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Répression patronale

Transdev licencie Laurent à Vaux-le-Pénil : "On me vire car je me bats contre la direction !"

Contrôleur au dépôt de bus Transdev de Vaux-le-Pénil (77), la direction a mis à pied et licencié Laurent pour faute grave après 22 ans de service dans l'entreprise. Avec ses collègues, il dénonce un cas de répression après sa participation aux récents mouvements de grève contre la casse des conditions de travail.

Alexis Taïeb

16 août 2022

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Laurent pendant le mouvement de grève contre la casse des conditions de travail des conducteurs de bus Transdev à l’automne 2022. Pour le soutenir financièrement, participez à la caisse de solidarité !

Révolution Permanente : Le 16 juin 2022, la direction du dépôt de bus Transdev de Vaux-le-Pénil t’a mis à pied. Depuis, tu as été licencié. Peux-tu nous expliquer comment la procédure s’est déroulée et pourquoi tu la contestes ?

Laurent : J’ai été mis à pied pendant 35 jours, et licencié pour faute grave le 21 juillet. C’était pendant un contrôle de dépistage de stupéfiant et d’alcoolémie, un jour où tous les représentants du personnel étaient en voyage organisé. D’habitude, la direction fait ces contrôles en début de service des chauffeurs de bus, mais là, elle l’a fait à la prise de service des contrôleurs, dans notre bureau. Ce n’est pas habituel, c’était particulièrement visé.

Donc j’ai fais le test. Ils me l’ont fait faire deux fois de suite. Puis le directeur m’a invité à rentrer chez moi et m’a mis à pied. M’apprêtant à partir, le directeur m’a couru après et m’a invité à le suivre. Et là, un autre cadre était présent pour me faire un nouveau test, tandis que le directeur se portant comme témoin. On est donc reparti pour un troisième test. Celui-là avait pour objectif d’être envoyé à l’expertise. Le cadre commence alors à déballer le matériel pour effectuer le test. Très clairement, il était en panique, à lire la notice... Ils me l’ont refait une première fois. Un premier test qu’ils ont jeté dans la poubelle, et m’en ont fait un deuxième. Ensuite, ils l’ont mis dans une éprouvette, et ont récupéré également celui qui était dans la poubelle pour l’envoyer à l’expertise. C’était n’importe quoi, aucune précaution hygiénique n’a été prise, pas de gants, rien…

Moi j’ai contacté mon médecin le jour même, et j’ai fait un test sanguin, qui est ressorti négatif. Je l’ai donc transmis au directeur, qui en a « pris note ». Quelques jours après, les résultats de l’expertise sont tombés. Il faut savoir que, normalement, c’est aux salariés de demander une expertise. Donc ils ont déclaré que c’était moi qui l’avais demandé, ce qui est évidemment faux. Une semaine après, j’ai reçu une convocation en vue d’un licenciement.

R.P : Dans une lettre ouverte que tu as écris ainsi qu’un tract de soutien de tes collègues, il est dit que la direction veut se débarrasser des militants combatifs, suite à la grève de l’automne dernier qui a duré 8 semaines. Peux-tu expliquer la véritable motivation de la direction, selon-toi ?

L. : Oui, la véritable raison de mon licenciement est dû à ça. Le directeur de pôle ne s’en est d’ailleurs pas caché. Lors d’une réunion avec les délégués, il a littéralement dit qu’il ne me virait pas en raison de mes tests, mais bien car je serais « l’un des combattants au sein du service contrôle », qui a refusé d’aller signer un accord qui avait pour but de nous envoyer dans une autre filiale et de détruire nos conditions de travail. C’était un an avant la grève de l’automne dernier. On s’était déjà battu à l’époque. D’ailleurs, on a gagné, c’est pour cela qu’aujourd’hui on ne bosse pas pour cette filiale. Ensuite, évidemment, il y a eu la grève de l’automne dernier, où j’ai fait grève pour soutenir les conducteurs.

R.P : Face à la répression patronale, comment toi et tes collègues comptez-vous répondre ? Souhaites-tu faire passer un message aux autres salariés et aux syndicats ?

L. : Je demande un mouvement depuis le début, mais c’est compliqué en cette période de vacances. Pour autant, je me bats. Tous les jours je vais tracter sur le réseau avec des collègues. Du 15 juin à octobre, je ne serai pas indemnisée par le chômage, j’ai eu un solde tout compte misérable de 398 euros. Donc j’ai fait une cagnotte de soutien CotizUp.

R.P : Cette affaire montre que le patronat profite de la division pour réprimer. À la RATP aussi, la direction est également en train de casser les conditions de travail, et plus généralement l’ensemble du monde du travail est victime de l’inflation et des bas salaires. Comment penses-tu qu’on puisse construire un front pour se battre tous ensemble ?

L. : On a besoin d’unité des travailleurs, d’aller tracter dans les dépôts. Il faut un mouvement national. Nous, on a quand même fait 8 semaines de grève. On a besoin de solidarité. Chez Transdev, on voit les dégâts de l’ouverture à la concurrence. Les autres non, alors que c’est terrible. Nos conditions de travail se sont énormément dégradées. La direction attaque morceau par morceau, mais il faut que tout le monde se rendre compte de ce qu’ils veulent nous faire. Aujourd’hui, on a des amplitudes démentielles. Les anciens de la boîte craquent, et la direction n’arrive plus à recruter.


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