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Justice complice

Impunité policière. 1350€ d’amende pour avoir défiguré au LBD une manifestante au G7 à Biarritz

En décembre 2018, Lola Villabriga filme une manifestation anti-G7 à Biarritz et se prend un tir de LBD dans la tête. Elle perd deux dents et risque de perdre la vue. Près d’un an et demi plus tard, le policier qui lui a tiré dessus est condamné à une amende ridicule de 1350 euros, montrant à nouveau de quel côté se situe la justice.

Irène Karalis

26 juin 2020

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Lola Villabriga à la sortie du tribunal ce vendredi. Crédit photo : AFP/Gaizka Iroz

Lors d’une manifestation anti-G7 à Biarritz en décembre 2018, Lola Villabriga, étudiante mobilisée, se prend un tir de flashball dans la tête qui lui fracture la mâchoire. Aujourd’hui encore, les conséquences du tir se font sentir. Selon Mediapart, Lola explique ainsi : “Je dois recevoir un implant, je porte un appareil de nuit et j’ai des dents qui se cassent”. Au niveau psychologique aussi, les conséquences sont terribles : “ll faut que j’arrive à me reconcentrer sur les choses que j’aime, ça a été une année difficile, je suis perturbée par tout ça”.

Après avoir porté plainte, l’IGPN ouvre une enquête. Identifié pendant l’enquête, le policier coupable du tir a reconnu les faits dans le cadre d’une procédure de plaider-coupable et a été condamné à une amende de 1.350 euros. Il était en contrebas lorsqu’il a tiré, touchant la victime qui se situait alors plus haut que lui, selon lui par inadvertance. Cependant la violence déployée contre les Gilets jaunes mutilés par dizaines cette année-là, et contre les manifestants anti-G7 à Biarritz laisse dubitatif quand à la thèse de l’accident invoquée par le policier. Toujours est-il que la peine apparaît comme bien ridicule face à la violence subie par Lola Villabruga, qui montre encore une fois que la justice est une justice de classe qui protège les classes dominantes ainsi que l’institution policière. Bien qu’il ait été condamné, ce qui constitue un cas rare dans les affaires de violences policières, cela ne résout absolument le problème des violences policières ni celui de l’utilisation d’armes aussi dangereuses que le LBD.

Par ailleurs, cette affaire montre le caractère intrinsèque des violences dans l’institution policière, encore plus dans le contexte actuel de dénonciation des violences policières à l’échelle internationale. Ainsi, la partie civile a souhaité profiter de la médiatisation du dossier pendant l’audience pour dénoncer la stratégie de “maintien de l’ordre” et l’usage du LBD : “Ce n’est pas le procès d’un policier, mais celui des violences policières, a plaidé Me Sophie Bussière, avocate de Lola Villabriga. C’est toute la chaîne de commandement, jusqu’au ministre de l’intérieur, qui aurait dû comparaître aujourd’hui. Ma cliente souhaite que ces armes ne soient plus utilisées dans le cadre de manifestations.

Un procès qui intervient donc en plein contexte de mobilisation contre les violences policières dans les quartiers populaires et les manifestations. Mais alors que la question des techniques employées par la police est aujourd’hui imposée dans le débat public, à l’instar de l’interdiction des clés d’étranglement, du plaquage ventral, ou du LBD, le gouvernement prend fait et cause pour l’institution policière et l’arsenal répressif sans lequel il ne pourrait se maintenir. Ainsi l’on voit que pour inscrire simplement la revendication d’interdiction des clés d’étranglement à l’ordre du jour politico-médiatique, il aura fallu le déferlement d’un mouvement aux États-Unis et une mobilisation de plus de 100.000 personnes en France. Et encore cela ne suffit-il pas puisqu’après avoir annoncé l’abandon de cette technique le 13 juin dernier, Christophe Castaner a annoncé en contrepartie la généralisation du Taser, une arme au potentiel létal selon Amnesty International qui a décompté en 2001 pas moins de 400 personnes mortes aux États-Unis après un tir de Taser.

En réalité la police n’est pas réformable, puisque son rôle est intrinsèquement celui de mater et de réprimer la population, que ce soit dans les quartiers populaires ou dans les manifestations, avec la complicité de l’institution judiciaire qui la protège et la défend. Bien loin d’être l’affaire de “brebis galeuses” dont il faudrait se débarrasser, c’est bien toute l’institution policière qu’il faut dissoudre.


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