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Crise sanitaire

Hôpitaux saturés, tri des patients et personnel débordé : le gouvernement est responsable !

En plein pic épidémique et alors que le gouvernement organise une véritable guerre aux non-vaccinés, les hôpitaux et le personnel soignant n’ont jamais été aussi débordés. De cette situation le seul coupable est le gouvernement qui a délibérément laisser le virus circuler dans des hôpitaux affaiblis par des décennies de politiques austéritaires.

Yann Causs

5 janvier 2022

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Crédits photo : NICOLAS TUCAT / AFP

Nous commençons à nous habituer, chaque jour depuis 2 semaines la France bat des records en termes de contaminations à la Covid-19. Ce mardi, 335 000 nouveaux cas ont été détectés, selon le ministre de la santé Olivier Véran. Cette situation est provoquée comme nous le savons par une double vague entre le variant Delta et Omicron, dont ce dernier qui se distingue par sa dimension ultra contagieuse. A ce titre, le nombre de contaminations quotidiennes est très certainement sous estimé de par les réactions tardives du gouvernement, son aspect massif, le manque de moyens logistiques pour contrôler sa diffusion mais aussi les limites scientifiques en termes de criblage auxquelles se retrouvent confrontés les laboratoires.

La saturation des hôpitaux ne cesse de s’étendre

Mais bien plus, c’est bien la situation des hôpitaux s’enfonçant chaque jour un peu plus dans le gouffre qui inquiète. Le nombre d’hospitalisations est depuis hier au plus haut depuis mai 2021 avec plus de 20 000 personnes admises dans les services de soins et 3 665 personnes sont en soins critiques. Depuis l’apparition de la cinquième vague et du variant Omicron ces indicateurs sont en hausse constante, l’aspect exponentiel des contaminations se traduisent aussi en hospitalisations, posant plus que jamais la perspective d’une saturation des hôpitaux.

D’autant plus que la propagation massive d’Omicron a déjà en effet collatéral la contamination des personnels soignants grandement exposés au virus. En guise d’exemple, nous apprenons ce matin par le biais du journal régional L’Éclaireur que « beaucoup d’agents ont été positifs depuis plusieurs jours » au CHU de Châteaubriant d’après son directeur. C’est pour répondre à ce risque de désorganisation de l’hôpital, et donc de rupture, que le gouvernement a choisi d’alléger les règles d’isolement, en particulier des soignants qui devront continuer de travailler malgré le fait qu’ils soient testés positifs. Ceci témoigne de la gravité de la situation sanitaire et surtout de l’état de santé de l’hôpital : après avoir limogé les soignants car ils n’étaient pas vaccinés le gouvernement est contraint de faire travailler les cas positifs, au risque d’accentuer la transmission du virus.

Cette décision fait écho aux plans blancs qui sont depuis plusieurs semaines déjà déclenchés dans l’ensemble des régions. Ces plans permettent de répondre à des situations de crises, notamment lorsque le personnel et les moyens viennent à manquer, en réorganisant les services ou en mobilisant du personnel supplémentaire. Ainsi ils mettent à rude épreuves le personnel qui se retrouve sous une plus forte tension (congés annulés, heures supplémentaires et opérations déprogrammées) et souvent la boule au ventre. Pourtant cela n’empêche pas les fermetures de services par manque de personnel et de moyens. Par exemple, hier, à Saint Denis, les urgences pédiatriques ont dû fermer « jusqu’à nouvel ordre » du « à plusieurs arrêts maladies soudains de personnes […] dans un contexte de tension nationale sur les effectifs liée à la période de pandémie » selon les explications du centre hospitalier pour Actu. Nous pouvons aussi citer la fermeture des urgences de Senlis, en « fermeture temporaire » depuis trois semaines faute de personnel, ou encore celles de Laval qui avaient déclenché une grève des agents hospitaliers en novembre dernier. Quand les services ne ferment pas, les établissement qui ont la plus forte tension hospitalière ont déjà recours depuis deux semaines aux transferts de patients vers d’autres centres, en particulier en région PACA. En Auvergne-Rhône-Alpes ce sont neuf patients qui ont été transférés vers d’autres régions entre le 24 et le 31 décembre. Enfin la situation à Marseille est telle que les soignants ont dès à présent commencé à organiser la sélection des patients. Un tri dont l’un des facteurs centraux est plus que jamais le manque de moyens et l’incapacité humaine et matérielle de l’hôpital à faire face à ces situations de crise. Si nous ajoutons à cela l’épuisement généralisé et le ras le bol de la première ligne allant jusqu’à « jeter la blouse blanche », les hôpitaux en pleine flambée épidémique sont très largement affaiblis pour y faire face. Le gouvernement tente de cacher cette réalité en pointant comme responsable les personnes qui ne sont pas vaccinés avec des tons réactionnaires, mais qui ne peuvent faire oublier que le premier responsable de cette situation est le gouvernement lui même !

Le gouvernement est le premier responsable !

