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Crise économique en Argentine

Hausse des prix, baisse des salaires : le patronat veut saigner les travailleurs argentins

Après les élections de dimanche, où la droite argentine a subi un revers important, les marchés ont décidé de faire payer son vote à la population argentine en faisant brutalement augmenter l'inflation : en quelques heures, les salaires ont perdu 25% de leur valeur. La proposition d'urgence de la gauche argentine : une grève active de 36 heures pour défendre les salaires et l'emploi. La fin de la trêve doit être imposée à la CGT et à la CTA (principaux syndicats nationaux). Pour une solution radicale afin que les capitalistes paient pour la crise.

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Publié sur La Izquierda Diario (qui est le journal argentin du réseau international de quotidiens numériques en sept langues dont fait partie Révolution Permanente), ce texte est une déclaration du Parti des Travailleurs Socialistes (PTS) en réponse au "coup de marché" qu’ont subi les travailleurs ce lundi qui leur a fait perdre en quelques heures plus de 25% de la valeur de leurs salaires.

Les résultats des élections de dimanche ont donné lieu à l’ouverture un nouveau moment de crise.

Comme l’avait averti le Front de la Gauche et des Travailleurs Unifié (FIT-Unidad) pendant toute la campagne des primaires (PASO), le pire n’est pas encore arrivé mais est en route à l’initiative du capital financier international et du FMI. Les patrons n’hésiteront pas à se lâcher sur les travailleurs par l’inflation, les licenciements et le chômage technique.

Moins de 24 heures après les élections, les "marchés" (c’est-à-dire les grands banquiers, les hommes d’affaires et les propriétaires terriens) montrent comment fonctionne la "démocratie" capitaliste. Comme ils n’ont pas aimé le résultat électoral, qui signe une énorme défaite pour le gouvernement Macri qui est un agent direct de leurs intérêts, quelques investisseurs ont déclenché une course à la fuite des capitaux, qui vise le peso argentin et a fait dégringoler sa valeur. Au moment d’écrire ces lignes, un dollar s’échange contre 60 pesos (alors qu’il s’échangeait contre 45 pesos dimanche, le jour des élections, après avoir déjà connu plusieurs mois d’inflation brutale, 1 dollar contre 17 pesos en septembre 2017 !).

Les conséquences immédiates sont l’aggravation de l’attaque contre les salaires, les pensions, les régimes d’aide sociale et l’accélération d’une récession avec des licenciements. Dans les supermarchés à travers le pays, les prix ont déjà commencé à être actualisés selon ces nouvelles données.

Au cours des prochaines heures, nous assisterons à une escalade de l’inflation qui affectera la vie de millions de personnes.

La population vote, mais dans ce système capitaliste, le sort des travailleurs est décidé par les "marchés".

Grève active de 36 heures et plan de lutte

Alors que les masses commencent à souffrir d’une nouvelle attaque contre leurs conditions de vie, les directions syndicales de la CGT (Confédération Générale du Travail) et de la CTA (Centrale des Travailleurs Argentins) continuent de regarder ailleurs. Ce sont les mêmes bureaucraties qui nous ont appelé à laisser passer les attaques de Macri pendant des années, nous demandant d’attendre les élections et de faire campagne pour le Frente de Todos (Front de Tous, candidature kirchnériste qui a remporté les primaires face à Macri mais dont les protagonistes étaient à la tête de l’Etat avant l’arrivée de ce dernier et ont toujours servi fidèlement les intérêts des puissances impérialistes qui pillent l’Argentine).

Il est nécessaire de leur imposer qu’ils brisent leur trêve. Nous devons mettre en avant une campagne forte dans tout le pays, avec des assemblées dans tous les lieux de travail, pour exiger qu’ils appellent à une grève nationale active de 36 heures, avec mobilisation, et qu’ils continuent avec un plan de lutte, pour la défense des salaires, des pensions et des allocations. Qu’ils convoquent un Congrès des Délégués de base avec des mandats où ils votent sur la base d’un programme pour défendre les intérêts des travailleurs.

