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2022

Inquiet pour 2022, LREM espère ressusciter le front républicain en draguant la gauche

En pleine préparation pour 2022, le gouvernement cherche à renouer avec son aile gauche, heurtée par le débat Darmanin-Le Pen et les déclarations de Vidal sur « l’islamo-gauchisme ». Après avoir appliqué le programme de l’extrême droite via la loi séparatisme, LREM s’offusque qu’on ne veuille pas d’elle comme « barrage » à Marine Le Pen.

Lorélia Fréjo

3 mars 2021

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Crédits photo : PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP

Course pour 2022 : LREM lance des appels du pied à gauche

Coup de tonnerre en Macronie, ce week-end Libération titrait « Macron – Le Pen : Le barrage mal barré » agrémentée de la citation d’un électeur : « j’ai déjà fait barrage, cette fois c’est fini ». En effet, le journal a récolté les témoignages de nombreux électeurs de « gauche », des Insoumis en passant par le Parti Socialiste, qui regrettent d’avoir fait barrage à Le Pen et ne se voient pas refaire la même erreur.

Un article qui a fait beaucoup réagir du côté de LREM. Piqué au vif, François De Rugy a twitté pour fustiger la « dérive d’une partie de la gauche » qui renvoie « dos à dos Emmanuel Macron et Le Pen » et l’appeler à « être au rendez-vous » pour les régionales. Pendant ce temps-là, Nathalie Loiseau attaquait à son tour : « Il n’aura fallu que dix-neuf ans à une partie de la gauche pour perdre la boussole, renier ses valeurs et espérer le pire, dans l’attente illusoire de jours meilleurs pour elle ». Invité ce mercredi sur Europe 1, Christophe Castaner allait même jusqu’à assurer qu’il choisirait Mélenchon en cas d’un duel entre la France Insoumise et le Rassemblement National au second tour des prochaines présidentiel. « Combattre les ennemis de la République n’est jamais d’arrière-garde, et même si vous perdez ce combat, il faut toujours le mener » a ainsi déclaré l’ancien premier flic de France.

Des appels du pied vers la gauche répétés en chœur par d’autres membres du gouvernement comme Gabriel Attal ou encore Clément Beaune, qui ont tous deux revendiqué leur appartenance ou leur proximités historiques avec la gauche dans différents médias. De son côté, Élisabeth Borne, ministre du travail et architecte de la réforme de l’assurance-chômage n’a pas hésité à expliquer sur BFM : « Je suis une femme de gauche. La justice sociale et l’égalité des chances sont les combats de ma vie. Et c’est en Emmanuel Macron que j’ai trouvé leur meilleur défenseur. »

Ces derniers jours, le gouvernement semble ainsi jouer des coudes pour se repositionner comme l’unique « barrage » envisageable au Rassemblement National auprès de son aile progressiste. En effet, alors que la perspective d’un duel Marine Le Pen – Macron continue de se dessiner pour 2022, avec un travail permanent du gouvernement et des médias pour installer le sentiment que cette alternative serait indépassable, la victoire de LREM dans un tel scénario est loin d’être acquise. Selon une enquête réalisée par Harris Interactive : « Marine Le Pen arriverait aujourd’hui en tête des intentions de vote au 1er tour, recueillant entre 26% et 27% des suffrages exprimés. Emmanuel Macron obtient 23% à 24% des intentions de vote exprimées, selon les hypothèses d’offre électorales testées. » Au second tour, Macron l’emporterait avec 52% des intentions de vote soit une très faible avance. De quoi donner des sueurs froides aux macronistes, surtout quand un journal comme Libération, dont la Une appelant à voter Macron en 2017 a fait date, semble quitter le navire…

La difficile reconquête de la gauche

Et de fait, la conquête de l’assentiment d’une partie de la gauche dans la perspective du second tour semble loin d’être acquise pour Macron. Comme l’explique Libération, le virage sécuritaire et islamophobe de LREM n’est pas passé pour une large partie de son aile « gauche ». « La loi sur le séparatisme et le récent face-à-face entre Marine Le Pen et Gérald Darmanin reviennent à longueur de lignes. Le ministre de l’Intérieur concentre les reproches. Il incarne la droitisation de Macron, mais aussi l’abandon de la « République exemplaire » vantée par l’ex-candidat, l’ex-maire de Tourcoing étant visé par des plaintes » explique l’article. Et de poursuivre : « Le nom d’une autre ministre revient souvent : Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, qui s’est fait connaître par beaucoup de Français en demandant une enquête du CNRS sur l’« islamo-gauchisme » à l’université. »

Et si le bal des ministres et députés LREM est lancé sur les plateaux télés avec pour but de se repositionner, difficile pour la macronie de jouer les « en même temps » lorsqu’elle passe les lois rêvées par la droite et l’extrême droite et considère Marine Le Pen comme trop « molle ». En ce sens le débat Darmanin – Le Pen qui a lancé de façon officieuse la campagne présidentielle semble avoir été à double-tranchant, contribuant à diminuer la ligne de démarcation entre les deux candidats.

Et ce virage à droite opéré pour disputer l’électorat de droite et de l’extrême-droite n’en finit pas de mettre à mal le gouvernement auprès des électeurs de gauche et de centre-gauche. Récemment, les déclarations de Vidal sur « l’islamo-gauchisme » à l’Université ont ainsi suscité un tollé jusqu’aux plus hautes instances universitaires.

Dans ce cadre, les gages sur lesquels tentent de s’appuyer le gouvernement semblent peu peser. Pire, ils se retournent contre Macron. Lundi, les délégués de la Convention citoyenne pour le Climat ont ainsi mis une claque au gouvernement en le notant 3,3/10 pour sa reprise de leurs propositions. Peu de chance que la dissolution de Génération Identitaire ou les déclarations sur la Guerre d’Algérie suffisent à convaincre.

Ni Le Pen, ni Macron ! La nécessité d’une candidature d’indépendance de classe

Une chose est sûre, l’alternative Le Pen – Macron est mortifère. Dans ce cadre, comme en 2017, pas question d’y céder. Ainsi que le rappelait à l’époque Emmanuel Barot : « Combattre frontalement le projet de Le Pen exige à la fois d’en dénoncer tous les attendus, mais de renforcer le combat contre le tournant bonapartiste actuel et l’autodestruction en marche de la démocratie bourgeoise dont Macron sera le continuateur zélé.

Cela passera par l’émergence d’un pôle anticapitaliste et révolutionnaire capable de défendre pied à pied un programme d’unification sur tous les plans, social-économique, contre le racisme, l’islamophobie, le sexisme et toutes les oppressions, et en défense des droits démocratiques, de toute notre classe, contre toute division entre natifs et immigrés, "outsiders" et "insiders", entre CDI et précaires et chômeurs, jeunes et moins jeunes etc. Mais l’émergence de ce pôle autour d’un tel programme suppose le renforcement conséquent d’un parti de classe bien au clair sur son projet et ses délimitations, qui se donne comme objectif de convaincre la frange du monde du travail et de la jeunesse qui s’est la plus politisée à gauche depuis 2016, et n’est déjà pas tentée par le vote utile énième version, de s’organiser en ce sens. » Après 4 années de macronisme, ce constat semble plus actuel que jamais.


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