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Les charognards sont de sortie

"Intolérable", "il faut interdire Nuit Debout" : La valse des déclarations réactionnaires est-elle révélatrice d’un vent de panique ?

Il n'aura pas fallu longtemps pour que l'ensemble du spectre réactionnaire de la V° République s'exclame d'une seule voix. Entre soutien aux forces de l'ordre, condamnation unanime des « violences » des manifestants et piques envoyées aux organisations ouvrières et de jeunesse, la manifestation du 28 avril aura - plus que toutes celles auparavant - vu l'entrée en piste massive des personnalités politiques pour discréditer le mouvement. Une situation qui souligne un vent de panique au sein des sphères dominantes ? Julian Vadis

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La droite libérale se déchaîne


La sortie remarquée de Nicolas Sarkozy mardi dernier n’était finalement qu’un prélude. Insultant les manifestants de la Nuit Debout, qui n’ont "pas de cerveau" tout en fustigeant les lycéens "manipulés" et souhaitant incarner une alternative d’Etat fort face aux "casseurs qui occupent tout les soirs la place de la République", l’ancien président avait mis la barre haute. Les centrales syndicales "qui se comportent comme des partis politiques" étaient aussi dans l’œil du cyclone. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ses acolytes des Républicains lui ont donné le change au lendemain de la manifestation contre la loi travail.

Dans son style caractéristique et sur sa plateforme favorite - Twitter -, Nadine Morano a exigé que la CGT produise une affiche d’excuse, en référence directe à l’affiche contre les violences policières de la section InfoCom la semaine précédente. Eric Ciotti, député du parti de droite, ne s’est pas embarrassé de fioritures ironiques : « Je demande très clairement l’interdiction des manifestations, l’interdiction de Nuit debout sur la place de la République, avec une évacuation de la place de la République à Paris. Et je demande également des sanctions les plus fermes possibles contre les casseurs, contre ceux qui hier ont blessé plusieurs dizaines de policiers ». Rien que ça. Des requêtes partagées par l’ensemble des pontes des Républicains, Fillon en tête, pour ce qui constitue une partie seulement du spectre de charognards réactionnaires se levant vent debout face à la mobilisation contre la loi travail.

Dans un concert de beuglerie, le gouvernement n’est pas en reste !

Le gendarme Valls – si l’on peut considérer qu’il l’avait perdue - a retrouvé sa verve. Face au feu nourri de critiques venant de toute part, on l’avait vu se faire discret sur le sujet. Il a cette fois-ci condamné fermement les "violences" de "casseurs" et rendu hommage à des forces de l’ordre forcément "exemplaires". Il n’est pas le seul, au sein du gouvernement et de l’état major du Parti Socialiste, a tenir ce discours de concert avec la droite libérale, voire de l’extrême droite. L’épouvantail dépassé de l’état d’urgence a même à nouveau été agité comme argument amenant à la nécessaire évacuation des places, voire de l’interdiction de manifestation. Si on attend encore la position des grandes centrales syndicales, il semble clair que plusieurs éléments expliquent cette levée de bouclier qui, sans être étonnante en soi, s’opèrent subitement, bien que quelques voix faiblardes étaient déjà entendues de manière éparse dans les médias dominants.

Présidentielles et vent de panique, le détonateur de ces positions réactionnaires ?

Ironie du sort ou macabre coïncidence, le concert de déclarations sur les blessures superficielles d’une poignée de CRS ayant matraqué et gazé des milliers de manifestants durant plus d’un mois s’enchaîne au moment même ou une autre nouvelle tombe comme un couperet. Un étudiant de Rennes, gravement blessé hier après midi, a définitivement perdu son œil. Mais, bien entendu, cette information n’a pas fait dévier d’un iota le cours des déclarations des représentants de l’Etat, visant avant tout à maintenir un étau serré autour de la mobilisation avant que les conséquences pour l’ordre établi commence à devenir critique. Deux éléments principaux de la situation politique générale abondent en ce sens.

D’une part, nous sommes à un an de la grande mascarade démocratique : les Présidentielles. Evidemment, que cela soit chez les Républicains ou chez les Socialistes, chacun des acteurs politiques en campagne tente de se poser comme meilleur défenseur de l’appareil étatique, forcément fort au vue du climat social. Mais il n’est là qu’une partie de la réponse. En effet, si la massification du mouvement n’est pas encore effective - et il est bien sur vital pour l’appareil étatique qu’elle reste, à minima, à ce stade dans les jours et semaines à venir - la mobilisation perturbe le court normal de l’agenda politique institutionnel, déjà en retard et censé s’accélérer jusqu’à la grande messe républicaine de 2017. La mise en mouvement réactionnaire, massive et brutale des principaux pontes et acteurs de la présidentielle traduisent un début de panique si la dynamique de fronde contre le système en place, exprimé notamment au travers de Nuit Debout, s’enracine dans le temps et dure non pas quelques semaines, mais plusieurs mois.

De plus, l’accélération répressive et la justification de chaque coups de matraque comme une réponse de défense pour maintenir la « démocratie » met plus que jamais en avant la faiblesse du gouvernement en place, qui supporte de moins en moins la pression du mouvement. S’il est clair qu’une dynamique de grève générale ferait rapidement plier un exécutif aux abois, la perspective d’un mouvement qui se poursuit au delà de la loi El Khomri est une option prise très au sérieux par les classes dominantes. C’est dans ce contexte social et politique aussi explosif qu’instable que s’inscrivent ces déclarations qui sont de véritables déclarations de guerre contre notre camp social. Et ceux-ci ont raison d’avoir peur car l’intérêt des travailleurs et des classes populaires est bien celui de la poursuite du mouvement afin de faire plier ce gouvernement et le patronat, ce qui pourrait marquer le réchauffement de l’ambiance sur le terrain de la lutte des classes pour les mois et les années à venir.


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