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Que font les organisations ouvrières ?

Intimidation. Un syndicat de police appelle à une manifestation devant le siège de LFI

Alors que Jean-Luc Mélenchon et plusieurs cadres comparaissaient jeudi dernier devant la justice à la suite des perquisitions du 16 octobre dernier, l’annonce d’un rassemblement convoqué par le syndicat Alliance Police Nationale devant le siège de la FI constitue une attaque anti-démocratique grave à l’encontre des opposants au gouvernement.

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Crédits : LIONEL BONAVENTURE / AFP

Une offensive dans la répression des opposants politiques

En cause, les déclarations de Jean-Luc Mélenchon sur les forces de l’ordre, mardi 24 septembre, lors de la manifestation contre la réforme des retraites. Interrogé par un manifestant au sujet des violences policières, celui-ci a répondu « C’est des barbares, soyez prudents, parce qu’ils ne s’arrêtent plus maintenant ! […] Samedi, si j’y avais été [à la manifestation pour le climat], ils me tuaient, tu vois, ils attendent le prétexte. » Il a également dit exprimer la crainte de voir un manifestant se faire crever l’œil. Une référence aux « 24 éborgnés, 5 mutilés et 2 morts » ainsi qu’au déchaînement de violences policières et juridiques à l’encontre des participants aux manifestations des Gilets Jaunes et aux mouvements sociaux de ces derniers mois.

Des déclarations auxquelles le ministre de l’intérieur a rapidement réagi, exigeant au député des excuses :

Une nouvelle tentative d’intimidation de la part du gouvernement à l’encontre de la France Insoumise. Castaner envoie ainsi un message fort à tous ceux qui souhaiteraient prendre part à la contestation sociale, mais aussi, à dissuader d’une quelconque remise en cause des forces de l’ordre, au moment où le gouvernement s’appuie particulièrement sur l’appareil répressif pour faire passer sa politique.

Un appareil répressif qui quant à lui se sent pousser des ailes suite au soutien dont il bénéficie. Le syndicat d’extrême-droite Alliance Police Nationale a en effet réagi en convoquant un rassemble-ment devant le siège de la France Insoumise à Paris ce jeudi matin, et demandé à Castaner de porter plainte contre le dirigeant de la FI. Interviewé sur LCI, Linda Kebbab, représentante du syndicat majoritaire Unité SGP Police-FO, a de son côté également accusé Jean-Luc Mélenchon d’attiser la haine à l’encontre des forces de l’ordre, préparant ainsi la justification politique et médiatique de l’offensive à l’égard de l’organisation.

Un coup de pression scandaleux de la part des forces de répression envers un groupe d’opposition, qui traduit une intervention de nature nouvelle des forces de répression dans les affaires politiques. Pourtant, face à cette menace inacceptable, les organisations du mouvement ouvrier sont restées muettes tandis que la France Insoumise s’est contentée d’appeler la gendarmerie à la rescousse.

L’appel à la gendarmerie : les dangereuses illusions réformistes de LFI

Pourtant, du côté de LFI, face à cette provocation menée par les syndicats de police, Jean-Luc Mélenchon adopte une stratégie pour le moins ambigüe : en appeler à la gendarmerie pour protéger LFI lors du rassemblement devant son siège ce jeudi matin.

Alors que Jean-Luc Mélenchon dénonçait à raison la « barbarie » de la police, évoquant les blessés du mouvement des Gilets jaunes, il cherche refuge du côté de la gendarmerie qui a participé activement à la répression des Gilets jaunes. En outre, LFI semble refuser d’en appeler à ses propres forces pour faire face à cette offensive, et laisse finalement l’arbitrage du conflit à une autre composante des forces de répression.

Une logique qui découle de positions politiques adoptées par Jean-Luc Mélenchon parfois en totale défense de la police. Car si celui-ci dénonce aujourd’hui à juste titre les violences policières, à la suite de sa persécution judiciaire, et avec la volonté de dialoguer avec l’expérience de la confrontation avec la police de la part d’un large secteur de la population lors des manifestations des GJ, cela ne l’a pas empêché de dénoncer à de nombreuses reprises la violence des manifestants, notamment autonomes, justifiant l’usage de la force par la police.

En ne condamnant pas l’institution judiciaire, il entretient l’illusion que celle-ci pourrait fonctionner de manière « plus républicaine », à l’image des déclarations d’Alexis Corbière, qui culpabilise « les donneurs d’ordre ». Une manière de distinguer, les mauvais flics, des bons flics, qui appliqueraient à contre-cœur les directives, faisant ainsi le sale boulot du gouvernement. Pourtant, en matière d’institution policière, il n’est nullement question d’individus : le rôle de l’appareil répressif de l’Etat est celui de la défense des intérêts d’une minorité, contre la grande majorité des travailleurs et de la jeunesse.

Offensive des forces de répression : les organisations ouvrières doivent être présentes

Pour autant, si l’on peut critiquer l’attitude réformiste de LFI, il convient de souligner en parallèle l’attitude honteuse du mouvement ouvrier et en particulier des directions syndicales. Face à la menace exceptionnelle d’une partie des forces de répression contre une force politique de gauche, ce silence assourdissant est dramatique. Outre le manque de solidarité, cette passivité constitue une véritable démonstration de faiblesse qui ne peut que participer à renforcer la confiance des forces de répression et l’extrême-droite.

Plutôt que de compter sur l’appui des forces de l’ordre, et même si elle semble refuser de faire appel à ses propres troupes la France Insoumise devrait pouvoir compter sur les forces de tous ceux qui trouvent inadmissibles cette démonstration potentielle de l’extrême-droite, au premier rang desquels devraient se trouver les organisations ouvrières, dont le devoir est de se solidariser de la FI face à cette offensive antidémocratique de la part du gouvernement et de l’appareil répressif de l’Etat.


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