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Témoignage

« Honte à la RATP ! » Faussement accusé d’avoir renversé un piéton puis licencié : le calvaire d’un conducteur de tram

Agent RATP depuis 16 ans, la vie de Rabhi El Yamani bascule en 2016, lorsque la direction du dépôt de Croix-Nivert dont il dépend comme conducteur de tram l'accuse sans preuve d'avoir renversé un piéton. Accablé par ces accusations mensongères, sa santé dégringole mais rien n'arrête sa hiérarchie, qui va jusqu'à le révoquer. A bout de souffle, ce père de famille tentera de mettre fin à ses jours. Aujourd'hui il a décidé de se battre pour obtenir justice et appelle à le soutenir.

Flora Carpentier

13 janvier 2021

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Dans un témoignage exclusif, Rabhi El Yamani, 54 ans, nous livre un récit poignant du calvaire vécu ces dernières années en tant qu’agent de la RATP. Après 12 ans comme conducteur de bus sur le dépôt d’Aubervilliers, sans embûche, c’est avec enthousiasme qu’il rejoignait le dépôt de Croix-Nivert à Paris 15e, après avoir été sélectionné pour être formé à la conduite de tramways. Mais c’était sans compter sur l’accueil qui lui serait fait dans ce dépôt parisien. Il y découvre des méthodes managériales qu’il décrit comme dangereuses et pathogènes pour les salariés, mais aussi le racisme et les discrimination de ses chefs. Il décide alors de se rapprocher de la CGT pour faire valoir ses droits, ce qui d’après lui « n’a pas plu à sa direction ».

Fin août 2016, il est accusé sur la base d’un faux témoignage d’avoir renversé une femme avec son tramway. Il s’en défend et assure n’avoir commis aucune faute, mais malgré l’absence de preuve, la RATP le met à la porte en l’espace de quelques mois. « Si on percute une personne à 60km/h avec un tram, c’est des morceaux qu’on ramasse, et mes collègues l’ont tout de suite compris, c’est un mensonge flagrant ! C’est honteux d’une entreprise comme la RATP de licencier un innocent de cette manière-là. Je leur ai dis ’sortez-moi les preuves, dans ma rame il y avait les caméras, et vous savez très bien qu’il n’y a pas eu d’accident’... »

Accablé, Rabhi s’évanouit sur son lieu de travail, mais là encore la direction s’acharne et refuse la reconnaissance d’accident du travail, possiblement pour s’assurer de pouvoir poursuivre la procédure disciplinaire à son encontre. En novembre 2016, il est convoqué en conseil de disciplinaire pour faute grave pouvant entraîner la révocation, et comprend que sa suspension de son habilitation à la conduite des tramways risque d’être définitive. Il tente alors de mettre fin à ses jours et se retrouve hospitalisé. Ce ne sera pas encore assez pour sa hiérarchie qui maintient le conseil de discipline, en son absence puisqu’il est toujours à l’hôpital. C’est d’ailleurs là qu’il apprendra sa révocation de la RATP quelques semaines plus tard.

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Grâce au soutien de ses proches, Rabhi s’en est aujourd’hui sorti et a décidé de relever la tête. Assisté d’un avocat, il poursuit la RATP devant les Prud’Hommes, dont l’audience en appel aura lieu ce mercredi 13 janvier à 13h à la Cour d’Appel de Paris : « Je passe au tribunal pour clamer mon innocence et qu’on me rende ma fierté, qu’on me rende ce qu’on m’a pris, et j’ai besoin de votre soutien. »

Son histoire rappelle celle de Dylia Goloko, conductrice de bus sur le même dépôt RATP qui avait perdu ses jumeaux à 5 mois de grossesse après avoir appris son licenciement ; ou encore celle de M., qui témoignait dans nos colonnes de sa souffrance au travail comme machiniste RATP. C’est d’ailleurs pleinement conscient de ne pas être un cas isolé que Rabhi a souhaité adresser un message de combat à ses collègues : « A mes collègues machinistes, en fonction ou licenciés comme moi, je veux passer un message : arrêtez d’avoir peur, soyons solidaires, serrez-vous les coudes. Si on se défend ils ne pourront rien nous faire. Il faut se réveiller ! » Tout notre soutien le plus fraternel à Rabhi face à cette violence patronale qui broie des vies.


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