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Zéro pointé

Imposture. Borne présente un plan de planification écologique… sans planification ni écologie

Borne a présenté lundi 22 mai un plan sur la planification écologique particulièrement vide. Ce qui ne l’empêche pas de communiquer à fond sur de prétendues mesures écologiques, tant que ça permet de parler d'autre chose que des retraites.

Seb Nanzhel

24 mai 2023

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Imposture. Borne présente un plan de planification écologique… sans planification ni écologie

Crédits photo : capture d’écran « Planification écologique : déclaration d’Élisabeth Borne depuis La Recyclerie à Paris »

Il y a des sujets sur lesquels la Macronie est plus efficace que d’autres. Ainsi, Elisabeth Borne, experte en casse sociale, s’est retrouvée à la peine lundi lors de la présentation de son plan de planification écologique. Ni les diapositives colorées riches en diagrammes présentées au Conseil National de la Transition Ecologique, ni le discours triomphaliste de la ministre (« Si on fait tout ce plan d’action, on atteint nos objectifs en 2030 »), n’ont réussi à masquer le vide du plan présenté. 

« On a un peu oublié la partie planification »

Pour cause, le plan ministériel s’est limité à des objectifs de réduction des émissions, chiffrés par secteurs... sans plan pour les faire baisser. Pourtant, comme le rappelle la députée EELV Julie Laernoes présente à la séance, « les secteurs émetteurs sont identifiés depuis des lustres ». Un contenu un peu léger étant donné l’objectif affiché d’une réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre nationales d’ici à 2030. Alors que 25 personnes travaillaient à ce plan depuis 10 mois, un député confesse à France Info : « On a un peu oublié la partie planification ». Un oubli quelque peu embarrassant pour un plan de planification écologique. 

Le directeur général de la Ligue pour la Protection des Oiseaux confie sobrement n’être pas « totalement rassuré » à la sortie de la réunion, quand Anne Brigault, du Réseau Action Climat, regrette le « manque de mesures plus concrètes ».

L’écologie, c’est bien pour la com’

La première ministre avait pourtant fait les choses en grand, en se rendant entourée d’une dizaine de ministres au Conseil National de la Transition Écologique qui réunit parlementaires, collectivités locales, ou encore des représentants d’associations écologistes. Une mise en scène qui avait pour but d’afficher la "reprise en main" de la ministre sur le sujet.

Une tentative d’incarner une attitude volontariste sur l’écologie, qui s’articule à la stratégie plus globale de sortie de crise de la Macronie, autour des « 100 jours d’apaisement ». Pour tenter de clore la séquence de crise profonde des retraites et combattre l’immobilisme qui le menace, le gouvernement multiplie en effet les annonces et les attaques. 

Les « 100 jours » ont de ce fait leur pendant écolo, avec entre autres les annonces autour du « Plan eau », le projet de loi « Industrie Verte », le repeignage en vert (de gris) du SNU ou encore l’annonce (mensongère) de l’interdiction des vols intérieurs d’une durée de moins de 2h30. 

Une multiplication d’annonces qui a pour but de racheter un peu de popularité au gouvernement, et de rallier une jeunesse qui se mobilise pour son avenir. Les différentes organisations écologistes qui participent au cadre du Conseil National de la Transition Ecologique jouent ainsi pleinement le jeu. « On ne va pas bouder notre plaisir de voir la mobilisation d’Elisabeth Borne, accompagnée pour la première fois de plusieurs ministres, autour d’une planification écologique concrète », se félicite ainsi un représentant de WWF, pas difficile à satisfaire, quand la Ligue pour la Protection des oiseaux salue une « volonté de concertation ». Même son de cloche du côté du Réseau Action Climat qui souligne que « le fait que la première ministre, accompagnée de ministres, vienne au CNTE est un bon signal ». Sauf qu’en général quand Macron ou Borne parlent d’écologie, c’est le signal qu’il faut se méfier.

Une écologie anti-sociale et pro-patronale

Car en parallèle de cette reprise en main affichée sur le terrain écolo, les destructions menées par la Macronie se poursuivent. Le gouvernement qui compte dans ses rangs des actionnaires chez Total liquide le fret ferroviaire et veut « faire une pause » en termes de réglementation européenne sur l’écologie. 

Après Sainte-Soline, l’acharnement répressif à l’encontre des militants écolos se poursuit tandis que la loi de programmation militaire, dans le cadre de la course à la guerre à laquelle se lancent les impérialistes, prévoit une augmentation historique des budget de l’armée, dont le coût écologique, est faramineux. Sans parler des chantiers des JO, et de l’exposition des populations des quartiers populaires à des pollutions de l’air accrues qu’ils entrainent.

Une duplicité qui illustre une écologie résolument au service du patronat, comme les 500 millions de cadeaux annuels prévus pour la soi-disant « industrie verte » viennent le rappeler. 

Alors que les catastrophes climatiques se multiplient à l’international et que la menace d’une sécheresse importante plane sur cet été, il y a urgence s’opposer à l’écologie de Macron, tour à tour liste de cadeaux au patronat et outil marketing au service d’un gouvernement plus isolé comme jamais. La colère contre le gouvernement reste forte et s’inscrit dans de multiples luttes pour les salaires et au-delà. 

Des salariés de l’énergie en lutte contre la répression aux grévistes du réseau de transport public toulousain, en passant par le combat des cheminots contre la liquidation du fret, ces multiples combats portent des questions écologiques profondes ainsi qu’une remise en question de ce gouvernement et des patrons pollueurs qu’il sert. Face à ce gouvernement des capitalistes qui amène la population droit dans le mur, c’est du côté des travailleurs à même de faire tourner les transports ou l’énergie dans l’intérêt de tous qu’il faut lutter. C’est du côté des travailleurs en lutte, pas des conférences gouvernementales que se trouve la solution.


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