives, d’hommes d’affaires et de la caste politique dans le contexte de l’occupation militaire internationale. L’ONU et le Premier Ministre désignent par ailleurs comme des « gangs », les organisations syndicales et les manifestations qui traversent le pays depuis le 11 septembre dernier et les tiennent responsables de la déstabilisation du pays.

Des mobilisations massives contre le gouvernement

Le 11 septembre dernier le gouvernement d’Ariel Henry (venu succéder à Jovenel Moïse, assassiné en 2021) annonçait une hausse brutale des prix du carburant, alors que l’île connaît une inflation de près de 30%. Cette décision avait ouvert la voie à des manifestations massives dans le pays qui durent depuis près d’un mois. Ces manifestations, qui ont lieu centralement à Carrefour, Gonaïve, Jacmel, Okap et Petite-Gôave ont aussi atteint Port-au-Prince et ont été accompagnées de grèves importantes comme celles des 26 et 28 septembre derniers. La décision d’augmenter les coûts de l’essence est d’autant plus brutale que le pays est largement dépendant, depuis les tremblements de terre de 2010 et 2021, de générateurs électriques.

Depuis 2018 au moins, le pays est régulièrement paralysé par des grèves et des manifestations massives qui vont bien au-delà du coût de l’essence. Parmi les revendications, on retrouve notamment la fin de l’ingérence des États-Unis et des autres puissances impérialistes et, depuis quelques mois, la démission du premier ministre Ariel Henry, non-élu, corrompu et pion des États-Unis.

Non à l’intervention impérialiste !

Alors que les Etats-Unis et le Canada ont annoncé la possibilité de prendre le commandement d’une opération extérieure, de nombreuses manifestations ont traversé le pays pour s’opposer à cette intervention militaire étrangère. Le seul objectif d’une intervention militaire serait le même que ceux de toutes les opérations militaires et économiques antérieures au sein de l’île de la part des pays impérialistes : le maintien du contrôle impérialiste de l’île ainsi que d’une classe dominante nationale fantoche aux pieds des gouvernements occidentaux.

Au cours du 21ème siècle les États-Unis et la France ont orchestré un coup d’État militaire contre le premier président démocratiquement élu du pays. Suite à cela, les Nations Unies ont établi le programme de la MINUSTAH officiellement pour ramener la stabilité en Haïti. En réalité, il s’agissait d’une occupation militaire qui s’est déroulée de 2007 à 2014 et a soumis le peuple haïtien à des crimes obscènes, dont des centaines de cas d’abus sexuels contre des enfants. Il convient de noter que de nombreux gouvernements dits de la « marée rose » en Amérique latine, revendiqués par la gauche réformiste, étaient à l’avant-garde de cette occupation, l’ancien président brésilien Lula Da Silva fournissant plus de troupes que tout autre pays.

Les Haïtiens ont montré à maintes reprises qu’ils sont prêts à se battre pour leurs revendications économiques et l’émancipation du joug impérialiste. Aucune intervention des impérialistes dans le pays, pas même les soi-disant interventions humanitaires qui ont suivi les tremblements de terre de 2010 et 2021 n’ont eu pour autre objectif que de maintenir le pays sous la domination des pays occidentaux. L’ensemble du mouvement ouvrier des pays occidentaux responsables des ingérences doit se saisir de la lutte du peuple haïtien et s’opposer à l’intervention des gouvernements impérialistes !


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