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Handicapée, son proviseur la « prie » de changer d’établissement

Amélie, une étudiante de 19 ans en khâgne, atteinte de la maladie de Lyme, s’est vue pratiquement exclure de son lycée, où elle y préparait les concours de l’ENS, simplement parce qu’elle était en fauteuil roulant. Face à cette exclusion, seule la mobilisation de ses camarades de classe a permis que l’étudiante reste dans son établissement, alors que le proviseur a cherché désespérément à la faire quitter l’institution. Un cas qui révèle les discriminations dont sont victimes les personnes handicapées, qu’elles soient étudiantes, travailleuses, et, bien trop souvent, chômeuses.

Arthur Fontane

12 octobre 2016

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Etudiante en khâgne, c’est-à-dire en classe préparatoire de lettres, au lycée Molière dans le XVIème arrondissement, Amélie a été victime de la direction de son établissement qui a tout fait pour la mettre dehors. Atteinte de la maladie de Lyme, la jeune femme a vu son état de santé se dégrader, l’obligeant à se déplacer en fauteuil roulant : cette maladie entraîne notamment des paralysies. Dans cette situation, l’étudiante ne pouvait plus se rendre dans sa salle de classe, se situant au deuxième étage.

Mais, bien qu’une salle peu utilisée au rez-de-chaussée soit disponible, la direction a, comme l’explique une de ses camarades, tout fait pour qu’elle craque et parte, en refusant notamment l’accès à cette salle. La classe a alors été déplacée dans une salle trop petite, avec des chaises de jardin cassées et sans tableau. Cependant, la mobilisation des élèves a permis que la solution la plus simple et la plus adaptée –déplacer la classe dans une salle accessible– soit finalement adoptée, malgré les réticences de la direction, qui souhaitait la rediriger vers un autre établissement qui, lui, ne préparait pas les concours qu’Amélie souhaitait passer.

Ce « fait divers », comme aiment en parler les médias, révèle cependant une réalité beaucoup plus dure en mettant en avant les discriminations que subissent tous les jours les personnes en situation de handicap, qu’il soit physique ou mental, sur les lieux d’étude, de vie et de travail. Et ici, le cas montre à quel point les autorités n’ont que faire de la mise aux normes des établissements scolaires et de l’enseignement supérieur pour les personnes à mobilité réduite. Pourtant, une loi de 2005 donnait 10 ans à toutes les administrations et établissements publics pour régler ce problème.

Mais visiblement, c’est loin d’être une priorité : en Île-de-France, seuls 12 lycées sur 470 sont accessibles aux PMR selon le rectorat… Plus généralement, 60 % des lieux publics ne sont pas accessibles à ces personnes, qu’elles y travaillent où qu’elles y soient étudiantes, ou simplement visiteurs nécessitant un service public. Face à ce laxisme, l’État a rallongé le délai jusqu’en 2024 pour certains cas pour retarder cette mise aux normes. Mais, malgré ces situations insupportables, l’État fait de la question une variable d’ajustement systématique : au mois de septembre, des fonds visant à faciliter et améliorer l’insertion professionnelle des personnes handicapées au sein de la fonction publique ont été détournés pour engager des vigiles !

30 millions d’euros, dont une partie aurait pu être destinée à construire des rampes, des ascenseurs, à mettre aux normes les espaces de circulation dans différents établissements publics, ont été donnés aux universités pour employer plus de vigiles, et ce, avec la bénédiction de Najat Vallaud-Belkacem et la Conférence des Présidents d’Université… Le droit à étudier, à travailler, n’exclut pas les personnes qui ont déjà eu le malheur de subir un accident ou d’être atteintes de maladie, et c’est ce que certains ne veulent visiblement pas entendre, que ce soit dans les universités ou dans les usines.


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