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La guerre de la mémoire

Hongrie. Le Memento Park de Budapest, un « hommage » détestable

Le Memento Park à Budapest est sans aucun doute l'un des endroits les plus cyniques et détestables de la ville. Complètement excentré, coincé entre deux entreprises de matériaux de BTP, dans une zone isolée, cet endroit est censé concentrer certains monuments de « l’ère communiste » qui étaient autrefois éparpillés un peu partout dans Budapest. On reconnaît l’esthétique stalinienne, l’affreux « réalisme socialiste ». Le tout teinté d’un certain culte de la personnalité. Marx, Engels, Lénine carrés et oxydés.

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Mais le Memento Park est plus que cela. C’est l’une des expressions les plus claires de ce que l’on pourrait appeler le « triomphalisme capitaliste », roi durant les années 1990 notamment après l’effondrement de l’URSS et des régimes dits communistes d’Europe Centrale et de l’Est.

En effet, au début des années 1990 s’est posée la question pour les autorités de Budapest de que faire avec certains monuments communistes ayant une certaine valeur artistique. L’idée retenue a été celle de les mettre tous ensemble dans un « parc ». Loin, très loin du centre de la ville. Loin des regards du quotidien des habitants ; loin du regard curieux des touristes. Il fallait faire disparaître littéralement le « communisme » des têtes et avancer rapidement, très rapidement, vers l’instauration solide du capitalisme. « Irréversible », qu’on appelait ce processus.

Mais dans cette frénésie anti-communiste primaire, tout y est passé. Même « Les bottes de Staline ». Or, « Les bottes de Staline » étaient à la base une statue géante de Staline qui a été mise à bas par les travailleurs et les jeunes révolutionnaires le 23-24 octobre 1956, jour du début de l’héroïque Révolution des Conseils. Une révolution ouvrière et populaire socialiste et clairement antistalinienne. Une révolution que le nouveau pouvoir capitaliste et pro-impérialiste n’hésite pas à s’approprier en réécrivant l’histoire et la présentant comme la « prémisse » de ce qui allait arriver en 1989.

Autrement dit, le pouvoir restaurationniste a même enlevé du centre de la ville l’un des symboles les plus importants de la révolution de 1956 qu’il aurait pu revendiquer hypocritement. Mais la réalité c’est que le véritable souvenir de cette révolution reste trop dangereux et gênant pour les classes dominantes actuelles en Hongrie. Et effectivement elles ont raison de le craindre.


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