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Violences policières

Impunité : non-lieu pour le policier qui a tué Babacar Gueye de 5 balles à Rennes

Après plus de 7 ans et demi de combat pour obtenir la justice et la vérité pour Babacar Gueye, tué par un policier en 2015 à Rennes, le juge d’instruction a ordonné un non-lieu. Une décision révélant une fois de plus l’impunité dont bénéficie l’institution policière.

Natacha Lubin

11 mai 2023

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Impunité : non-lieu pour le policier qui a tué Babacar Gueye de 5 balles à Rennes

Crédit photo : Révolution Permanente

Ce mercredi 10 mai, le juge d’instruction a ordonné un non-lieu dans le cadre du procès contre le policier ayant tué Babacar Gueye. Comme le rappelle Le Télégramme, sauf en cas d’appel de la part des parties civiles, cette décision viendrait clôturer l’affaire.

Dans la nuit du 2 au 3 décembre 2015, Babacar Gueye, un sénégalais de 27 ans, a été tué par un policier de la BAC de 5 balles dans le corps à Maurepas, un quartier de Rennes. Le jeune homme était alors victime d’une crise d’angoisse l’ayant conduit à s’automutiler. Alors que son ami, témoin de la scène, a appelé des pompiers afin de lui venir en aide, ce sont des policiers qui sont arrivés sur les lieux et qui ont tué Babacar.

Depuis sa mort, sa sœur, Awa Gueye, et le collectif Justice et vérité pour Babacar Gueye, se battent sans relâche pour obtenir justice et vérité, et se mobilisent depuis des années pour dénoncer les violences policières, aux côtés d’autres familles de victimes.

En juin 2022, le juge d’instruction avait déjà tenté d’enterrer l’affaire en déclarant un non-lieu, expliquant que le policier avait agi en « légitime défense ». Déjà, cette décision éludait sciemment de nombreuses incohérences de la part des policiers, qui affirmaient notamment que Babacar leur avait « foncé dessus », alors que les expertises balistiques démontraient le contraire. En effet, celles-ci montrent par exemple que les policiers n’ont pas tiré de face, mais ont tiré quatre balles de flanc et une de face.

Ce nouveau non-lieu dans une affaire de violences policières démontre la dimension systémique de l’impunité dont bénéficie la police avec l’aide de la justice. Systématiquement protégés par leur hiérarchie et par le ministère de l’intérieur dès qu’ils sont mis en cause pour des faits de violences policières impliquant la mort de jeunes personnes souvent racisées, les policiers bénéficient en plus de l’impunité que leur confère la justice. Récemment, c’était le procureur de Basse-Terre en Guadeloupe qui avait prononcé un non-lieu pour les gendarmes impliqués dans la mort de Claude Jean-Pierre, retraité de 67 ans.

Mais la mobilisation de la famille et de ses soutiens, dont des organisations syndicales et politiques guadeloupéennes, avait réussi à construire un véritable rapport de force contre cette décision. La justice avait ainsi dû remettre en cause le non-lieu en procédant à de « nouveaux actes d’instruction ». Face à la proclamation de non-lieu par le juge d’instruction dans le cadre de la mort de Babacar Gueye, il est donc clair que seule la mobilisation et la construction d’un front large de dénonciation des violences policières et de leur impunité permettra d’obtenir vérité et justice.

A l’heure où Macron et son ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin mènent à la fois une offensive répressive à l’encontre du mouvement contre la réforme des retraites, et une violente opération coloniale à Mayotte, il est urgent que l’ensemble des organisations du mouvement ouvrier se lie aux combats des victimes de violences policières et de leurs familles qui sont en première ligne de la lutte contre les violences d’État.


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