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Seconde guerre mondiale

Hiroshima et Nagasaki : un crime majeur de la « démocratie » impérialiste

Il y a 75 ans était perpétré le plus grand « attentat terroriste » commis au nom de la démocratie, à Hiroshima. La seconde guerre mondiale était terminée, mais les États-Unis se devaient de faire une démonstration mondiale de leurs forces et de leur hégémonie.

Maly Drazkami


et Gabriela Liszt

6 août 2020

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Entre le 6 et le 9 août 1945, les États-Unis lancèrent les bombes atomiques, sous couvert de la nécessité d’envahir le Japon pour éviter la mort de milliers de soldats nord-américains. Cependant, il est aujourd’hui reconnu que le Japon, à ce stade de la guerre, était déjà vaincu. L’objectif était politique. Les États-Unis avaient pour but, dès le début de la guerre, de définir la division du monde à leur avantage et de consolider leur hégémonie à l’échelle internationale en empêchant toute initiative du mouvement ouvrier international. Ainsi, tout comme l’Allemagne nazie pendant la guerre, il se proposait de dominer l’Europe. À un objectif contre-révolutionnaire correspondent des moyens contre-révolutionnaires et les Etats-Unis, comme l’Allemagne nazie avant eux, eurent recours au terrorisme d’État, au racisme et au génocide pour exterminer des millions de personnes, et atteindre leurs objectifs.

Des bombes pour anéantir les masses, sans toucher aux impérialistes japonais

La demande des Alliés de la capitulation sans condition du Japon lors de la conférence de Postdam en juillet 1945 ne visa finalement que les militaires. Les Alliés débattaient pour savoir s’il fallait conserver l’empereur du Japon, Hirohito, qui après avoir dirigé la guerre, avait décidé, en juin de cette même année, de changer de gouvernement pour favoriser la négociation avec les Alliés. Au même moment, les populations japonaises se faisaient bombarder à Tokyo, alors qu’il n’y avait aucun objectif militaire dans la capitale. En mars 1945, le premier bombardement de Tokyo détruisit 50 % de la ville. Durant mai, juin et juillet, d’autres villes japonaises furent dévastées par les bombes de napalm des Alliés. Certains évaluent le nombre de morts avant Hiroshima et Nagasaki à un million de personnes. En même temps, les États-Unis, avec le consentement de la Grande-Bretagne, avançaient à grands pas dans leurs essais pour le lancement de la bombe atomique. Entre 140 000 et 250 000 personnes furent tuées à Hiroshima et Nagasaki, avec des séquelles dues aux irradiations qui se poursuivirent durant des décennies.

Les Alliés craignaient un possible soulèvement des masses après à l’effondrement des régimes démocratiques vaincus durant la guerre, remplacés par des régimes servant les intérêts de la bourgeoisie par la voie du fascisme. Comme ils le firent en France, en Italie et en Grèce, les Alliés acceptèrent des alliances avec les régimes les plus réactionnaires et collaborationnistes, pour assurer la stabilité de ces régimes qui allaient réprimer durement tous les mouvements susceptibles de donner lieu à des révolutions. La lutte contre le mouvement ouvrier international se fit avant toute velléité entre puissances impérialistes.

Ainsi, la politique des États-Unis pour le Japon fut de bombarder, envahir, maintenir l’empereur Hirohito et imposer un gouvernement d’occupation. L’occupation dura 7 ans sous le commandement du général Douglas MacArthur. Entre autres moyens « démocratiques », toute référence aux conséquences des bombardements furent interdites dans les journaux. Bien qu’il y ait eu une certaine récupération de la population japonaises après la guerre, aujourd’hui encore elles souffrent des séquelles des bombes. Les « hibakushas » (les milliers de survivants des bombardements) furent livrés à leur sort durant des années, comme le décrit si bien le film de Isao Takahata, Le Tombeau des Lucioles, qui suit la vie et la mort de deux enfants laissés orphelins par le bombardement de la ville de Kobe.

Mettre des limites à l’expansion de l’URSS

Les accords de Yalta et de Potsdam redéfinirent les contours du monde selon les intérêts des puissances victorieuses, à savoir les États-Unis, la Grande Bretagne et l’URSS, bien que la présence de cette dernière ne réjouissait en rien les États-Unis. Cependant, avec son triomphe sur les nazis, le rapport de force que l’URSS leur imposait ne leur permettait pas de ne pas accepter. Après s’être mis d’accord, restait à régler quelques « détails », notamment par rapport à l’Asie, où Staline avait des intérêts à faire respecter. Intérêts qui étaient bien loin de toute idée d’expansion de la révolution. Même si le rôle de l’URSS était ouvrtement contre-révolutionnaire, il restait un partenaire peu fiable pour l’impérialisme en tant qu’état ouvrier, considéré de plus par les masses du monde entier comme le grand vainqueur des nazis. Par la démonstration de la force militaire états-uniennes, il s’agissait donc de mettre un frein à son expansion.

Faire la démonstration de son hégémonie militaire aux autres puissances (y compris des Alliés) et aux nouvelles semi-colonies

En suivant ses objectifs impérialistes, Roosevelt autorisa la fabrication de la bombe atomique dès mars 1942. Le « projet Manhattan » suivit son cours jusqu’en 1945. Harry Truman, qui remplaça Franklin Roosevelt à la fin de la guerre, vit dans le lancement des bombes la possibilité de « dicter [ses] propres conditions à la fin de la guerre », et d’imposer ainsi son hégémonie par la menace que représente cette technologie militaire. Avec ces bombes, les États-Unis inaugurèrent la « paix américaine », qui subit ses premiers revers dans les années 70 avec sa défaite au Vietnam.

Imposer une démocratie « atomique » aux masses

Les deux bombes atomiques furent le point culminant des bombardements des masses que les Alliés mirent en place dès le début du développement des processus révolutionnaires en Europe et en Asie en 1943. Entre cette année et 1947, alors que les États-Unis fondaient leur « démocratie » et leur « liberté », en même temps qu’ils se targuaient d’être les « libérateurs » des colonies, des millions de travailleurs, pauvres, hommes, femmes, enfants mourraient sous leurs bombes (et celles de la Grande-Bretagne et de la France) en Italie, en Grèce, en Allemagne (particulièrement à Dresde), en Algérie, en Inde, à Madagascar... Étouffant les révolutions prolétariennes, l’impérialisme comptait s’imposer durablement par des démocraties s’érigeant sur des millions de cadavres et sur la dissimulation de ses froids calculs d’intérêt.

Ce texte est une re-publication d’un de nos articles datant du 7 août 2017


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