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Haïti. Les mobilisations massives contre Jovenel Moïse s’intensifient

Depuis le 7 février, les mobilisations contre le président Jovenel Moïse ne font que s'intensifier. Depuis le début de son mandat celui-ci à une légitimité extrêmement faible , face à la population qui dénonce sa politique ouvertement pro patronale et pro impérialiste et la répression dure du peuple haïtien et de ses droits démocratiques. Ce dimanche 14 février, les haitiens étaient à nouveaux massivement mobilisés, la tension entre les mobilisations et la répression ne fait que grimper.

Julien Anchaing

17 février 2021

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Crédits photos : afp.com/Valerie Baeriswyl

La situation politique en Haïti a connu une profonde intensification ces dernières semaines avec une multiplication des mobilisations massives contre le président Jovenel Moïse, appelées à la fois par les dirigeants de l’opposition politique, les directions syndicales mais aussi de nombreuses organisations militantes. Face à une répression extrême qui a déjà fait au moins un mort et de très nombreux blessés à Port-au-Prince, les mobilisations massives ont persisté malgré la militarisation des rues par le gouvernement.

Jovenel Moïse, président pro-patronal lié aux secteurs de l’exportation avant son arrivée au pouvoir est un des exemples des principaux laquais des intérêts des Etats-Unis dans les Caraïbes. Son attachement à la dette du FMI ainsi qu’aux bailleurs de fonds et aux mesures d’austérité visant à exploiter plus durement la population haïtienne n’a pu être permis que par une montée toujours plus violente de ses méthodes de gouvernance, allant jusqu’à dissoudre le parlement l’an dernier ou encore réguler les pouvoirs de la Cour des Comptes qui était en pleine enquête sur la corruption du parti au pouvoir. Une gouvernance donc qui ne se fait que par décret et qui a aussi dû passer par la mise à l’écart de ces principaux opposants politiques au sein de la Cour de Cassation tels que Jean Louis ou Ivickel Dabrésil, et ce en toute opposition à l’article 177 de la Constitution Haïtienne.

Parmi les principales cibles de Jovenel Moise, les dirigeants de l’opposition politique tels que le juge Dabresil qui figure parmi 23 personnes arrêtées par la police dans la nuit du samedi à dimanche pour “tentative de coup d’Etat”. Une arrestation qui explique aussi en grande partie la présence massive des Haïtiens dans la rue ce dimanche.

Cette politique de laquais lui aura valu l’appui de pays impérialistes comme les Etats-Unis ou encore la France, le Canada ainsi que l’Union Européenne qui ont réitéré, à l’instar de Joe Biden, leur soutien à une année supplémentaire de mandat pour Jovenel Moïse. Une politique qui démontre bien le premier pas vers la “diplomatie démocratique” des démocrates et de Biden que celui ci annonçait déjà dans son discours ce 4 février dernier pour le département d’Etat des Etats Unis : “rallier les nations du monde entier à la nécessité de défendre la démocratie à l’international, de faire reculer l’autoritarisme qui a progressé, nous serons un partenaire beaucoup plus crédible en raison des efforts que nous avons déployés pour consolider nos propres fondations [...]Aujourd’hui, j’annonce des mesures supplémentaires qui vont corriger notre politique étrangère et mieux unir nos valeurs démocratiques à notre leadership diplomatique.” La présidence démocrate ne représente en rien un tournant “démocratique” dans la politique étrangère des Etats Unis. Avec le plus grand parti impérialiste au monde à sa tête, la politique des Etats Unis de défense ses intérêts dans la région Caraïbes passe par le soutien à des figures telles que Jovenel Moise. Ce 22 décembre dernier, plusieurs démocrates tels que Gregory Meeks ont rappelé à l’ordre le gouvernement en soulignant que le tournant autoritaire de Moïse rappelait la dictature des Duvalier, en rappelant que l’administration Biden travaillait pour “soutenir le retour à l’ordre démocratique”.

"Malgré tous les enlèvements, les massacres dans les quartiers populaires, les Etats-Unis continuent de le soutenir. L’argent du fonds Petrocaribe a été dilapidé, on n’a pas de bons hôpitaux, et les Etats-Unis continuent à soutenir ce gouvernement corrompu", s’indigne Sheila Pelicier, une manifestante. De son côté, Velina Elysse Charlier, militante de Nou Pap Dòmi et figure des "pétro challengers" visant à dénoncer le détournement de près de 4 milliards de dollars du plan PetroCaribe sur Haïti rappelle l’importance de ne pas faire confiance à l’opposition. "Je ne vais pas dire que l’opposition représente un changement. Parce que beaucoup des politiques qui sont dans l’opposition ont aussi des accusations de corruption contre eux. Ils ont déjà été au pouvoir et n’ont pas fait mieux que Jovenel Moise".

Au vu de la force de la mobilisation du peuple haïtien et de l’adhésion à la grève générale du 8 février, la politique de l’opposition de négociation pour proposer des figures de manière arbitraire à la présidence interim telle qu’elle a tenté de le faire ce lundi 8 février montre la faiblesse de celle ci à proposer un véritablement plan de rupture avec l’asservissement historique d’Haïti aux intérêts impérialistes dans la région. Pour en finir avec la subordination historique du pays aux Etats Unis et aux intérêts du FMI mais aussi de l’ensemble des pays impérialistes qui pensent pouvoir choisir qui exploitera mieux le peuple haïtien dans ses intérêts, il convient de construire une véritable voie indépendante à la bourgeoisie haïtienne et qui réponde aux intérêts des travailleurs et de la population, pour en finir avec la dette et le pillage du pays, la pauvreté extrême et la misère.


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