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Rassemblement ce samedi

Interview. Colère à Monoprix : pendant que l’enseigne cumule les millions, les salariés craquent

Alors que les conditions de travail déplorables dans la grande distribution ont été dévoilées au grand jour chez Lidl avec l’émission d’Elise Lucet, ou encore par les grèves chez Carrefour, les salariés de Monoprix n’échappent pas à la règle. Sous-effectifs, contrats précaires, bas salaires, fermeture de magasins… le ras-le-bol est général. Les salariés d’un Monoprix d’Issy-les-Moulineaux (92) appellent à les rejoindre ce samedi pour un rassemblement de soutien. Nous avons interviewé Alain, délégué syndical CGT du magasin.

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Des conditions de travail qui ont poussé au suicide

« Chez Monoprix c’est un peu comme chez Carrefour, voire pire : les conditions de travail sont très dégradées, à un point que la direction se permet de demander à la médecine du travail de déclarer des salariés inaptes. Comme ça, pour eux tout est réglé. Quasiment toutes les semaines, il y a un salarié en arrêt : problème de dos, problème de bras… Monoprix ne fait pas l’effort d’améliorer les conditions de travail, c’est toujours ‘on va étudier, c’est en cours’. On ne travaille pas pour mourir au travail. Monoprix qu’est-ce qu’ils attendent ? Qu’il y ait un décès ? Malheureusement ça s’est produit. L’année dernière, en octobre 2017, on a un salarié qui s’est défénestré au Monoprix Le Raincy dans le 93, quelques heures après avoir pris son service, dans le magasin. Les services de police sont arrivés, et le magasin n’a pas été fermé parce que Monoprix a voulu fermer mais parce que la police scientifique a demandé à mener l’enquête, et dès que l’enquête a été bouclée, la direction a rouvert le magasin comme si de rien n’était ! Voilà un exemple d’où peuvent amener les mauvaises conditions de travail. Alors quand les élus on alerte la direction, il ne faut pas nous prendre à la légère, parce que ça devient urgent, au bout d’un moment les gens craquent ! »

Sous-effectifs, heures supplémentaires gratuites et précarité

« Quand un salarié part, il n’est plus remplacé. J’ai connu un Monoprix où chacun avait son rayon. Aujourd’hui on se retrouve à faire plusieurs rayons à la fois : fruits et légumes, surgelés… on doit tout gérer. Ca fait économiser des contrats. A côté de ça on fait des heures supplémentaires non payées. On est censés être aux 35 heures mais on les dépasse largement ! Les salariés restent plusieurs heures après leur fin de service, et soi-disant la direction n’est jamais au courant. Mais ça fait partie de leur responsabilité quand ils gèrent un magasin.

Il y a aussi beaucoup de contrats précaires, des temps partiels de 30 heures… pour une femme seule avec enfant à 900€ par mois ce n’est pas gérable. La plupart d’entre nous habitons loin parce qu’on na pas les moyens d’habiter à côté. On a donc les heures de transport à côté, et quand on travaille avec une coupure de 2 heures, ça ne nous laisse pas le temps de rentrer chez nous, donc au bout du compte ça fait des grosses journées qu’on est obligés de passer au magasin. Il y a aussi beaucoup de salariés en CDD, certains depuis plus d’un an ! Avec un CDD les salariés ne s’en sortent pas : impossible de prendre un crédit, d’avoir un loyer à son nom… on dénonce ça aussi. »

Pourtant, de l’argent, il y en a…

« Le pire, c’est que le groupe Monoprix se porte très bien. Aux 3 premiers trimestres 2017, ils ont fait environ 3% d’augmentation du chiffre d’affaires, ce qui leur a permis de reverser 477 millions d’euros de dividendes aux actionnaires, de racheter Sarenza pour 80 millions d’euros, de faire un partenariat avec Amazon… tout en fermant des magasins jugés pas assez rentables comme celui de Richelieu Drouot dans le 9e arrondissement, celui de Dreux… depuis 2015 ils ont fermé 9 magasins Monoprix dont la moitié en Ile-de-France, tout en sachant que le groupe fait des bénéfices.

Mais nous les salariés, les chiffres de la participation qu’on nous reverse annuellement n’ont fait que baisser : en 2015, on a touché une participation équivalente à 75% d’un salaire mensuel, en 2016 ça a baissé à 44%, et en 2017 plus que 22%... Quant aux augmentations de salaire, n’en parlons pas, c’est des miettes ! Avec les ordonnances Macron les négociations annuelles ne sont plus obligatoires et vont maintenant avoir lieu tous les 4 ans. Beaucoup de salariés ne s’en sortent pas et sont obligés de cumuler de plusieurs boulots, de faire chauffeurs Uber… car même avec un plein temps c’est 1200 euros ! Et les primes sont ridicules. »

Un appel à la grève et à un rassemblement de soutien

« C’est pour ça qu’on appelle tous les salariés à faire grève pour taper Monoprix au portefeuille. Parce que c’est nous qui produisons les richesses, pas le patronat ! Nous on se lève à 4 heures du matin, on a du mal à jouer les 2 bouts, on mange des pâtes à Noël… alors si les actionnaires ne veulent pas nous entendre, on fera en sorte qu’eux aussi ils voient ce que c’est de manger des pâtes à Noël ! Fini les Ferrari, fini les châteaux !

Donc j’invite tous les camarades à venir au rassemblement qu’on organise samedi 5 mai à 10 heures. On a décidé de débrayer ce jour-là parce que c’est le moment où Monoprix fait le plus d’argent, rien que mon magasin fait plus de 100.000 euros de chiffre d’affaires le samedi, et en plus le 5 mai c’est un jour de promotion pour les 86 ans de Monoprix, et les 12 ans du magasin d’Issy Gambetta. Il y aura encore plus de monde, donc on va faire en sorte d’être entendus pour demander à la direction de nous écouter. »

Rassemblement samedi 5 mai à 10 heures devant le Monoprix d’Issy Gambetta
22 boulevard Gambetta, 92130 Issy-les-Moulineaux, métro 12 - Corentin Celton.


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