Parmi les revendications d’urgence les plus importantes que nous devons soulever : pour que nos revenus ne se liquéfient pas, lutter pour imposer une clause d’ajustement afin que les salaires, les pensions de retraite et les allocations augmentent automatiquement au même niveau que l’inflation chaque mois ; l’annulation de l’augmentation des prix des services publics, réindexés aux niveaux de 2016 et qu’ils ne puissent pas ensuite augmenter plus que les salaires ; défendre tous les emplois, soutenir toutes les luttes et occupations sous la direction des travailleurs de toute entreprise qui ferme ou licencie massivement, en demandant sa nationalisation.

Pour une solution de fond

Mais au-delà de ces mesures d’urgence, le sort des travailleurs dépend de la réorganisation du pays sur de nouvelles bases.

Au cours de ces derniers mois, les attaques contre les masses continueront de s’intensifier. C’est pourquoi, il est urgent que la classe ouvrière et le peuple opprimé nous prenions notre destin en main, si nous ne voulons pas que cette crise se termine à nouveau par un pillage comme celui de 2001 et tant d’autres, qui sont présents dans la mémoire populaire.

Pour ce faire, il est nécessaire de discuter des mesures de base dont nous avons besoin.

Le candidat du Frente de Todos, Alberto Fernández, rappelait encore la nécessité d’une dévaluation. De leur côté, ses référents économiques ont déclaré qu’ils ne rompraient pas avec le FMI et qu’ils "honoreraient" les dettes avec le capital financier international.

Du PTS et du Front de Gauche et des Travailleurs Unifié, nous pensons que les difficultés du peuple s’aggraveront avec cette politique. Pour éviter la catastrophe, nous proposons comme mesures fondamentales : la rupture avec le FMI et le non-paiement de la dette, l’argent pour le travail, la santé, l’éducation, le logement et les pensions ; la nationalisation du système bancaire pour éviter la fuite des capitaux et défendre l’épargne populaire ; le monopole d’Etat du commerce extérieur ; le gel des coûts des services publics, la nationalisation sous la direction des travailleurs et le contrôle des usagers de toutes les entreprises de service public ; l’expropriation des grands propriétaires terriens, le droit à l’avortement légal, sûr et gratuit ainsi que toutes les demandes du mouvement des femmes.

De cette façon, nous, qui considérons que la seule issue possible soit un gouvernement des travailleurs et du peuple opprimé, mais qui savons que cette perspective n’est pas encore partagée par les masses, faisons une proposition d’urgence face à la crise pour pouvoir réaliser ce programme : lutter pour une Assemblée constituante libre et souveraine qui discute et résolve les mesures pour satisfaire les besoins des travailleurs, que ce soient les capitalistes qui assument leur crise et que nous puissions réorganiser le pays sur de nouvelles bases. Empêchons ainsi les "marchés" et les institutions de ce régime fait pour les riches de décider, comme le Sénat réactionnaire et antidémocratique qui répond aux gouvernants qui appliquent l’austérité et se renouvelle seulement par tiers, ou la Cour suprême de justice qui approuve la précarisation du travail et toutes les mesures anti-populaires.

Nous proposons une Assemblée constituante libre et souveraine, capable d’exprimer véritablement la volonté du peuple, composée d’un député pour 20 000 habitants, que ses membres ne forment pas une caste privilégiée comme ceux qui peuplent le Congrès actuel, mais que tous ces députés soient révocables et payés comme un enseignant. Une Constituante qui a les pleins pouvoirs pour traiter tous les grands problèmes nationaux sans restrictions, qui n’est limitée par aucun prétendu "contrepoids" et qu’aucune des institutions du régime actuel n’a le droit de suspendre ou d’opposer son veto aux mesures qui y sont votées.

Crédits photo : EITAN ABRAMOVIC / AFP


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