Concernant l’occupation des services hospitaliers Covid, nous ne pouvons nier que la majorité des patients en réanimation sont non-vaccinés. Même si il est compliqué d’établir précisément la situation faute de données régulières, comme l’explique ce mardi 4 janvier Le Monde, « en proportion les non vaccinés sont dix sept fois plus » représentés dans les admissions en réanimation. Il est donc clair que la protection du vaccin est importante pour limiter les formes sévères du virus. Pour autant, une part importante des patients en réanimations sont des personnes immunodéprimées, c’est à dire qui ont pour diverses raisons (transplantation, médicaments immunosuppresseurs etc.) des défenses immunitaires affaiblies. Ainsi, malgré le fait qu’ils aient trois voire quatre doses, ils restent plus exposés aux formes sévères et sont donc plus nombreux dans les services. D’après un article paru dans Le Monde, ils représenteraient jusqu’à 30% des patients en réanimation.

Le gouvernement mène ainsi une véritable guerre aux non vaccinés, comme l’illustrent ces propos méprisants au Parisien avouant avoir « très envie de les emmerder » et allant même jusqu’à remettre en cause leur « citoyenneté ». Des déclarations qui font suite aux mesures de restrictions sur les non-vaccinés à l’image du pass vaccinal discuté en ce moment à l’Assemblée. Macron intensifie depuis plusieurs jours la stigmatisation des non-vaccinés érigée en bouc émissaire de la reprise épidémique afin de cliver la population en deux. À un peu moins de 100 jours du premier tour des présidentielles, c’est une logique qui s’appuie sur une frustration certaine d’une partie de la population et en particulier des soignants épuisés.

Le gouvernement est le chef d’orchestre d’un procès contre les non vaccinés totalement injuste lorsque l’on constate la responsabilité écrasante de celui-ci. Si aujourd’hui le taux d’incidence culmine à 2 000 cas pour 100 000 personnes, soit une personne sur cinquante positive à la Covid-19 ce n’est pas seulement le fruit du variant omicron. C’est surtout la conséquence des choix du gouvernement, qui a choisi de laisser circuler massivement le virus alors que l’incidence commençait déjà à s’envoler au début de l’hiver. S’appuyant sur le mythe d’une vaccination toute-puissante face à l’épidémie, le gouvernement a abandonné les gestes barrières pour laisser l’impression le plus longtemps possible du retour à la normale. Aujourd’hui, au nom de la sacro-sainte économie et sous les pressions du Medef il poursuit cette logique - qui s’apparente en réalité à celle de l’immunité collective - au risque de saturer les hôpitaux. La rentrée catastrophique dans les écoles depuis lundi avec l’absence de protocole sérieux, le maintien des partiels en présentiel, les transports qui continuent à être bondés, la pénurie de masques FFP2, l’absence d’investissement dans des systèmes de filtration d’air dans tous les endroits publics fermés ou encore la baisse de la durée de l’isolement illustrent parfaitement toute l’irresponsabilité du gouvernement. Oliver Veran n’hésite pas à assumer cette politique lors d’un entretien pour le JDD : « Cette cinquième vague sera peut-être la dernière. Omicron est tellement contagieux qu’il va toucher toutes les populations du monde. Il va entraîner une immunité renforcée : on sera tous plus armés après son passage. » À l’inverse, l’OMS a annoncé ce mercredi 5 janvier qu’Omicron « pourrait générer des variants plus dangereux ». Ainsi, le gouvernement laisse circuler largement le virus au péril d’une rupture de l’hôpital et de nos vies.

Sur ce dernier point, la faiblesse de l’hôpital dépeint précédemment trouve son origine dans les politiques néolibérales des dernières décennies qui ont cassé l’hôpital public. Les gouvernements successifs au nom de l’austérité sont coupables d’avoir affaiblis les hôpitaux : depuis 1993, ce ne sont pas moins de 100 000 lits qui ont été supprimés. Macron et son gouvernement ont même été capables d’en supprimer en pleine crise sanitaire, puis d’après la Drees ce sont 5 700 lits d’hospitalisations qui ont été supprimés en 2020. Dans ces conditions et avec un niveau de pression qui ne cesse de se renforcer, il n’est pas étonnant de constater que près de 20% des lits sont fermés faute de personnel. À tout cela le Ségur de la santé n’a répondu en rien, il n’a fait qu’ajouter une dose importante de mépris envers le personnel hospitalier qui n’a pas hésité à se mettre souvent en grève.

Le vaccin reste d’une importance fondamentale pour lutter contre l’épidémie, la composition des services de réanimations le démontre que ce soit même pour protéger les plus fragiles d’entre nous. Pour autant il nous faut dénoncer sans concession l’offensive et la stigmatisation des non-vaccinés. Comme nous nous interrogions en début de semaine suite aux propos du professeur Grimaldi dans le JDD : « Mais à qui la faute si toute une partie de la population se méfie du vaccin ? Qui a alimenté le scepticisme, par ses mensonges, son incompétence ou par sa complaisance avec des figures covidosceptiques comme le Professeur Raoult ? Qui a participé à consolider l’influence de l’extrême-droite anti-vaccin par ses mesures autoritaires et son offensive frontale contre les non-vaccinés, traités en citoyens de seconde zone ? Personne d’autre, là encore, que le gouvernement. »


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