Dans la nuit de mercredi à jeudi, dans le contexte d’occupation des théâtres hexagonaux, les employeurs du secteur du spectacle et les représentants syndicaux, en particulier la CGT spectacle, majoritaire, se sont accordés sur un projet de réforme du régime spécifique d’indemnisation chômage des intermittents à apporter lors des négociations Unedic sur l’assurance chômage. Ses contours sont plutôt positifs, certes, mais tout cela reste à l’état de projet.
Une avancée majeure en terme de couverture des intermittents précaires…
...qui reste conditionnée à l’accord du MEDEF et des partenaires sociaux
Autant dire que rien n’est acquis. D’autant que le Medef, en la personne de Pierre Gattaz, a fait savoir qu’il voulait en finir avec ce régime spécifique en instaurant un cadrage financier extrêmement serré. Ce à quoi bon nombre de centrales syndicales, CFDT, la CFTC et la CFE-CGC se sont ralliées. Autant dire que l’accord peut être tout simplement rejeté lors des négociations sur la nouvelle convention Unedic au niveau interprofessionnel. Face à cela, il y a deux risques : soit celui de voir l’accord, fruit de la mobilisation et du mouvement d’occupation des théâtres, être purement et simplement rejeté. Soit, de voir cette concession faite par les partenaires sociaux compensée par des attaques encore plus grandes sur le régime général au moment où les analystes révèlent que le régime d’intermittence n’a qu’un impact mineur sur le déficit de l’Unedic comparé aux CDD et à l’intérim.
Dans les deux cas, cela nous fait signe que la lutte peut payer.
Un accord, fruit de la lutte et des possibilités de convergence
Bien entendu, il faut analyser la victoire en demi-teinte que constitue ce projet de réforme du régime de l’intermittence comme le résultat de la lutte et du mouvement d’occupation des intermittents, et de son déroulement sur fond de mobilisation générale et plurisectorielle contre la loi travail. Sans représenter un secteur stratégique, en terme de capacité à bloquer les structures productives, les travailleurs de la culture en lutte ont prouvé, par leur degré d’organisation et leur détermination, leur capacité à bousculer l’ordre symbolique de la bourgeoisie et à faire entendre leurs voix. Pour peu que ces potentialités soient mises au service de la lutte contre la loi travail, et servent à organiser la convergence d’autres secteurs en lutte, le gouvernement a du souci à se faire. Voilà pourquoi celui-ci n’hésite pas à utiliser à la fois la carotte, mais surtout le bâton, avec au lendemain de la signature de l’accord, la mise en place de l’expulsion violente du théâtre de l’Odéon, cœur de la mobilisation.
Alors que rien n’est joué, et que se déroule actuellement le second round de la mobilisation contre la loi travail, les intermittents ont tout à gagner à maintenir la lutte pour l’application de leurs propres revendications mais également pour faire en sorte d’avancer vers le tous ensemble contre la loi travail, le seul véritable outil à même de faire reculer le gouvernement dans la mise en application de son projet anti-social.